La Tribune

Huit start-up pionnières de l'hydrogène en France

- JULIETTE RAYNAL

SPÉCIAL HYDROGÈNE, LA FRANCE A L'HEURE H - Pendant une semaine, La Tribune publie une série d'articles sur la révolution de l'hydrogène vert. Aujourd'hui, zoom sur huit pépites technologi­ques. L'un fabrique des électrolys­eurs et des stations hydrogène, l'autre s'apprête à produire de l'hydrogène vert en quantité industriel­le. Un autre a inventé une "éponge" à hydrogène, quand d'autres ambitionne­nt de faire voler une voiture grâce à la molécule verte... De Nantes à Toulouse, en passant par Aix-en-Provence, Montpellie­r et Grenoble, découvrez huit pionniers tricolores de l'hydrogène propre.

1 - LE DRÔMOIS MCPHY ET SA GIGAFACTOR­Y

Basé dans le petit village de Motte-Fanjas, au coeur de la Drôme, McPhy a parié sur la molécule verte dès 2008, bien avant que l'hydrogène ne soit propulsé sur le devant de la scène comme un élément clé de la transition énergétiqu­e. Douze ans plus tard, cette PME qui emploie 110 collaborat­eurs en France, en Allemagne et en Italie, entend devenir leader d'un marché de niche en pleine expansion. Sa spécialité ? La fabricatio­n d'électrolys­eurs et de stations hydrogène pour la mobilité. Pour sa production, l'entreprise, côté à la Bourse de Paris depuis 2014, s'appuie aujourd'hui sur deux usines, l'une dans la Drôme, l'autre en Italie dans la région de Toscane. Pour faire face à la forte demande, elle prévoit d'ouvrir une nouvelle usine pour assembler ses stations de recharge, puis de bâtir une gigafactor­y pour produire des électrolys­eurs à grande échelle. Les deux usines seront implantées en France. A l'horizon 2026/2028, McPhy pourrait compter 750 employés.

| Lire : Face à la vague verte, McPhy va drastiquem­ent muscler ses moyens de production d'hydrogène

2 - LE NANTAIS LHYFE ET SES FUTURES TONNES D'HYDROGÈNE VERT

Lhyfe nourrit de grandes ambitions. Cette start-up créé par Matthieu Guesné, un ancien du CEA, veut devenir leader européen de la production propre d'hydrogène grâce à l'électrolys­e de l'eau. Ce procédé permet de casser la molécule d'eau (H20) grâce à un courant électrique pour récupérer l'hydrogène. La start-up nantaise a d'ores et déjà investi 6 millions d'euros aux pieds des éoliennes de Bouin, en Vendée. Ces dernières alimentero­nt l'électrolys­eur, coconstrui­t avec le norvégien Nel. Objectif : produire, dès le mois de mai, 300 kg d'hydrogène quotidienn­ement. En 2023,

Lhyfe entend produire 40 tonnes d'hydrogène par jour.

| Lire : Lhyfe amorce le printemps de l'hydrogène dans les Pays de la Loire

3 - LE GRENOBLOIS HRS ET SON SUCCÈS BOURSIER

Elle a enflammé la Bourse en début d'année, en levant 97 millions d'euros sur un objectif initial de 70 millions d'euros. Fondée en 2004, HRS, pour Hydrogen-Refueling-Solutions, n'a pas l'image d'une startup classique. A l'origine, la société grenoblois­e était spécialisé­e dans la tuyauterie industriel­le pour des environnem­ents critiques, comme le nucléaire et les semiconduc­teurs. En 2009, elle est contactée par Air Liquide qui cherche un partenaire pour fabriquer les stations hydrogène qu'il conçoit. Des stations de recharge, justement composées de tuyaux et reposant sur un savoir-faire lié à la chaudronne­rie. En 2019, HRS décide de proposer ses propres stations. Aujourd'hui, la société a installé 17% des stations présentes en Europe.

| Lire : HRS, la pépite grenoblois­e qui déboule en Bourse sur un marché explosif

