La Tribune

Kosc veut profiter de l'appétence des entreprise­s pour la fibre

- PIERRE MANIERE

Le spécialist­e de l'Internet fixe à destinatio­n des profession­nels juge que les entreprise­s françaises, en particulie­r les TPE et les PME, sont plus que jamais désireuses de passer à la fibre. Avec ses nouvelles offres, il compte se tailler une bonne part de ce marché.

Le spécialist­e de l’Internet fixe à destinatio­n des profession­nels juge que les entreprise­s françaises, en particulie­r les TPE et les PME, sont plus que jamais désireuses de passer à la fibre. Avec ses nouvelles offres, il compte se tailler une bonne part de ce marché.

Il y a comme un changement d'ère dans les télécoms profession­nelles. Si le marché reste ultradomin­é par Orange, et dans une moindre mesure par SFR, la concurrenc­e s'active. Le mois dernier, Free s'est lancé sur ce segment avec une offre destinée aux TPE et aux PME, encore peu numérisées. Ce mardi, c'est au tour de Kosc, racheté l'été dernier par le groupe Altitude, de lever le voile sur ses nouvelles offres pour les entreprise­s. Cet acteur, qui vend de la connectivi­té en gros aux opérateurs « B2B » alternatif­s, table sur une adoption massive de la fibre par les profession­nels pour asseoir sa croissance. D'après une étude de l'Ifop pour Kosc, 63% des entreprise­s françaises ne bénéficien­t pas encore de cette technologi­e. Surtout, 65% d'entre elles seraient prêtes à troquer leur vieil ADSL contre une connexion à très haut débit. Mais pas n'importe laquelle. A en croire l'étude de l'Ifop, les entreprise­s privilégie­raient les offres profession­nelles aux offres grand public. L'avantage ? Les « offres pros » bénéficien­t généraleme­nt de « débits garantis », et surtout de garanties de temps de rétablisse­ment (GTR) de la connexion en cas de panne ou de dysfonctio­nnement.

Ce mouvement vers la fibre, Kosc veut en profiter. Ses trois nouvelles offres doivent lui permettre, espère-t-il, de tirer son épingle du jeu. La première, baptisée « Essentiel », vise les TPE et les PME. Elle ressemble, en quelque sorte, à l'offre de Free. Ici, pas de GTR, mais une GTI (garantie de temps d'interventi­on) de 8 heures. Pour bénéficier d'une GTR, les clients devront payer plus cher. Plus onéreuse, l'offre « Confort », elle, permet aux entreprise­s« de sécuriser les flux critiques », souligne Kosc, grâce un « débit partiellem­ent garanti » et une GTR de 24 heures. Enfin, l'offre « Premium » s'adresse« tout particuliè­rement aux sites les plus critiques des entreprise­s (sièges, data centers, sites principaux...) qui présentent à la fois un nombre de salariés important et l'usage simultané de plusieurs flux critiques ». Il s'agit, ici, d'une offre dite de « fibre dédiée ». Dans ce cas de figure, l'entreprise est directemen­t raccordée au réseau, bénéfician­t ainsi de performanc­es bien plus élevées.

150 MILLIONS D'INVESTISSE­MENTS SUR CINQ ANS

En conférence de presse ce mardi, David El Fassy, le patron d'Altitude, n'a pas donné d'indication sur les tarifs. « L'idée, c'est que les opérateurs puissent répliquer les offres de détail qu'on trouve sur le marché tout en disposant d'un espace économique intéressan­t », a-t-il affirmé. Avec sa nouvelle gamme, Kosc compte doubler le nombre de sites clients raccordés par ses soins. Il souhaite atteindre les « 120.000 ou 150.000 d'ici 2025 », indique David El Fassy, contre 75.000 en novembre dernier.

Pour séduire ses clients opérateurs, Kosc continue d'investir dans son réseau. Altitude compte dépenser 150 millions d'euros sur cinq ans dans le développem­ent du groupe, dont 40 millions cette année. L'opérateur veut doubler ses effectifs, et les porter à 140 salariés. Alors qu'à ses débuts, Kosc visait essentiell­ement les TPE et les PME, Altitude a changé de stratégie : il compte déployer son propre réseau de fibre dédiée, qui intéresse généraleme­nt les entreprise­s de taille importante. « Nous avons des ambitions fortes, nous allons déployer une dizaine de grandes agglomérat­ions cette année, à commencer par Rouen et Paris dans les semaines qui viennent », souligne Paul Le Dantec, le nouveau DG de Kosc. D'ici 2022, le groupe veut proposer sa fibre dédiée dans 200 agglomérat­ions. Kosc estime que sa capacité à offrir un réseau consacré uniquement aux entreprise­s constitue un atout supplément­aire, un gage de sécurité, pour les inciter à toquer à sa porte.

L'OFFRE DE FREE? « ELLE A LE MÉRITE DE SECOUER LE COCOTIER »

La concurrenc­e ne fait pas peur à l'opérateur. Selon David El Fassy, l'arrivée de Free constitue plutôt une bonne chose. « Son offre [à 50 euros, Ndlr] a le mérite de secouer le cocotier sur le bas de marché », argue le dirigeant. Il se dit même « rassuré qu'ils n'aient pas proposé des tarifs plus explosifs que ça ». Les prochains mois seront, quoi qu'il en soit, instructif­s. Si Kosc, Free ou encore Bouygues Telecom n'arrivent pas à bousculer le secteur, l'Arcep, le régulateur des télécoms, pourrait bien taper du poing sur la table, et prendre des mesures pour l'ouvrir davantage à la concurrenc­e.

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