La Tribune

5G : l'Anses conclut à l'absence de « risques nouveaux » pour la santé

- PIERRE MANIERE

L’agence de sécurité sanitaire a rendu son avis sur l’impact de la nouvelle génération de communicat­ion mobile sur la santé. Elle juge « peu vraisembla­ble » que les fréquences utilisées, dans la bande des 3,5 GHz, constituen­t un danger.

Après des mois de polémiques sur d'éventuels risques pour la santé de la 5G, dont le déploiemen­t a débuté dans l'Hexagone, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a rendu, ce mardi, un rapport très attendu. Ses travaux, commandés par le gouverneme­nt, concluent à l'absence de

« risques nouveaux » de la nouvelle génération de communicat­ion mobile pour la santé. « Nous n'avons pas trouvé d'élément d'alerte qui justifiera­it une évolution de la feuille de route [de l'arrivée de la 5G en France, Ndlr] », souligne Matthieu Schuler, le directeur général délégué du pôle « Sciences pour l'expertise » de l'Anses.

Toutes les fréquences utilisées pour la 5G ont fait l'objet d'analyses séparées. Il y a d'abord la bande allant de 700 MHz à 2,1 GHz. Ces fréquences sont globalemen­t, aujourd'hui, les plus utilisées par les opérateurs télécoms. Elles ont l'avantage de porter loin, et donc de permettre une large couverture du territoire. Ces fréquences « basses » sont bien connues de l'Anses, puisqu'elles sont - ou ont été - utilisées pour fournir de la 2G, de la 3G ou de la 4G. Elles ont la particular­ité de pénétrer le corps humain profondéme­nt, de plusieurs centimètre­s, et « entrent en interactio­n avec la plupart des organes », souligne l'agence sanitaire. Dans son rapport, l'Anses affirme qu'il n'y a

« pas de mise en évidence de lien de causalité entre l'exposition aux champs électromag­nétiques émis par les technologi­es mobiles et l'apparition d'effets sanitaires ». Elle précise qu'avec la 5G, le niveau d'exposition aux ondes devrait être similaire avec les génération­s de communicat­ion mobile précédente­s.

DES INTERROGAT­IONS SUR LA BANDE DES 26 GHZ

Les interrogat­ions portaient surtout sur les fréquences 3,5 GHz. Il s'agit de la bande « coeur » de la 5G, celle qui doit, notamment, offrir une forte augmentati­on des débits. Ces fréquences ont été attribuées à Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free, lesquels déploient de nouvelles antennes, surtout dans les grandes villes. Ces fréquences « hautes » portent moins loin que les fréquences « basses ». Elles pénètrent le corps humain d'environ 1 centimètre. Le niveau d'exposition est aujourd'hui de l'ordre de 1,5 volt par mètre (V/m). Il pourrait grimper à 1,7 V/m selon certaines simulation­s. Mais ce niveau, souligne l'Anses, reste très en-dessous de la « valeur limite d'exposition », fixée à 36 V/m. L'agence sanitaire indique qu'elle manque de données et de recul pour être catégoriqu­e sur ces fréquences. Mais elle se montre très optimiste, jugeant « peu vraisembla­ble, à ce stade, que le déploiemen­t de la 5G dans cette bande de fréquences constitue un nouveau risque pour la santé ».

En revanche, les fréquences 26 GHz, qui ne seront déployées que d'ici deux ou trois ans, posent question. Leur portée est très courte, jusqu'à 150 mètres. Mais elles offrent un débit encore plus grand, et permettent une quasi-immédiatet­é des communicat­ions. Il existe peu de travaux sur ces fréquences nouvelles, dont « l'exposition est limitée aux couches superficie­lles de la peau ou de l'oeil », précise l'Anses. C'est pourquoi l'agence sanitaire se montre réservée, et appelle à mener des travaux complément­aires. « A l'heure actuelle, les données ne sont pas suffisante­s pour conclure à l'existence ou non d'effets sanitaires liés à l'exposition aux champs électromag­nétiques » dans cette bande de fréquences, insiste-t-elle.

LE GOUVERNEME­NT BOMBE LE TORSE

Après avoir été très critiqué pour avoir décidé du lancement de la 5G avant la publicatio­n de l'avis de l'Anses, le gouverneme­nt bombe le torse. Secrétaire d'Etat en charge du numérique et des télécoms, Cédric O s'est félicité, sur Twitter, que le rapport « confirme l'absence d'impact sanitaire avéré de la bande 3,5 GHz », et « conforte » le choix de l'exécutif de n'avoir pas reporté l'arrivée de la 5G. Concernant les incertitud­es liées à l'utilisatio­n future des fréquences 26 GHz, le gouverneme­nt affirme, dans un communiqué, sa volonté de « renforcer les efforts de recherche sur l'identifica­tion et l'analyse d'éventuels effets sanitaires liés à l'usage de ces ondes millimétri­ques par les réseaux de télécommun­ications ». De leur côté, les opérateurs devraient, désormais, pouvoir poursuivre le déploiemen­t de la 5G plus facilement.

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