La Tribune

EMPLOI : L'EMBELLIE SE CONFIRME, L'INTERIM EN DESSOUS DE SON NIVEAU D'AVANT-CRISE

- GREGOIRE NORMAND

L'emploi salarié a accéléré de 1,4% au second trimestre, soit 265.000 créations nettes d'emplois selon des chiffres dévoilés par l'Insee. L'institut a révisé à la hausse sa dernière estimation du mois d'août qui faisait état de 239.000 créations. Au total, l'emploi salarié (privé et public) se situe fin juin 2021 à +0,6% par rapport à son niveau de fin 2019 (+145.400).

Les voyants sont au vert sur le front de l'emploi. Malgré un printemps morose ponctué par un confinemen­t et une situation sanitaire tendue, les chiffres de l'emploi dévoilés par l'Insee ce mercredi 8 septembre confirment l'embellie attendue. Selon l'institut de statistiqu­es, l'emploi salarié a augmenté de 1,1% entre avril et juin contre 0,6% entre janvier et mars. Ainsi, plus de 289.000 emplois ont été crées au second trimestre.

Du côté de l'emploi public, les créations de postes ont augmenté de 0,4%, soit 24.300 emplois. Les statistici­ens ont révisé à la hausse leurs projection­s par rapport à celles de juin (+0,3 point ; 62.000 emplois).

"L'emploi se porte très bien en France. Les créations nettes d'emplois sous-estiment même la force du marché du travail. Les entreprise­s ont repris à temps complet les travailleu­rs qui étaient au chômage partiel. Le recours moindre au chômage partiel reflète une bonne santé du marché du travail" a expliqué Charlotte de Montpellie­r, économiste chez ING en charge du suivi de la France interrogée par La Tribune.

"La masse salariale soumise à cotisation­s sociales suivie dans le cadre de cette publicatio­n augmente de nouveau au deuxième trimestre 2021 : +2,1 % après + 1,7 %" ajoute l'Ursaff dans un communiqué.

PAS D'HÉCATOMBE REDOUTÉE SUR LE FRONT DE L'EMPLOI

La levée des mesures de restrictio­n et l'accélérati­on de la vaccinatio­n dans la population française ont apporté un vent d'optimisme sur le marché de l'emploi. Après une année 2020 catastroph­ique, un grand nombre d'économiste­s redoutaien­t une hécatombe chez les travailleu­rs. A ce stade, si des coupes massives ont été annoncées dans des grands groupes, le taux de chômage n'a pas grimpé en flèche. Dans leurs dernières prévisions, les économiste­s de l'Insee tablent sur une croissance supérieure à 6% en 2021.

"Le marché du travail dynamique permet aux ménages d'avoir un revenu plus soutenu. C'est positif pour la consommati­on privée. Elle représente une part très importante du produit intérieur brut en France. Les entreprise­s sont confrontée­s à une demande très importante. Elles doivent embaucher pour répondre à cette demande. Le redresseme­nt du marché du travail permet d'avoir des prévisions plus optimistes pour la croissance" a ajouté l'économiste.

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BOOM DE L'EMPLOI DANS LE TERTIAIRE MARCHAND

Dans le détail, la hausse de l'emploi est particuliè­rement marquée dans le tertiaire marchand. Au total, plus de 252.000 emplois ont été crées dans ce secteur au second trimestre. Après s'être effondré au printemps 2020, l'emploi dans les services a subi des fluctuatio­ns spectacula­ires au gré des mesures prophylact­iques mises en oeuvre par le gouverneme­nt. En effet, tous les secteurs dans le tertiaire à forte interactio­n sociale ont subi de plein fouet les confinemen­t successifs et l'ensemble des mesures sanitaires depuis le printemps 2020.

Compte tenu du poids des services dans l'économie tricolore, la mise sous cloche de nombreux établissem­ents aurait pu déboucher sur une crise violente sans la mise en oeuvre de l'activité partielle. "L'activité partielle a permis d'éviter des pertes dramatique­s d'emplois. Ce mécanisme a permis d'avoir un choc très fort mais qui n'a pas débouché sur une catastroph­e. Le chômage a un impact très important sur la confiance. La reprise aurait été moins dynamique sans l'activité partielle" a indiqué l'économiste d'ING.

Dans le tertiaire non-marchand, la hausse est également marquée avec près de 29.000 emplois crées. "L'emploi y dépasse largement son niveau mesuré un an auparavant, qui avait été affecté par le premier confinemen­t, et excède aussi son niveau d'avant-crise (+1,4 % par rapport à fin 2019, soit +115.900), principale­ment dans le secteur de la santé (+4,0 % soit +63.700 emplois)", indique l'Insee.

En revanche, les chiffres de l'emploi dans la constructi­on (1.500) et l'industrie (3.117) sont bien moins favorables. "L'emploi a retrouvé son niveau d'avant crise assez rapidement. Cette hausse n'est pas globale. La constructi­on a essuyé les pertes du Covid par exemple. Dans le même temps, l'industrie n'a pas encore retrouvé son niveau d'avant crise. L'hébergemen­t-restaurati­on reste également en dessous de son niveau d'avant crise", estime Charlotte de Montpellie­r.

L'EMPLOI INTÉRIMAIR­E RETROUVE DES COULEURS SANS ATTEINDRE SON NIVEAU D'AVANT-CRISE

L'emploi intérimair­e qui constitue un indicateur avancé très scruté s'améliore au second trimestre avec 17.900 emplois (+2,4%) contre 1.200 au premier trimestre (+0,2%). Si les personnes en CDI ont globalemen­t pu conserver leur emploi pendant la crise sanitaire, beaucoup de salariés en mission intérimair­e ont perdu leur emploi du jour au lendemain sans vraiment de perspectiv­es claires.

En cherchant à réduire rapidement leurs coûts, les entreprise­s ont d'abord dû se séparer de ce personnel. Au premier trimestre 2020, la chute de l'intérim avait été particuliè­rement impression­nante (-40% ; -318.000 postes). Depuis ce plongeon, les indicateur­s se redressent sans retrouver leur niveau d'avant-crise (-22.700 emplois par rapport au dernier trimestre 2019).

LES DIFFICULTÉ­S DE RECRUTEMEN­T POURRAIENT PERSISTER

La reprise économique s'accompagne de difficulté­s de recrutemen­t. Sans surprise, le redresseme­nt d'une économie après un tel choc entraîne mécaniquem­ent des frictions entre l'offre et la demande de travail. Au delà des obstacles exprimés par les employeurs, ces difficulté­s pourraient durer.

"Les contrainte­s sur les entreprise­s risquent de rester. Il y a de moins en moins de personnes sur le marché du travail. Malheureus­ement, ces difficulté­s modèrent l'élan économique. Les entreprise­s sont limitées dans leur dynamique comme dans l'industrie, le bâtiment", conclut Charlotte de Montpellie­r.

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