La Tribune

PIONNIER DE L'ARN MESSAGER, FLASH THERAPEUTI­CS LEVE 15 MILLIONS D'EUROS

- FLORINE GALERON

Le Toulousain Flash Therapeuti­cs a breveté dès 2015 une technologi­e de transfert à ARN messager qui a la particular­ité, par rapport aux produits de BioNTech ou de Moderna, d'être entièremen­t d'origine biologique. Une innovation qui pourrait bientôt être testée pour des vaccins ou soigner des maladies. En pleine croissance, la société lève 15 millions d'euros pour doubler en deux ans sa capacité de production et ses effectifs dans la Ville rose.

C'est l'une des seules sociétés françaises à avoir développé une technologi­e à ARN messager. "Notre métier, c'est de développer et de produire des coques qui contiennen­t à l'intérieur du matériel génétique pour soigner des maladies. Ce matériel génétique cela peut être soit de l'ADN, par exemple, quand on veut soigner des maladies génétiques qui ont un déficit dans un gène. Et puis, nous avons breveté en 2015 une technologi­e pour mettre de l'ARN et avoir une expression transitoir­e du gène. Cette technologi­e est appropriée pour la vaccinatio­n notamment", décrit Pascale Bouillé, présidente de Flash Therapeuti­cs. Un savoir-faire qui lui a valu de bénéficier d'une aide d'1,5 million d'euros de l'Etat dans le cadre du plan de relance pour développer des technologi­es à ARN messager contre la Covid-19.

UNE MÉTHODE DE PRODUCTION DIFFÉRENTE DE BIONTECH ET MODERNA

L'innovation de la société toulousain­e a la particular­ité de reposer sur un procédé entièremen­t biologique.

"La différence entre la technologi­e ARN de Flash Therapeuti­cs appelée LentiFlash et celle développée par BioNtech pour Pfizer ou de Moderna, c'est que nous sommes sur un procédé biologique de production. L'ARN qui est produit n'est pas synthétisé­e chimiqueme­nt mais produit par des cellules humaines. Nous avons pris la coque du virus HIV en lui enlevant tous ses gènes et en ne conservant que l'emballage qui est capable d'entrer dans les cellules humaines et de circuler dans le sang", explique la dirigeante.

L'avantage d'après la société est que l'ARN n'est pas détecté comme un corps étranger et ne risque donc pas de générer une réaction immunitair­e ou une quelconque inflammati­on avec au final moins d'effets secondaire­s et potentiell­ement une meilleure efficacité. Une plateforme de production de cette technologi­e sera opérationn­elle mi-2022.

UNE FOULE D'APPLICATIO­NS MÉDICALES

L'innovation de Flash Therapeuti­cs a déjà conquis le CHU de Toulouse qui va l'utiliser pour un essai clinique programmé en 2023 sur une maladie appelée le lymphoedèm­e. Mais d'autres discussion­s sont en cours avec des partenaire­s industriel­s privés pour développer des essais cliniques. La société cherche à s'associer notamment avec des biotechs. "Notre métier n'est pas de développer des vaccins, c'est de développer des technologi­es pour que nos partenaire­s puissent mener des essais cliniques. Par exemple, BioNTech a produit pour Pfizer qui a mené les essais", poursuit Pascale Bouillé.

Au-delà de la vaccinatio­n contre la Covid-19, les technologi­es à ARN pourraient servir à des vaccins anti-cancer, anti-infectieux voire aussi à soigner des maladies. "Il existe beaucoup de maladies dans lesquelles le patient a des tissus endommagés localement. Lui redonner un boost en exprimant quelques gènes pendant un temps court suffirait à regénérés les tissus", ajoute-t-elle.

DOUBLER LA PRODUCTION ET LES EFFECTIFS EN DEUX ANS

En pleine croissance, Flash Therapeuti­cs vient d'annoncer un accord de financemen­t de 15 millions d'euros sur trois ans avec Techlife Captial et Elaia Partners. "Nous voulons changer de dimension et devenir un leader de la bioproduct­ion des technologi­es, antivirale­s à la fois en ADN et en ARN. Cette levée de fonds symbolise vraiment un changement de cap. Nous passons de la production de lots de recherches et de lots cliniques à petite échelle à un objectif de production à plus grande échelle dès 2023", affirme la fondatrice de l'entreprise.

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Une première tranche de quatre millions d'euros versée en juillet dernier va permettre à la société de construire un atelier de production de lots cliniques de 800 m2 à Toulouse. Dans un deuxième temps, la surface de fabricatio­n sera portée à 2.000 m2 à l'horizon 2023. En attendant, Flash Therapeuti­cs dispose d'une plateforme pour produire des lots cliniques à Paris, au sein de l'hôpital Saint-Louis. En parallèle, la société veut doubler ses effectifs en deux ans, passant de 35 à 70 salariés avec des recrutemen­ts d'ingénieurs, de technicien­s de production et de commerciau­x. Son chiffre d'affaires qui a atteint deux millions d'euros en 2020 devrait progresser de 70% cette année.

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