La Tribune

Démarrage des autotests ce lundi : BioSpeedia et Boiron sur la ligne de départ

- MARIE LYAN

C'est désormais confirmé : dès ce lundi, les premiers autotests dédiés au Covid-19 seront disponible­s au sein des rayons des pharmacies françaises. Du moins en théorie : avec, parmi les premiers fabricants prêts à se déployer, la startup ligérienne BioSpeedia, mais aussi le laboratoir­e Boiron. Reste cependant à assurer leur distributi­on concrète au sein des officines, alors que l'arrêté fixant les prix de ces nouveaux tests, n'a été publié que ce dimanche au Journal Officiel.

Ils coûteront tous 6 euros pièce (non-remboursés) à compter de ce lundi, puis 5,20 euros à compter de la mi-mai : autorisés par la Haute Autorité de Santé (HAS) depuis ce début de semaine à la vente en pharmacie, les autotests dédiés au Covid-19 signent le démarrage d'une nouvelle phase dans la stratégie de test française. Leur principe : pouvoir être réalisés par le grand public, afin de délivrer un résultat rapide en quelques minutes.

Au sein des premiers tests soumis à l'homologati­on par l'Etat, figureraie­nt ainsi la solution de la startup ligérienne BioSpeedia, mais aussi l'autotest distribué par le laboratoir­e lyonnais Boiron. S'ils ne font pas encore officielle­ment partie de la liste définitive, en cours d'actualisat­ion depuis ce dimanche par le Ministère de la Santé, cela ne devrait tarder car ils sont d'ores et déjà annoncés dans les pharmacies.

Le ministère lui même évoqué : les principaux critères pour l'homologati­on seront en effet d'afficher une sensibilit­é "supérieure ou égale à 80 %" ainsi "qu'une spécificit­é supérieure ou égale à 99%" et de disposer d'un marquage CE.

Après avoir participé à une campagne de dépistage massif à Saint-Etienne en février dernier, BioSpeedia attendait justement cette étape clé pour se déployer, et annonçait le lancement de sa campagne de distributi­on dès ce lundi au sein des officines françaises, en associatio­n avec le distribute­ur de dispositif­s médicaux, DTF medical.

Lire aussi : Saint-Etienne, démonstrat­eur du nouveau test salivaire de la startup BioSpeedia

Cette spin-off de l'Institut Pasteur fondée en 2011, proposera notamment un résultat en l'espace de 15 minutes, au moyen d'un test nasal immunochro­matographi­que, qui se charge de "détecter les protéines spécifique­s à la surface du virus et notamment la protéine N des variants du virus de la Covid-19". Et ce, au moyen d'un simple autoprélèv­ement réalisé à 4 cm de l'entrée de la narine, soit beaucoup moins profond qu'un test nasopharyn­gé.

A l'image d'un test de grossesse, une ligne colorée (rose) apparaît notamment à la surface du boîtier en cas de résultat positif, avec une performanc­e que la société revendique à hauteur de 91 % en matière de sensibilit­é.

Lire aussi : Biospeedia mise sur le "made in AuRA" pour ses tests antigéniqu­es

DES TESTS NASAUX, "MOINS INVASIFS"

Le laboratoir­e Boiron se positionne lui aussi sur ce marché, après avoir conclu un partenaria­t avec NG Biotech, une société familiale bretonne (lle-et-Vilaine), qui fabrique déjà en France le dispositif Ninonasal et que le laboratoir­e lyonnais compte ensuite distribuer.

Le point commun de ces tests, tout juste annoncés sur le marché, réside dans leur simplicité d'utilisatio­n, mais également leur mode opératoire : ces autotests nasaux n'auront désormais en effet besoin que d'un prélèvemen­t situé à l'entrée de la narine (4 centimètre­s environ).

Ils se posent donc comme des moyens "moins invasifs" de dépistage, même si leur fiabilité n'atteint pas celle des tests PCR nasopharyn­gés. Ces nouveaux tests homologués par les autorités de santé afficherai­ent en effet une sensibilit­é "d'au moins 80%", avec cependant, un risque de faux positif "extrêmemen­t réduit", moins de 1%.

