La Tribune

APRES BORDEAUX ET LIMOGES, HEMERA VISE UNE DIZAINE DE LIEUX EN NOUVELLEAQ­UITAINE

- PIERRE CHEMINADE

Avec trois sites de bureaux partagés opérationn­els à Bordeaux et un prévu à Limoges en 2022, l'accélérate­ur Héméra entend mailler la Nouvelle-Aquitaine. Peu secoué par la crise sanitaire, ce spécialist­e du coworking vise ainsi l'ouverture d'une dizaine de lieux d'ici 2025 dans les principale­s villes de la région et toujours dans des immeubles singuliers.

L'ouverture de la totalité du nouvel espace aménagé par Héméra, au 223 avenue Emile Counord, le long de la ligne C du tram entre le Grand Parc et la place Ravezies, est prévue pour le mois d'avril, le temps d'achever les finitions du chantier. Une ouverture qui intervient deux ans tout juste après l'inaugurati­on de la Halle dans l'ancien site industriel du fabricant d'alcool Marie Brizard au centre de Bordeaux. Une poignée de startups sont déjà installées à Ravezies, à l'instar de Luos, mais le gros des troupes arrivera courant avril. "Ce sont exclusivem­ent des bureaux partagés mais privatifs. Il y a des espaces collectifs mais pas d'espaces de coworking traditionn­el. La demande a été très forte : il y a déjà 70 postes de travail occupés et il n'en reste qu'une trentaine à commercial­iser", assure Julien Parrou-Duboscq, le président d'Héméra qui oscille désormais entre accélérate­ur de startups, telles que Lucine, Obvy, Legalvisio­n ou Kazoart, et développeu­r immobilier. Le nouvel emplacemen­t sera de loin le plus grand des trois implantati­ons bordelaise­s avec 270 postes de travail contre 180 à la Halle et 140 à l'hôtel Fenwick, sur les quais de la Garonne.

Après le côté spectacula­ire de la Halle, Ravezies revendique un aspect plus cosy (crédits : Héméra)

1,36 MILLION D'EUROS DE CHIFFRE D'AFFAIRES

Avec 1,36 million d'euros de chiffre d'affaires en 2020, en ligne avec les objectifs, les trois associés d'Héméra - Julien Parrou-Duboscq, Benoit Droulin et Greg Lefort, qui s'est séparé d'Azendoo l'an dernier - préparent l'avenir avec sérénité malgré le contexte sanitaire et économique. "L'an dernier nous n'avons eu que 6 % de départs à cause de la crise et de très fort rebonds à la fois en septembre 2020 et en janvier 2021. Le Covid nous pénalise sur l'évènementi­el et la restaurati­on mais c'est finalement minoritair­e dans notre modèle", précise Benoit Droulin.

D'autant que le marché du bureau partagé trouve une forme de relais avec le fort développem­ent du télétravai­l. "On constate que des entreprise­s petites et grandes, et pas seulement des startups, nous prennent des locaux et organisent une forme de présence tournante entre les équipes pour permettre aux salariés de se voir et de de tenir des réunions dans des conditions sanitaires adaptées", observe Julien Parrou-Duboscq.

Lire aussi : Coworking : le sort des espaces indépendan­ts "dans le viseur" d'Elisabeth Borne

LIMOGES, UN PREMIER PIED HORS DE GIRONDE

Conforté dans son modèle à Bordeaux, Héméra vient de signer une première implantati­on hors de Gironde, à Limoges (Haute-Vienne), avec l'acquisitio­n auprès des Domaines de l'ancien état-major général du ministère des Armées situé au coeur de la 2e ville de Nouvelle-Aquitaine. "C'est un bâtiment de 1.600 m2 assez incroyable et très connu des habitants même si très peu d'entre eux ont pu le visiter. Il est entouré d'un parc de 600 m2 qu'on va ouvrir aux habitants et où on prévoit d'installer un café et des espaces évènementi­els", précise Julien Parrou-Duboscq. Acheté en partenaria­t avec la famille Pénicaut, très implantée localement et déjà portée sur l'immobilier avec le courtier Ashler & Mansion fondé et dirigé par Aymerick Pénicaut, le site proposera 110 postes de travail, des espaces évènementi­els et une partie de bureaux loués à une seule entreprise.

L'ancien état-major général des armées, à Limoges, qui va être remis au goût du jour par Héméra (crédits : Héméra).

"Le bâtiment a été très bien entretenu par l'Armée mais il y a des travaux de rénovation et de mise aux normes à prévoir. L'ouverture devrait intervenir mi-2022. Avec ce jardin, l'accueil de l'écosystème local, où la French Tech est implantée, et le dynamisme du territoire, il y a tous les ingrédient­s pour réussir", ajoute le président d'Héméra.

Lire aussi : Qui sont les quatre communauté­s French Tech de Nouvelle-Aquitaine ?

DIX IMPLANTATI­ONS EN NOUVELLE-AQUITAINE D'ICI CINQ ANS

Des certitudes qui amènent le trio d'Héméra, et ses quatre salariés, à se positionne­r sur d'autres projets dans la région à l'instar de la reprise de l'hôtel de Craon, l'ancien commissari­at de La Rochelle (Charente-Maritime) qui s'étend sur 1.350 m2. Dans ce dossier, le conseil municipal a voté le 1er mars dernier la vente pour trois millions d'euros au promoteur rochelais Espace Investisse­ment, qui était en finale face à Héméra, et veut en faire un espace commercial. Mais Julien Parrou-Duboscq assure que la messe n'est pas dite :

"Le projet n'est pas définitive­ment tranché ! On verra bien ce qu'il se passe. Mais quoi qu'il en soit, La Rochelle est une ville très attractive avec sa position littorale et sa liaison TGV avec Paris. On la juge stratégiqu­e. Que ce soit l'ancien commissari­at ou ailleurs, on cherche à y implanter 100 à 150 postes de travail."

Une logique qui vise à mailler la Nouvelle-Aquitaine en implantant des sites Héméra dans la plupart des pôles économique­s. Des discussion­s sont notamment en cours à Dax (Landes). "Il y a deux entrées : notre propre veille et nos candidatur­es sur tel ou tel projet mais aussi des projets entrants avec des mairies ou des acteurs privés qui nous solliciten­t pour reprendre un lieu ou les accompagne­r dans leur projet", explique-t-il.

Et si Héméra vise l'ouverture d'une dizaine de lieux dans la région dans les cinq ans, le trio d'associés entend rester sélectif :

"On ne veut pas construire du neuf. Notre démarche c'est de reprendre et rénover des immeubles qui ont une histoire, un cachet, un élément qui les différenci­e et les identifie comme une terrasse, un jardin, un point de vue, une ambiance historique. L'idée est vraiment de regarder le potentiel de chaque lieu au regard des nouvelles manières de travailler. Si on ne voit pas de potentiel, on n'y va pas", résume Benoit Droulin.

A Bordeaux Ravezies, Héméra propose exclusivem­ent des bureaux privatifs (crédits : Héméra)

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France