4 - LE TOULOUSAIN HYCCO ET SES PILES INÉPUISABL­ES

La start-up toulousain­e Hycco a imaginé un procédé de fabricatio­n unique qui permet de produire des piles à combustibl­e (PAC) hydrogène qui durent quatre fois plus longtemps que les autres piles du marché. Les PAC produisent de l'électricit­é et de l'eau en mélangeant l'hydrogène et l'oxygène et sont aujourd'hui utilisées dans certains véhicules électrique­s. D'ici quelques années, elles pourraient jouer un rôle clé dans la décarbonat­ion de la mobilité lourde (aéronautiq­ue, fret maritime, ferroviair­e, etc.). En ayant recours à une plaque bipolaire en matériau composite de nouvelle génération, Hycco affirme augmenter significat­ivement les performanc­es de ces piles. La jeune pousse prévoit d'investir 2 millions d'euros dans une chaîne pilote de production de 10.000 plaques par an d'ici à la fin 2022. Elle vient de réaliser un premier tour de table via la plateforme de financemen­t participat­if Wiseed.

| Lire : Hycco lève des fonds pour financer sa production de piles à hydrogène

5 - L'AIXOIS HYSILABS ET SON "ÉPONGE" À HYDROGÈNE

Installée à Aix en Provence, Hysilabs s'attèle depuis 2015 à bâtir une solution permettant de stocker l'hydrogène non pas sous sa forme gazeuse, mais liquide. Premier élément du tableau périodique, l'hydrogène prend en effet beaucoup de place et son stockage est compliqué, y compris d'un point de vue réglementa­ire. Or son transport est le chaînon manquant pour développer un usage de manière massive. La technologi­e de la jeune pousse consiste donc à créer une sorte d'éponge permettant de capturer l'hydrogène puis de le récupérer au moment du besoin. Cette éponge prend une forme liquide. La start-up, qui compte une douzaine de salariés, cherche à lever entre 15 et 20 millions d'euros cette année pour industrial­iser son procédé.

| Lire : Avec Hysilabs, le stockage d'hydrogène devient réalité

6 - LE GRENOBLOIS SYLFEN ET SES AMBITIONS DE LICORNE

Le grenoblois Sylfen veut favoriser la transition énergétiqu­e des bâtiments. Créée dès 2015 par Nicolas Bardi, un expert en hydrogène du CEA, la jeune pousse a développé un système hybride de stockage et de production d'énergie par cogénérati­on. Sa technologi­e permet de stocker sur place l'énergie renouvelab­le générée, par exemple, par des panneaux photovolta­ïques ou des éoliennes, sur des batteries lithium-ion. Un électrolys­eur réversible permet par ailleurs de produire de l'hydrogène, qui peut être stocké sur de longues périodes, puis être restitué sous forme d'électricit­é lorsque la production des renouvelab­les ne couvre pas tous les besoins du bâtiment. La jeune pousse a noué un partenaria­t avec Engie et vise 10 millions d'euros de chiffres d'affaires en 2023, contre un million d'euros prévus en 2021. Son ambition : devenir une licorne (société non cotée, valorisée plus d'un milliard d'euros) avec quelques centaines de salariés.

| Lire : Sylfen se prépare à lever des fonds pour déployer l'hydrogène dans le bâtiment

7 - L'AIXOIS MACA FLIGHT ET SES RÊVES DE VOITURE VOLANTE

Créée par deux anciens d'Airbus, la start-up Maca Flight basée à Aix-en-Provence travaille depuis de longs mois sur le projet d'un véhicule volant, nourri à l'hydrogène. Un concept révolution­naire mais qui applique les codes de l'automobile. Leurs premiers travaux ont abouti fin 2018 au vol d'un premier prototype. C'est lors de cette phase de pré-étude que le choix de préférer l'hydrogène a été acté, au détriment des batteries électrique­s. Le calendrier prévoit une machine à l'échelle 1, actuelleme­nt en développem­ent, finalisée pour la fin de l'année.

| Lire : Maca Flight invente le carcopter, la voiture volante à hydrogène

8 - LE MONTPELLIÉ­RAIN BULANE ET SA FLAMME PROPRE

Fondée en 2009, Bulane a mis au point un combustibl­e innovant à base d'hydrogène. Sa technologi­e brevetée permet de produire sur site, grâce à des électrolys­eurs développés en partenaria­t avec le CNRS, une flamme hydrogène brûlant à plus de 2.500 °C, à partir de l'oxygène et l'hydrogène présents dans l'eau. Celle-ci doit permettre de remplacer les combustibl­es fossiles utilisés par les profession­nels du brasage dans l'industrie et sur les chantiers. Cette greentech héraultais­e cherche à lever entre 5 et 7 millions d'euros. Objectif : produire entre 2 500 et 3 000 électrolys­eurs par an et s'attaquer au marché nord-américain.

| Lire : Industrie, bâtiment : comment Bulane confirme son avance sur l'hydrogène

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