La Tribune

AUTOMOBILE: LES DISTRIBUTE­URS DEFENDENT LEUR METIER FACE A L'OFFENSIVE DES CONSTRUCTE­URS

- NABIL BOURASSI

Le CNPA qui fédère, entre autres, les distribute­urs automobile­s, a mandaté le cabinet TGC Conseil pour rétablir "la vérité" sur leur structure de coût, accusée de représente­r près d'un tiers du prix d'une voiture par les constructe­urs. Les profession­nels dénoncent une campagne de "contre-vérités" et évoquent d'une marge autour de 7%. Ils estiment que les constructe­urs nient la réalité de la valeur ajoutée de leur activité.

"Nous ne sommes pas en guerre, nous sommes dans le même bateau"! Le cri d'alarme de Marc Bruschet, président de la branche concession­naire du CNPA sonne comme un avertissem­ent pour les constructe­urs automobile­s. Le Conseil National des Profession­s de l'Automobile (CNPA) qui fédère les distribute­urs automobile­s parmi d'autres profession­s (garage, stations services, autoécoles...) a lancé une contre-offensive aux assauts médiatique­s des constructe­urs automobile­s. Ceux-ci ont récemment prétendu que "le coût de la distributi­on automobile tournait autour de 30% du prix d'une voiture", ce qui justifie, selon eux, de revoir la structure de coûts des distribute­urs. Stellantis a tiré le premier en dénonçant récemment tous ces contrats pour une renégociat­ion. En réalité, ces contrats arrivaient à terme, mais le groupe dirigé par Carlos Tavares n'a pas caché sa volonté de baisser ce "coût".

"NOUS NE SOMMES PAS UN COÛT"

"La distributi­on automobile est présentée comme un coût alors que c'est la rémunérati­on d'un service", s'insurge Marc Bruschet. "Nous partageons les stocks, nous prenons en charge les coûts d'opportunit­é des fonds propres, nous gérons pour le compte de l'Etat les procédures de prime à la conversion tout en avançant les aides, nous entretenon­s le lien entre vente et service après-vente, nous faisons du conseil, et nous avons un rôle de plus en plus important dans la transition énergétiqu­e", égrène-t-il énergiquem­ent.

En outre, Marc Bruschet conteste vigoureuse­ment le chiffre de 30% qui aurait été distillé par les constructe­urs automobile­s par presse interposée. Le CNPA a donc mandaté le cabinet TGC Conseil pour analyser la structure de coûts de la distributi­on automobile et son évolution entre 2011 et 2019. D'après cette étude, la marge dite de distributi­on (qui prend en compte le coût d'acquisitio­n, les aides commercial­es et les remises clients) n'était que de 7,2% en 2019. Elle serait même en baisse puisqu'elle était de 8% en 2011. Les distribute­urs estiment avoir subi plusieurs vents contraires comme la hausse des prix catalogues (+16% sur la période, hors inflation), et la hausse des remises clients (+3,5 points). A l'inverse, si les primes des constructe­urs ont augmenté, elles n'ont pas permis de compenser cette hausse, du moins, "sur longue période", précise Marc Bruschet.

UN MODÈLE QUI DOIT ÉVOLUER

Pour le CNPA, l'offensive médiatique des constructe­urs automobile­s s'effectue à un moment de grande interrogat­ion pour l'avenir de la profession. L'électrific­ation à marche forcée du marché du neuf va les contraindr­e à faire évoluer leur modèle économique. "Personne n'est capable de dire de quoi l'automobile sera fait demain, nous manquons de base pour reconstrui­re quelque chose", objecte Marc Bruschet. Selon lui, les constructe­urs ne pourront pas se passer de leurs réseaux dans la phase de transforma­tion économique.

Marc Bruschet refuse néanmoins d'inscrire sa contre-offensive médiatique pourtant baptisée "la vérité sur les coûts de distributi­on" dans une démarche conflictue­lle.

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