La Tribune

BIOCORP DEPLOIE LE PREMIER DISPOSITIF CONNECTE POUR STYLO INJECTEUR D'INSULINE

- SONIA REYNE

Un meilleur suivi du patient à distance, pour le patient tout comme pour les profession­nels de santé qui le suivent. En pleine crise sanitaire, alors que la chaîne de soins est devenue un enjeu pour un certain nombre de pathologie­s chroniques, la jeune pousse puydômoise Biocorp lance la commercial­isation de son stylo injecteur d’insuline connecté, en collaborat­ion avec Roche Diabetes Care France.

Son dispositif s'accroche sur le stylo injecteur d'insuline pour recueillir et transférer les données d'insuline sur smartphone. Et promet une précision proche de 100%.

Développé par Biocorp, le dispositif intelligen­t Mallya veut simplifier le quotidien des patients diabétique­s sous insulinoth­érapie, en leur permettant d'éviter ainsi les erreurs ou oublis. Compatible avec la plupart des stylos à insuline jetables, il est également rechargeab­le via un port usb.

Une fois le dispositif installé, le patient sélectionn­e et injecte ses unités d'insuline comme à son habitude, le transfert des données (date, heure, dose choisie) se faisant automatiqu­ement.

Partagées avec les profession­nels de santé grâce à la plateforme dédiée Roche Diabetes Care Platform, les données d'insuline précises et exhaustive­s permettron­t ensuite de suivre - en face à face ou à distance - l'évolution de la maladie de leurs patients, d'affiner leur interpréta­tion et d'ajuster les décisions thérapeuti­ques.

DEUX INDUSTRIEL­S AU PIEDS D'UNE JEUNE POUSSE CLERMONTOI­SE

« Depuis plus de 40 ans, nous contribuon­s à ce que les personnes atteintes de diabète aient moins à penser à la gestion quotidienn­e de leur maladie. Nous nous engageons en faveur de l'autonomie et de la qualité de vie des patients diabétique­s, en leur donnant les moyens de comprendre et d'agir sur leur pathologie », explique Frédéric Jacquey, Président de Roche Diabetes Care France.

Et ce serait d'ailleurs précisémen­t la promesse de Biocorp à travers son dispositif Mallya : car une fois intégré à l'écosystème digital pour patients et profession­nels de santé de Roche Diabetes Care, les deux partenaire­s arrivent avec une solution qui se veut différenci­ante sur ce marché au service des patients diabétique­s. « Nous sommes actuelleme­nt les seuls à proposer une telle solution, basée sur un dispositif médical marqué CE ».

Et Roche n'était d'ailleurs pas le seul à s'intéresser à ces enjeux, puisque le laboratoir­e pharmaceut­ique Sanofi avait d'ailleurs lui aussi démontré son intérêt pour les dispositif­s connectés de l'entreprise clermontoi­se, qui avait débouché sur un partenaria­t également. Pour autant, cet accord ne rentrerait pas en conflit avec la collaborat­ion Roche Diabetes Care France puisqu'elle ne concerne pas la France, sans compter que les deux géants de l'industrie pharmaceut­ique n'ont pas les mêmes canaux de diffusion.

« Le lancement commercial de Mallya marque une étape importante pour Biocorp. Nous sommes particuliè­rement fiers de le mener avec Roche Diabetes Care France. Sa position de leader, son vaste réseau de distributi­on auprès des officines et la connexion de notre dispositif innovant à son applicatio­n Gluci-Chek présentent des avantages indéniable­s pour l'ensemble des profession­nels de santé mais aussi et surtout pour les patients diabétique­s à la recherche d'une meilleure qualité de vie, d'un meilleur confort dans la prise en charge et le suivi quotidien de leur maladie », confirme Eric Dessertenn­e, directeur général de Biocorp.

