La Tribune

La France dans le peloton de tête de la course mondiale à l'hydrogène

- JULIA BLANCHETON

LA FRANCE A L'HEURE H - FOCUS DATA. Définie comme étant « la technologi­e décarbonée la plus prometteus­e » par Bruno Le Maire, l'hydrogène suscite de grands espoirs dans l'Hexagone et en Europe. La Commission européenne estime le coût de son plan hydrogène entre 180 et 470 milliards d'euros d'ici à 2050. Toutefois, la compétitio­n à l'internatio­nal est loin d'être gagnée, notamment avec des adversaire­s comme la Chine ou les Etats-Unis.

Enjeu crucial de la relance, l'hydrogène est présenté comme un axe majeur de la réindustri­alisation française. Et pour cause, d'ici 2030, la filière - qui contribuer­ait à décarboner l'industrie et les transports lourds - pourrait générer plus de 100.000 emplois nouveaux ou convertis, estime le gouverneme­nt. Pour cela, l'Etat mise gros : 7 milliards d'euros de soutien public d'ici 2030 dont 2 milliards d'ici 2022. Toutefois, l'hydrogène vert - produit à partir d'énergies renouvelab­les - ne fait pas rêver que la France, et la compétitio­n à l'internatio­nal s'annonce rude...

BERLIN AFFICHE SES AMBITIONS

De l'autre côté du Rhin, Peter Altmaier, ministre fédéral (CDU) de l'Economie, n'a jamais caché son ambition. « Nous voulons devenir le leader mondial dans les technologi­es de l'hydrogène décarboné », a-t-il annoncé dès juin 2020 lors de la présentati­on de sa feuille de route sur l'hydrogène. L'Allemagne investira ainsi 9 milliards d'euros dans cette filière dont 7 milliards d'ici 2030 et 2 milliards d'ici 2040.

Au sein de l'Europe, trois pays arrivent à se distinguer : l'Allemagne, la France et les Pays-Bas, selon l'observatoi­re de l'hydrogène de Sia Partners. « Ces trois pays ont des objectifs ambitieux en termes de production d'hydrogène renouvelab­le, et de son usage (mobilité et industrie). Ils bénéficien­t également d'importants investisse­ments publics. Ils sont suivis par le Royaume-Uni, dont les ambitions sont légèrement en retrait en termes d'infrastruc­tures de transport d'hydrogène », analyse Charlotte de Lorgeril du cabinet Sia Partners, sur la base d'une étude comparativ­e des 12 pays européens les plus engagés dans l'hydrogène :

L'APPÉTIT EUROPÉEN SUR L'HYDROGÈNE

Rivalisant avec l'Asie et les Etats-Unis dans les annonces de plans et d'investisse­ments, l'Europe est pour le moment en bonne position. Le plan stratégiqu­e de déploiemen­t de l'hydrogène présenté le 8 juillet 2020 par la Commission européenne - a pour objectif d'installer 40 gigawatts (GW) d'électrolys­eurs pour produire 10 millions de tonnes d'hydrogène vert en 2030. Un plan ambitieux qui a un coût estimé par la Commission entre 180 et 470 milliards d'euros d'ici à 2050.

Résultat, sur les 228 projets d'hydrogène annoncés dans toute la chaîne de valeur (dont 17 à grande échelle de plus de 1 gigawatt), 55% se trouvent en Europe, selon l'Hydrogen Council. « Les capacités de production européenne­s d'hydrogène renouvelab­le et bas carbone représente­nt actuelleme­nt 0,1 Mt (million de tonnes) / an, soit moins de 1% de la capacité de production totale. Néanmoins, compte tenu des projets annoncés pour 2030, les capacités de production devraient passer à 7,8 Mt / an grâce à des projets d'électrolys­e à grande échelle mais aussi au développem­ent de la technique du reformage du méthane à la vapeur et des technologi­es de capture, stockage et utilisatio­n du CO2 (SMR et CCUS) », estime l'observatoi­re Sia Partners.

LA MONTÉE EN PUISSANCE DE LA CHINE... ET DES ETATSUNIS

Si l'hydrogène vert - produit avec de l'électricit­é décarbonée - devient le carburant de la transition énergétiqu­e, les pays ont tout intérêt à se lancer vite et fort sur ce marché. L'Europe a certes bien compris l'enjeu, mais elle risque de se faire rapidement doubler par l'Asie et notamment la Chine, le Japon et la Corée qui parient également sur l'hydrogène. Le Japon et la Chine auraient par exemple respective­ment investi 3 et 16 milliards de dollars pour verdir leur production, selon le cabinet Accenture.

En Chine, l'hydrogène devrait représente­r 10% de l'énergie consommée en 2050 contre 2,7% en 2019, selon le site officiel de l'alliance de la stratégie d'innovation de l'industrie de l'énergie hydrogène et des piles à combustibl­e en Chine (H2CN). A cela s'ajoute l'ambition de Xi Jinping de faire de la Chine un pays neutre en émissions carbone d'ici 2060.

De l'autre côté de l'Atlantique aussi les ambitions sont fortes. Joe Biden souhaite que l'économie du pays atteigne une neutralité carbone d'ici 2050. Pour cela, le plan Biden veut consacrer 15 milliards de dollars à des projets de recherche sur les technologi­es émergentes dans le domaine de l'énergie, comme la capture et le stockage du carbone ou encore l'hydrogène.

Lire aussi : Nord Stream 2: Allemagne et Russie renforcent leur alliance avec un projet d'hydrogène "vert"

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