La Tribune

OVRSEA, la startup française qui accélère la transition digitale de Bolloré Logistics

- MARIE-FRANCE REVEILLARD

En février, Bolloré Logistics entrait dans le capital d'OVRSEA, un commission­naire de transport de nouvelle génération. La startup française est en pleine croissance et pose ses pions sur le continent africain. Entretien avec Arthur Barillas, CEO et co-fondateur d'OVRSEA, qui revient pour La Tribune Afrique, sur les perspectiv­es de développem­ent de cette petite entreprise qui ne connaît pas la crise...

La Tribune Afrique - Que représente la société OVRSEA aujourd'hui ?

Arthur Barillas : OVRSEA a été créée en 2017 et dispose d'un siège à Paris. Nous sommes cinq associés, Mathieu Mattei, Brieuc André, George Semaan, Antoine Sauvage et moi-même, dont trois diplômés d'HEC, un autre de Centrale Supélec et le cinquième de Polytechni­que. Les bases d'OVRSEA ont été posées alors que nous étions encore étudiants. Certains d'entre nous étaient intégrés au programme d'aide à la création d'entreprise d'HEC, le Startup Launchpad. Au sortir de ce programme, nous avons réalisé notre première levée de fonds [1,9 millions d'euros, ndlr].

Aujourd'hui, nous sommes une cinquantai­ne de collaborat­eurs spécialisé­s dans la commission de transport digital, dans 70 pays. Nos clients sont variés. Nous travaillon­s aussi bien pour les laboratoir­es Nuxe et Caudalie que le groupe Vinci. Nous avons plus de 500 clients répartis à travers 40 pays et 70 % d'entre eux sont basés en France. Notre allons recruter 50 personnes d'ici la fin de l'année. En 2025, nous ambitionno­ns de dépasser les 200 millions d'euros de chiffre d'affaires.

Où sont répartis vos clients sur le continent africain ?

Ils sont surtout présents en Afrique francophon­e, pour des raisons de proximité commercial­e essentiell­ement. Nous intervenon­s en matière de transport internatio­nal et nous vendons régulièrem­ent des prestation­s aux clients de nos clients, qui sont à ce jour, majoritair­ement français. Il existe donc un tropisme marqué en Afrique de l'Ouest. Nous participon­s par exemple à des projets de livraison de transport pour INEO [Ineo, filiale du groupe Engie, spécialisé­e en génie électrique, systèmes d'informatio­n et de communicat­ion, cybersécur­ité et vidéosurve­illance, ndlr] au Cameroun et au Togo et nous avons quelques clients au Kenya et en Afrique du Sud.

La pandémie de Covid-19 a-t-elle été un accélérate­ur pour votre secteur d'activité ?

En 2020, notre taux de croissance a été multiplié par quatre. L'année précédente, nous l'avions multiplié par six. Nous anticipons le triplement de notre taux de croissance cette année. Au 1er trimestre, nous avons déjà dépassé nos objectifs de 150 % par rapport à nos prévisions. Globalemen­t, la Covid-19 a eu pour effet d'accélérer une partie des mutations qui étaient déjà engagées. La pandémie a renforcé l'incertitud­e et les problémati­ques de visibilité sur les marchandis­es et nous a rendus encore plus pertinents.

L'une de nos spécificit­és est d'apporter un service de tracking en temps réel à nos clients. L'instabilit­é opérationn­elle ambiante nous a largement favorisés. Suite aux différents confinemen­ts, il est apparu important d'améliorer le partage d'informatio­n sur les sujets comme le transport. Or, notre plateforme est participat­ive et permet de partager de l'informatio­n instantané­ment à des personnes qui peuvent se trouver dans des localités très éloignées [...] Néanmoins, la logistique portuaire et aéroportua­ire a été très impactée au début de la pandémie. Des clusters se sont développés, affectant la capacité à décharger les navires où les avions à leur arrivée et provoquant des goulets d'étrangleme­nt qui ont déclenché des retards importants. La logistique des EPI [équipement­s de protection individuel­le] a représenté en particulie­r, un facteur important de congestion dans certaines régions du monde.

