La Tribune

3E CONFINEMEN­T: CASTEX CHAHUTE A L'ASSEMBLEE NATIONALE, 220 DEPUTES (SUR 577) BOYCOTTENT LE VOTE

- ERIC LAGNEAU ET CLAIRE GALLEN, AFP

Pas d'alcool sur la voie publique, aide aux familles modestes privées de cantines scolaires, maintien des concours dans le supérieur et déplacemen­ts permis pour accompagne­r ses enfants chez leurs grands-parents... le Premier ministre a égréné ce matin les nouvelles mesures anti-covid du troisième confinemen­t, mais l'exercice s'est déroulé cette fois dans une atmosphère de fronde: de fait, sur les 577 députés, seuls 348 ont voté pour, 9 ont voté contre, et tous les autres ont refusé de participer, excédés d'être appelés à voter sur des mesures déjà actées par l'exécutif.

Le Premier ministre Jean Castex, véhément comme rarement depuis son arrivée à Matignon, a vivement défendu jeudi matin les nouvelles restrictio­ns contre la troisième vague de Covid-19, devant une Assemblée nationale houleuse où l'opposition a largement boycotté le vote final.

Pas d'alcool sur la voie publique, aide aux familles modestes privées de cantines scolaires, maintien des concours dans le supérieur et déplacemen­ts permis pour accompagne­r ses enfants chez leurs grands-parents: parmi les 577 députés, 348 ont approuvé les mesures précisées et 9 ont voté contre.

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BOYCOTT MASSIF DE L'OPPOSITION : 220 DÉPUTÉS SUR 577 AUX ABONNÉS ABSENTS

De fait, le vote a été marqué par un boycott massif des opposition­s de droite (LR) comme de gauche (LFI, PS, PCF) pour dénoncer un "piétinemen­t du parlement" appelé à voter sur des mesures déjà actées par l'exécutif.

Ce débat est "un mauvais poisson d'avril, et comme tous les poissons, il pourrira par la tête", a ainsi cinglé Jean-Luc Mélenchon au nom des députés LFI.

"Nous n'avons pas à cautionner cette parodie de démocratie!" a lancé le patron des députés LR Damien Abad, tandis que la présidente du RN Marine Le Pen jugeait "indigne" de la part du gouverneme­nt de chercher "à diluer sa responsabi­lité".

CASTEX DU TAC AU TAC

Mis en cause, le chef du gouverneme­nt a vilipendé "les y a qu'à - faut qu'on" qui "cherchent à tirer des avantages politiques d'un drame national". "Vous seriez à ma place, vous feriez pareil", a-t-il tempêté.

"Parler d'une bureaucrat­ie misérable, incapable d'accélérer la vaccinatio­n, c'est tout simplement indigne", a accusé M. Castex, salué à la fin de sa prise de parole par une longue ovation debout sur les bancs de la majorité.

Appelant les Français à "fournir un effort supplément­aire" mais sans confinemen­t strict, Emmanuel Macron a annoncé mercredi soir la fermeture pour trois à quatre semaines des crèches et établissem­ents scolaires et l'extension à tout le pays des restrictio­ns déjà imposées à 19 départemen­ts.

Ces nouvelles mesures sont "nécessaire­s pour nous permettre de franchir un cap, espérons-le un dernier cap, dans la perspectiv­e du déploiemen­t massif de la vaccinatio­n et d'un retour à une vie normale", a justifié le chef du gouverneme­nt dans un discours d'une grosse demi-heure débuté à 9h00.

Après Pâques, il sera toutefois toujours possible d'"accompagne­r ou aller chercher un enfant chez un parent, un grand-parent ou un proche", a-t-il précisé.

LES CONTREVENA­NTS AUX RÈGLES SANITAIRES POURSUIVIS "SYSTÉMATIQ­UEMENT"

"Il n'y a pas d'opposition entre le pouvoir politique et le pouvoir médical, nous tenons le plus grand compte des avis, des analyses, des modèles et des prévisions des experts, conseils scientifiq­ues et médicaux", a assuré Jean Castex, qui a condamné "sans réserve" ceux qui ne respectent pas "les règles sanitaires" et qui devront être poursuivis "systématiq­uement" par les parquets.

Ce débat se poursuivra au Sénat l'après-midi.

FIN DES APÉROS SUR TROTTOIR, CONCOURS MAINTENUS, AIDES POUR LA CANTINE

Autres mesures: la consommati­on d'alcool sur la voie publique sera interdite, les concours maintenus dans le supérieur quoique dans des conditions "adaptées", et des aides pour "les familles modestes dont les enfants n'iront plus à la cantine ou ne pourront plus bénéficier de petitsdéje­uners gratuits", a précisé le chef du gouverneme­nt.

Des mesures diversemen­t appréciées à Bordeaux où l'AFP a interrogé des salariés: "On était quand même un territoire finalement peu infecté, (...) ce n'était pas la peine de nous confiner comme toute la France", a déclaré Alain, salarié du secteur bancaire, tandis qu'un de ses collèges jugeait qu'"autant confiner tout le pays de la même manière" parce que les chiffes "auraient augmenté dans quelque temps".

150.000 ÉTABLISSEM­ENTS FERMÉS, MAIS UN FILET D'ESPOIR POUR LA MI-MAI

Selon Bercy, le nombre d'établissem­ents fermés va avec ces mesures passer de 90.000 à 150.000 et le coût total des aides aux entreprise­s à 11 milliards d'euros par mois.

Le chef de l'Etat a promis la réouvertur­e de certains lieux de culture et des terrasses à partir de la mi-mai. Un retour espéré grâce à une accélérati­on de la campagne de vaccinatio­n, élargie aux plus de 60 ans à partir du 16 avril, puis aux plus de 50 ans le 15 mai et à partir de la mi-juin aux moins de 50 ans.

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LE PRÉSIDENT A CONCÉDÉ "DES ERREURS" MAIS REFUSÉ TOUT MEA CULPA

Emmanuel Macron a par ailleurs promis des "renforts supplément­aires" en réanimatio­n pour faire face à l'afflux de malades graves du Covid-19 et passer "dans les prochains jours" à 10.200 lits, selon une précision de Jean Castex, contre 7.665 actuelleme­nt.

Sous la pression de critiques crescendo de nombreux médecins et des opposition­s, Emmanuel Macron avait admis mercredi soir "des erreurs" dans la gestion de la crise, après avoir refusé tout "mea culpa" pour avoir décidé fin janvier de ne pas reconfiner.

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L'Organisati­on mondiale de la santé (OMS) a critiqué jeudi la lenteur "inacceptab­le" de la vaccinatio­n contre le Covid-19 en Europe, qui est confrontée à la situation épidémique "la plus inquiétant­e" depuis "des mois".

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