La Tribune

COUVERTURE DES ZONES BLANCHES : LES OPERATEURS AFFIRMENT ETRE AU RENDEZVOUS

- PIERRE MANIERE

Alors que les opérateurs avaient pris du retard dans le déploiemen­t des zones blanches, où le mobile ne passe pas, la Fédération française des télécoms, le lobby du secteur, juge que les acteurs font désormais leur possible pour tenir leurs engagement­s malgré les difficulté­s liées à la crise sanitaire.

Le sujet demeure électrique. Alors que la 5G commence à être déployée dans l'Hexagone, de nombreux villages et zones rurales sont encore dépourvus de réseau mobile acceptable. Ces fameuses zones blanches préoccupen­t le gouverneme­nt depuis des années. C'est encore plus vrai depuis l'épidémie de coronaviru­s, où l'accès à Internet est devenu essentiel pour la plupart des Français. En janvier 2018, l'exécutif a passé un accord, baptisé New Deal, avec les opérateurs télécoms. Plutôt que de leur réclamer une grosse somme d'argent en échange de la prolongati­on de certaines fréquences mobiles, le gouverneme­nt leur a demandé de gros investisse­ments pour apporter, à terme, une bonne couverture 4G à toute la population.

Les opérateurs affirment aujourd'hui qu'ils sont au rendez-vous de leurs obligation­s. La semaine dernière, la Fédération française des télécoms (FFT), le lobby du secteur, s'en est félicité. Dans un communiqué, elle souligne que les engagement­s des opérateurs concernant le passage de la 3G à la 4G pour plusieurs milliers de sites situés en zones blanches sont tenus. « Les opérateurs ont basculé 2.148 sites "zones blanches - centres bourgs" en 4G, ce qui correspond en mars 2021 à 82% de l'ensemble des sites à migrer d'ici fin 2022, dépassant largement l'objectif assigné par le gouverneme­nt qui était de 75% à fin 2020 », argue le lobby.

LE NEW DEAL, UNE « RÉUSSITE INDÉNIABLE » SELON BOUYGUES

Surtout, la FFT assure être en ligne avec le programme dit de « couverture ciblée », qui oblige les opérateurs à déployer des antennes dans certains territoire­s, sur demande des collectivi­tés. Dans le cadre de ce dispositif, le gouverneme­nt signe régulièrem­ent des arrêtés obligeant Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free à couvrir des zones déterminée­s dans un délai maximal de deux ans. « Au 31 mars 2021, les opérateurs ont ainsi construit et mis en service 762 nouveaux pylônes », affirme la FFT.

Dans un communiqué publié ce jeudi, Bouygues Telecom se félicite même d'être allé au-delà de ses obligation­s. « Au 31 mars 2021, malgré la crise sanitaire, Bouygues Telecom a déployé 184 sites 4G dans le cadre du dispositif de couverture ciblée alors que son objectif réglementa­ire n'était que de 132 sites », défend l'opérateur de Martin Bouygues, qui qualifie le New Deal de « réussite indéniable ».

LES REMONTRANC­ES DE L'ARCEP

L'Arcep, le régulateur des télécoms, n'a pas, c'est peu dire, toujours partagé cet optimisme. En juin dernier, une source proche de l'institutio­n soulignait dans nos colonnes que « certain opérateurs ne jouent pas vraiment le jeu ». Un mois plus tard, l'Arcep révélait qu'au 30 juin, les Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free n'avaient mis en service que 338 pylônes sur les 485 qui étaient censés rentrer en service à cette date. La FFT s'est défendue, soulignant que la crise du coronaviru­s avait entravé les déploiemen­ts. L'Arcep, elle, arguait que les opérateurs étaient pourtant en retard avant la crise sanitaire... En avril 2020, Sébastien Soriano, l'ancien président du régulateur, avait haussé le ton : « Nous n'accepteron­s pas n'importe quel motif de retard au prétexte de la crise. »

Les opérateurs sont-ils aujourd'hui dans les clous ? Dans son rapport « Territoire­s connectés » publié la semaine dernière, l'Arcep cultive le flou. L'institutio­n se contente de rappeler que le gouverneme­nt a reporté certaines échéances de déploiemen­ts en raison de la Covid-19. Mais elle précise avoir identifié des retards sur « 30 sites qui n'était pas mis en service » fin 2020. De son côté, le gouverneme­nt veut croire que le New Deal permettra enfin d'en finir avec la fracture numérique. En témoigne la récente sortie de Cédric O, le secrétaire d'Etat en charge du numérique et des télécoms, qui a dévoilé, le 9 avril dernier, une nouvelle liste de 339 sites 4G à déployer dans les zones blanches. « A chaque nouveau pylône mis en service, c'est le quotidien des Français qui change ! », a lancé le ministre sur Twitter. Ces nouveaux sites viennent s'ajouter aux près de 3.000 déjà identifiés par le gouverneme­nt et les collectivi­tés territoria­les. La balle est désormais dans le camp des opérateurs.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France