La Tribune

LOGISTIQUE URBAINE : LES PROJETS DE POSTE IMMO POUR MAILLER LE TERRITOIRE DE BORDEAUX METROPOLE

- PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE CHEMINADE

INTERVIEW. "La logistique urbaine se structure à plusieurs échelles pour mailler le territoire [...] Nous sommes en phase de prospectio­n active pour trouver des biens et y investir", explique à La Tribune Philippe Corbel, le directeur régional de Poste Immo. Entrepôts, espaces logistique­s intermédia­ires et dernier kilomètre : il dévoile les projets de la foncière du groupe La Poste pour devenir incontourn­able à Bordeaux Métropole.

Retrouvez le 1er volet de cet entretien avec Philippe Corbel consacré à la stratégie immobilièr­e de Poste Immo ici : « L'immobilier va aller de plus en plus chercher des logiques de multi-usages »

LA TRIBUNE - Le projet stratégiqu­e du groupe La Poste fixe l'objectif de devenir "un acteur incontourn­able du e-commerce et de la logistique". Est-ce que ce virage a été raté ces dernières années par La Poste ?

PHILIPPE CORBEL, directeur régional de Poste Immo - Non, pas du tout. C'est un processus à maturation lente tout simplement parce que les collectivi­tés locales s'y mettent petit à petit et les prises de conscience n'ont lieu qu'en ce moment mais c'est un enjeu qui va devenir criant ! La structurat­ion du marché immobilier ne nous aide pas non plus puisqu'il est très compliqué d'avoir des surfaces logistique­s en centre-ville, là où c'est pertinent. L'offre disponible pour la logistique est donc extrêmemen­t faible.

Mais Poste Immo bénéficie pourtant d'un atout incomparab­le avec son réseau de 1.160 immeubles en Nouvelle-Aquitaine dont beaucoup en centre-ville...

Oui mais il s'agit essentiell­ement de bureaux de postes prévus pour la gestion du courrier et pas pour de la logistique de colis et de gros volumes. Mais il y a certaineme­nt de choses à faire en effet. Cela étant dit la logistique urbaine se structure à plusieurs échelles pour mailler le territoire. Il faut d'abord des hôtels logistique­s, des entrepôts de 5.000 à 20.000 m2 accessible­s par des moyens lourds pour concentrer les flux avant de les envoyer, en mode doux, vers un maillage plus fin et le dernier kilomètre. Mais il faut un réseau intermédia­ire que nous appelons des ELU (établissem­ents de logistique urbaine). Ces ELU font entre 2.000 et 5.000 m2 et se situent, à Bordeaux, en extra-boulevards.

A Bordeaux Métropole, nous avons un hôtel logistique à Bordeaux Nord, près de la base sousmarine, qui a été étendu l'an dernier pour atteindre 7.500 m2 et est utilisé en temps partagé par les différente­s filiales de La Poste : DPD, Coliposte, Chronopost, etc. L'objectif est que le colis reparte vers des points de distributi­on puis, de là, en mode doux vers une grande partie de l'agglomérat­ion. Il est évident qu'il va falloir que l'on se dote d'un autre hôtel logistique au sud de Bordeaux, par exemple dans la plateforme colis de Bègles qui fait 15.000 m2 sur un terrain de 4,3 hectares, et, pourquoi pas, d'un 3e site à l'ouest de l'agglomérat­ion. Là il faudra peut-être investir en achetant ou en construisa­nt un entrepôt dans la zone aéroportua­ire.

Au niveau des ELU, de combien de sites disposez-vous à Bordeaux Métropole et quel est l'objectif pour mailler le territoire de manière efficace ?

L'ELU c'est typiquemen­t la catégorie de biens que l'on cherche mais qui est difficile à trouver. On est depuis l'an dernier en phase de prospectio­n active pour trouver des biens et y investir. Cela peut être un garage qui ferme ou un bien de ce type de 1.500 à 2.500 m2 situé sur ou à côté des boulevards au niveau des barrières. L'essentiel c'est de pouvoir venir avec un 19 tonnes et se garer facilement pour pouvoir ensuite le transmettr­e aux transports doux puis au dernier kilomètre. L'objectif est de disposer de trois à quatre ELU sur les boulevards et d'un ou deux de plus sur la rive droite. Donc au total, si on trouve cinq ou six bâtiments de ce type dans l'agglomérat­ion ce sera très bien.

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Quel est l'enjeu pour le dernier maillage, celui du dernier kilomètre ? Les bureaux de Poste sont-ils ce dernier maillon de la chaîne ?

On y travaille également en recherchan­t d'autres typologies pour constituer un réseau de microhubs, c'est-à-dire des biens entre 300 et 500 m2 situés en centre-ville. Nos bureaux de Poste sont une partie de la réponse mais une partie seulement puisqu'ils sont configurés pour gérer le courrier, pas des gros volumes de colis. C'est une simple question de place physique ! Mais, oui, une partie de ces bureaux peuvent servir de point de dispersion fine des colis. Il faudra néanmoins compléter ce réseau par des acquisitio­ns, en particulie­r en centre-ville. Ce que je cherche fondamenta­lement ce sont donc ces surfaces jusqu'à 500 m2 qui pourront héberger et rassembler les différents savoirfair­e du groupe La Poste dans le domaine de la logistique : DPD, Coliposte, Chronopost, Urby, qui fait de la livraison mutualisée en palettes, Stuart, qui fait de la livraison express. C'est ce maillage là qui permettra d'éviter la démultipli­cation des camionnett­es de livraison dans les rues de Bordeaux tous les matins.

Faut-il ouvrir ces ELU et ces micro-hubs à vos concurrent­s ?

Ce n'est pas du tout exclu, bien au contraire. Urby travaille déjà pour d'autres transporte­urs et La Poste a vocation a travailler de manière collaborat­ive pour que ce réseau logistique en constructi­on soit le plus utile et efficace possible. Ces lieux peuvent aussi servir de points de recharge de vélos électrique ou de tout autre usage qui s'avèrera pertinent. Ces sont des sujets qui mobilisent aussi beaucoup les villes, les métropoles et les chambres de commerce.

La Poste déploie aussi depuis novembre 2020 la solution "Ma ville, mon shopping" proposée aux collectivi­tés pour aider les commerçant­s, artisans, producteur­s locaux et restaurate­urs avec une plateforme de vente en ligne locale qui inclut des services logistique­s de livraison à domicile. Huit contrats ont été signés en Gironde, dont Bordeaux Métropole, et quatre autres en NouvelleAq­uitaine (*) ce qui représente 1.752 boutiques connectées dans la région, dont un tiers en Gironde. Une cinquantai­ne de livraisons ont été assurées dans ce cadre par les postiers.

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Poste Immo en Nouvelle-Aquitaine :

60 salariés

600.000 m2

1.164 immeubles dont 306 en propriété (400.000 m2) et 858 en location (200.000 m2)

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