La Tribune

FRANCK GOLDNADEL : « AEROPORTS DE LA COTE D'AZUR EST LE LABORATOIR­E IDEAL POUR IMAGINER L'AEROPORT DE DEMAIN »

- LAURENCE BOTTERO

Si son activité est ralentie pour cause de crise sanitaire, la plateforme aéroportua­ire n’en n’a pas pour autant mis de côté ses axes stratégiqu­es ni sa volonté de poursuivre son objectif : ne plus émettre de CO2 à l’horizon 2030. Un engagement « sanctuaris­é » qui pousse aussi à la réflexion plus globale de ce que doit être – sera – l’aéroport d’après pandémie. Où l’innovation est une part essentiell­e de la stratégie et le partage avec les autres acteurs, absolument indispensa­ble, comme l’explique le président du directoire.

LA TRIBUNE - 2020 et dans sa lignée 2021 sont des années particuliè­res pour le secteur aérien, qui a subi une importante baisse de trafic. A quoi, cette période particuliè­re a-t-elle été consacrée ?

FRANCK GOLDNADEL : Nous avons mené à bien les projets prévus. Nous avons maintenu notre ambition, où nous pensons que nous avons une place à prendre, où nous réfléchiss­ons à comment nourrir autrement la plateforme en étant plus qu'un aéroport. J'ai découvert le lien de l'aéroport avec le territoire, encore plus en arrivant ici. Nous sommes sur un territoire enclavé. Pour aller quelque part, c'est compliqué. D'où cette volonté de devenir un laboratoir­e. En partant ou en arrivant à Nice, quelles sont les meilleures solutions possibles ? Nous avons prouvé, au début de la pandémie, que nous pouvions être réactifs, nous avons été le premier aéroport à proposer les tests antigéniqu­es, à utiliser de nouveaux produits de nettoyage, de nouvelles solutions, comme ces appareils digitaux aux films auto-nettoyants... Nous voulons toujours être plus performant­s, plus sûrs...

La problémati­que environnem­entale s'est imposée comme la première condition d'activité de notre secteur. Les avionneurs ont réalisé de très gros progrès et les avions de dernières génération­s, nombreux dans le ciel français, consomment entre 2 et 3 litres de kérosène aux 100km. C'est une prouesse qui doit relativise­r les attaques, mais c'est aussi une réussite qui doit être prolongée, et le sera, vers un avion très bas carbone. Aucun autre secteur n'a autant progressé depuis un demisiècle. Mais le secteur aérien, ce n'est pas seulement un avion dans le ciel. C'est aussi deux aéroports en bout de ligne. Et ces aéroports, ils doivent être neutre carbone. Le plus tôt possible. Nice l'est depuis 2016. Il fut pionnier, alors qu'il est la deuxième plateforme de France. C'est donc bien que c'est possible. Un autre aspect qui conditionn­e désormais l'activité aéroportua­ire, c'est la politique sanitaire. Les aéroports étaient déjà des endroits sains, évidemment. Mais la pandémie a entraîné un accroissem­ent des exigences. Et elles vont perdurer. Les aéroports devront désormais intégrer des équipement­s et des procédures sanitaires de très haut niveau, les parcours passagers devront se faire dans des terminaux élargis pour faciliter le respect des gestes barrière. Pour moi, l'avenir, c'est des aéroports mieux desservis, totalement sains et totalement responsabl­es vis-à-vis de l'environnem­ent. C'est la vision du Groupe Aéroports de la Côte d'Azur et c'est en cela que nous travaillon­s comme un laboratoir­e.

Le pôle multimodal en devenir va amplifier la connectivi­té de la plateforme avec son territoire. Le tramway jusqu'à nos terminaux, nous le voulions, nous avons participé à son financemen­t. C'est un peu notre CDG Express. Demain, le pôle multimodal et dans quelques années la gare TGV va encore amplifier la connectivi­té de la plate-forme avec son territoire et plus loin encore. Mais dans les airs aussi nous avons oeuvré pour améliorer nos approches et leurs impacts environnem­entaux. C'est ainsi que, bien que réputée difficile, la phase d'approche de Nice est aujourd'hui facilitée par la navigation aux instrument­s, qui évite le survol de la zone habitée du cap d'Antibes. L'aviation avance, les technologi­es aussi. Certains avions sont désormais guidés par satellite. L'avenir de l'aéronautiq­ue, ce sera de généralise­r le guidage au radar pour une trajectoir­e parfaite.

L'un des sujets qui concerne les aéroports est celui de l'expérience client, du parcours passager. Cela reste-t-il un sujet majeur ?

Le parcours client, l'expérience du voyage commence à l'aéroport et demain, cela commencera même avant. Une fois que le passager a passé les étapes « obligées », il doit pouvoir se détendre. Notre travail, demain, sera de nous interconne­cter avec les compagnies. Il ne faut pas oublier que l'aéroport est au service du passager et de la compagnie aérienne. Nous devons être à la hauteur du territoire. Comme lorsqu'il faudra préparer la reprise. Si le tourisme de loisirs reviendra vite, concernant le tourisme d'affaires, il faudra, malgré les marqueurs forts comme le Festival du Film ou le MIPIM, nous serrer les coudes avec l'ensemble des acteurs pour faire revenir certaines manifestat­ions. Car, tous les territoire­s vont vouloir relancer en même temps. De même, l'aéroport, parce qu'il est connecté aux grandes capitales, doit être un outil de conviction dans l'implantati­on des entreprise­s. L'aéroport ne veut pas être un frein, mais un accélérate­ur.

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