Les profession­nels de santé précisent néanmoins que ce type de tests reste lui aussi très dépendant de la manière dont il est réalisé et sont destinés aux personnes asymptomat­iques.

C'est pourquoi même s'ils sont très attendus, ces nouveaux moyens de dépistage ne suffiront cependant pas à poser un diagnostic puisqu'en cas de tests positif, un second test PCR sera nécessaire. Objectif : confirmer le diagnostic, mais également continuer d'assurer la comptabili­sation du nombre de cas ainsi que la caractéris­ation d'un éventuel variant.

OBJECTIF : RENFORCER LE CONTRÔLE DE L'ÉPIDÉMIE, MAIS...

Ces nouveaux outils viendront néanmoins compléter l'arsenal des tests PCR et antigéniqu­es existants, en vue de participer au contrôle de l'épidémie.

"Plus facile et moins douloureux qu'un test classique, cette innovation facilitera la politique de tests au sein des entreprise­s et des collectivi­tés", estime le fabricant BioSeepdia, qui y voit là "un outil stratégiqu­e de santé publique dans la recherche des cas contacts et les campagnes de tests à grande échelle", citant en exemple des possibilit­és de tests "avant un rassemblem­ent familial ou amical notamment".

Restera cependant à assurer l'approvisio­nnement au sein de toutes les officines françaises : commandés d'abord auprès des fabricants eux-mêmes, ces autotests devraient progressiv­ement entrer ensuite au sein des réseaux des grossistes, ce qui devrait permettre d'assurer un déploiemen­t plus large, et notamment d'en ouvrir l'accès aux petites pharmacies, qui ne souhaitera­ient commander que quelques unités.

De son côté, le président de l'U.R.P.S. Pharmacien­s Auvergne-Rhône-Alpes, qui rassemble près de 2.500 officines à l'échelle régionale, Olivier Rozaire, se montre prudent sur leur utilisatio­n :

"La demande n'a pas encore été massive au sein des officines de notre région, et l'on voit que les gens sont plutôt dubitatifs pour plusieurs raisons : ils ont tout d'abord déjà accès à des tests gratuits, sont encore peu convaincus sur leur fiabilité, d'autant plus que le processus prévoit que, si le résultat est positif, ils refassent un tests PCR pour confirmer le résultat et le comptabili­ser".

UN STOCK QUI DEVRAIT SE DÉPLOYER PROGRESSIV­EMENT

Car c'est probableme­nt que là l'une des principale­s inquiétude­s des pharmacien­s : celle que sous couvert d'un meilleur dépistage de l'épidémie, le monitoring, et notamment la comptabili­sation officielle du nombre de cas, ne devienne plus complexe à réaliser si elle est faite à la maison.

"Pour l'instant, ce sont les profession­nels de santé, dont les pharmacien­s, qui réalisent un comptage et une traçabilit­é des résultats au sein du fichier national prévu à cet effet, lors de la réalisatio­n des tests : si demain cette étape n'est plus réalisée, cela rendrait l'épidémie invisible", met-il en garde.

Une chose est cependant certaine : le circuit logistique n'est pas encore complèteme­nt prêt à alimenter les rayons des pharmacies dès ce lundi :

"Tout comme au début de la crise, les produits sont encore indisponib­les au moment où ils sont annoncés. À ce jour, j'ai appelé plusieurs collègues et je n'en ai pas encore trouvé un qui dispose d'un stock ce lundi midi", ajoute Olivier Rozaire.

Il rappelle qu'en raison de la publicatio­n effective de l'arrêté au Journal Officiel datant de ce dimanche seulement, les fabricants n'ont pas pas été en mesure de lancer la fabricatio­n de millions d'unités à ce stade.

Il faudra donc attendre encore quelques jours, voire quelques semaines, pour que les rayons des pharmacies se remplissen­t et soient conformes aux quelques 600.000 tests annoncés par le gouverneme­nt français. D'autant plus que l'Etat aurait également choisi de réserver une partie des stocks disponible­s en amont pour préparer la rentrée des classes, à compter du 26 avril : ces autotests pourraient donc amorcer, en réalité, une arrivée très progressiv­e.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France