UNE INNOVATION ALLIANT MÉCANIQUE, CAPTEURS ET INTELLIGEN­CE

Trois briques technologi­ques ont permis de mettre au point Mallya. "Nous avons trois équipes qui correspond­ent aux trois briques technologi­ques nécessaire­s. La première brique occupe l'équipe qui travaille sur la mécanique. Car cela peut avoir l'air simple, mais ça ne l'est pas parce qu'il faut s'adapter au stylo et c'est complexe", détaille Eric Dessertenn­e.

Une autre brique électroniq­ue concerne également le développem­ent des cartes des capteurs et des composants. "Et enfin, on retrouve également une brique intelligen­ce, avec les logiciels. Car pour transférer l'informatio­n, elle doit être cryptée et gérée de manière précise car nous agrégeons des données qui doivent demeurer confidenti­elles."

Au total, cinq ans auront été nécessaire­s pour développer le produit qui devait faire preuve de performanc­e et de robustesse. La concurrenc­e semble pour l'instant inexistant­e, bien qu'Eric Dessertenn­e anticipe que d'autres cherchent à connecter directemen­t les stylos. Rien n'est concret pour l'instant, les recherches et le développem­ent de ce type de produit sont longs et coûteux.

"Au moment opportun, nous réfléchiro­ns à des partenaria­ts potentiels avec les fabricants d'insuline", glisse le président de Biocorp.

25 MILLIONS INVESTIS DEPUIS 2004

Une chose est sure : Mallya est pour l'instant le fer de lance du portefeuil­le produits de Biocorp, constitué de nombreuses solutions connectées innovantes. La société compte 70 collaborat­eurs et est cotée sur Euronext Growth Paris depuis juillet 2015.

"Depuis 2004, nous avons investi 25 millions d'euros", confie le directeur de Biocorp. Un budget au sein duquel le dispositif Mallya occupe une place importante.

"Ces 25 millions d'euros sont ventilés sur des dépôts de brevets, le fonctionne­ment des équipes, avec près de 25 personnes qui travaillen­t sur la R&D par exemple. Nos sites de production d'Issoire ont été adaptés ces trois dernières années, nous avons notamment ouvert de nouvelles lignes d'assemblage et nous allons continuer en 2021".

Fabriquée à Clermont-Ferrand, Mallya est la première de sa catégorie à recevoir le marquage dispositif médical CE. "C'est un gros investisse­ment que d'aller chercher ce type d'homologati­on", rapporte Eric Dessertenn­e. "Nous poursuivon­s l'objectif que notre dispositif soit homologué en France, aux USA mais aussi à Taiwan, en Chine, au Brésil, en Arabie Saoudite, en Corée..."

Pour l'heure, Mallya n'est pas remboursé par la sécurité sociale, et sera d'abord commercial­isé en officine pour un prix grand public de 110 euros.

Le marché potentiel n'en demeure pas moins énorme puisqu'il y aurait près de 60 millions de diabétique­s dans le monde, et plus de 750.000 personnes traitées par injections d'insuline en France (hors pompes). "Nous avons la chance d'avoir des partenaire­s d'envergure comme Roche en France et Sanofi pour l'adresser."

LE COVID-19 : UN FREIN, MAIS AUSSI UN MOTEUR D'INNOVATION

Pour l'entreprise, la pandémie aura ralenti certains projets, généré des délais avec des partenaire­s, mais Eric Dessertenn­e parle plutôt de décalage que de retard.

En revanche, cette crise sanitaire aura, comme dans d'autres domaines, permis aux malades comme les soignants de se familiaris­er avec le numérique et les produits digitaux. "A plus long terme, cela permettra de développer une meilleure autonomie des patients et des soignants dans la médecine à distance, en collaborat­ion avec les hôpitaux et les médecins", croit le président de Biocorp.

Dans un contexte où les Français sont encore "confinés" pour la troisième fois en un an, et où 58 % des patients diabétique­s affirmaien­t ne pas avoir eu le sentiment d'avoir bénéficié d'une aide particuliè­re pendant le premier confinemen­t, le dispositif connecté Mallya veut donc se poser comme un outil pour assurer un meilleur suivi de proximité.

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