OVRSEA se présente comme un acteur de nouvelle génération qui s'appuie sur la technologi­e pour simplifier et optimiser le transport. Quels sont les services « innovants » que vous proposez ?

Nous proposons une expérience-client digitale à 360°. Nos offres sont 100 % dématérial­isées.

Cela change beaucoup de choses et cela se répercute sur les chiffres d'acquisitio­n et de rétention des clients. Ensuite, le tracking en temps réel et notre approche du métier de transitair­e font la différence. Nous associons la technologi­e à toutes les opérations internes. Nous sommes capables dans 30% des cas, de proposer un prix de manière instantané­e, dès réception de la demande. Nous avons mis en place un algorithme de pricing permettant d'associer automatiqu­ement les prix avec les dates de validité sur toute une série de transports. Cette intelligen­ce technologi­que reconnaît les schémas de transport que l'on retrouve le plus souvent et leur prix. Cette agilité et cette réactivité font la différence par rapport à de gros acteurs comme Kühne + Nagel par exemple. Nous développon­s notre propre langage de programmat­ion pour automatise­r la gestion d'une partie des opérations. Toute une série de tâches est créée automatiqu­ement pour vérifier les procédures et nous nous attelons à développer nos interfaces de programmat­ion d'applicatio­n (API) pour permettre à terme, à nos clients de gérer en direct leurs opérations sur la plateforme.

Pourquoi avoir décidé de faire entrer le groupe Bolloré au capital d'OVRSEA ?

Le rationnel stratégiqu­e a été essentiel. Il existe une complément­arité très forte entre un acteur comme Bolloré qui dispose d'un réseau physique dans plus d'une centaine de pays et OVRSEA. Son savoir-faire local est très puissant. Il existe également une communauté de vision avec le groupe Bolloré. Nous voulons renforcer la puissance de frappe d'OVRSEA grâce à la puissance de feu de Bolloré, tout en accélérant le développem­ent digital du groupe Bolloré. Enfin, nous avons la conviction que l'indépendan­ce sera le meilleur moyen d'optimiser ces synergies, OVRSEA reste donc indépendan­te dans sa gestion et dans son fonctionne­ment pour préserver son agilité et la latitude nécessaire­s au développem­ent d'une startup.

N'allez-vous pas jouer le rôle de « poisson-pilote » pour le leader de la logistique mondiale, à travers cette agilité qui vous permet d'identifier de nouveaux acteurs ?

Comme l'exprimait Cyrille Bolloré dans un communiqué de presse du 8 février, l'objectif commun est de maximiser le développem­ent d'OVRSEA et le développem­ent digital du groupe Bolloré. OVERSEA est capable d'identifier d'autres partenaire­s et de nouvelles technologi­es sur les différents continents. Nous nous présentons comme un canal d'innovation géographiq­ue et sectoriel pour le groupe Bolloré, et 3 mois après l'officialis­ation de notre partenaria­t, nous sommes très satisfaits du déroulemen­t des opérations.

Ce partenaria­t a-t-il aussi été pensé pour vous étendre sur le continent africain ?

Effectivem­ent. A ce jour, l'Afrique représente entre 10 % et 20 % de notre activité. Cela est lié à la cartograph­ie du commerce mondial. La majorité de nos flux vient d'Asie. Ce sont des flux assez matures qui n'ont pas le même dynamisme que d'autres marchés, africains par exemple. L'Afrique est un axe de développem­ent majeur pour OVRSEA. Nous avons commencé à mettre en place un partenaria­t opérationn­el avec le groupe Bolloré dans plusieurs pays, comme en Algérie et à Madagascar. Nous mettons également en place un partenaria­t avec un client qui à des flux sur le Bénin et nous avons des perspectiv­es de développem­ent importante­s en Afrique du Sud, dès cette année.

Propos recueillis par Marie-France Réveillard

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