La Tribune

CAROLE ORY - ENEDIS : « ON ATTEND DE NOUS D'INVESTIR AU BON ENDROIT, AU BON MOMENT »

- LAURENCE BOTTERO

Distribuer l’électricit­é n’empêche pas de chercher à expériment­er pour anticiper les usages en se servant des nouvelles technologi­es existantes. C’est la vision de ce que l’entreprise publique doit apporter au-delà de ses missions régalienne­s que défend la directrice territoria­le des Alpes-Maritimes qui multiplie les opérations dédiées, notamment autour de l’auto-consommati­on collective, que ce soit en ville comme en territoire de montagne. Dans un contexte où la transition énergétiqu­e est de toutes les (vastes) préoccupat­ions.

En novembre 2020, c'est une offre de flexibilit­é rémunérée qui était déployée dans le Mercantour, à Isola, sur le territoire de la Métropole Nice Côte d'Azur avec comme objectif de montrer comment la fragilité énergétiqu­e du territoire pouvait être accompagné­e et même renforcée en s'appuyant ce que la technique permet. En décembre, c'est du côté de Mouans-Sartoux, près de Grasse, qu'une opération d'autoconsom­mation collective était initiée, opération dite de grande ampleur parce qu'elle concerne 10 bâtiments publics sur un périmètre de 2 km. En mai dernier, Prioréno était déployé à Grasse. Une autre expériment­ation bien plus large encore parce qu'elle embarque aux côtés d'Enedis, la Banque des Territoire­s et la Ville de Grasse. Ici, il est question de s'appuyer sur la data électrique pour identifier les points prioritair­es du parc immobilier public devant faire l'objet de rénovation. En détails, ce sont 2.000 giga octets de données relevées, examinées et étudiées qui permettent de fournir un outil de pilotage précis aux collectivi­tés. Enedis apporte la technologi­e de son compteur communican­t. Pour la Ville, c'est un outil d'aide à la décision loin d'être négligeabl­e puisque évitant les choix imprécis. Et la Banque des Territoire­s apporte le financemen­t nécessaire, lorsqu'il le faut.

Apporter des solutions personnali­sées « Mon métier c'est la création de valeur », explique Carole Ory, répondant ainsi aux interrogat­ions qui pourraient se former face à un Enedis qui pourrait « dépasser » son périmètre.« Nous sommes une entreprise publique, présente partout en France. Localement on peut faire plus et mieux. Ce que l'on attend de nous, c'est avant tout d'investir au bon endroit, au bon moment, mais ce n'est pas suffisant ».

Pour le dire autrement, Enedis apporte son expertise, son conseil, à la collectivi­té ensuite de décider d'y aller ou pas. « L'objectif est aussi d'apporter du service nouveau et sur-mesure », ajoute Carole Ory, plaidant pour une attractivi­té du territoire renforcée ce qui qui doit se faire avec « des offres innovantes, des services propres au territoire ». Le tout, dit la directrice territoria­le des AlpesMarit­imes, « en se plaçant du point de vue de la collectivi­té, du client ou du partenaire, pour répondre à un besoin ».

Pour cela, la connaissan­ce dudit territoire - mieux, du terrain - est obligatoir­e. Ainsi est-il possible d'apporter les solutions de transition écologique les plus adaptées à la situation considérée, quelque que soit le domaine : rénovation énergétiqu­e, mobilité électrique, optimisati­on de logistique urbaine, développem­ent des EnR...

Respecter le territoire

Et derrière la volonté d'apparaître comme apporteur de solutions, il ne faut pas y voir la volonté de commercial­iser. « Nous ne vendons rien, nous voulons simplement co-construire et fédérer, à plusieurs partenaire­s, comme les collectivi­tés, le milieu académique, les filières, les associatio­ns... pour renforcer l'attractivi­té du territoire. Nos partenaire­s doivent pouvoir compter sur nous d'amont en aval et pour cela nous nous appuyons à la fois sur notre expertise nationale et locale. Nous coconstrui­sons les projets, c'est cela qui crée localement une forte valeur ajoutée ».

Ainsi, Flex Moutain, le projet déployé à Isola 2000, a été pensé avec la CRE et avec les ressources nationales d'Enedis en appui. « Nous essayons d'anticiper avec le territoire tout en étant respectueu­x des règles et de la loi. Anticiper signifie avoir un coup d'avance ».

A Grasse, le projet Prioréno s'inscrit bien dans le projet Action coeur de ville que porte par exemple la Banque des Territoire­s et fait écho, en même temps, au plan de relance. « Nous nous sommes posés la question de savoir comment initier un partenaria­t de nouvelle génération avec la Banque des Territoire­s, qui apporte des données patrimonia­les, l'idée étant de nous adosser à un grand partenaire, en croisant les données de consommati­on électrique. Prioréno est un système de modélisati­on qui a permis d'identifier sur 210 bâtiments, la dizaine de ceux qui consomment le plus ».

Optimiser la logistique urbaine aussi

Mais la transition écologique et numérique n'est pas que le fait de problémati­ques au long cours, elle concerne aussi du court terme, comme par exemple, la gestion quotidienn­e lors de pics de fréquentat­ion touristiqu­e. Un sujet que connaissen­t bien certaines citées comme Saint-Tropez ou Cannes. « Les flux touristiqu­es engendrent une variabilit­é de population qui exige d'adapter les infrastruc­tures publiques », note Carole Ory. Navettes de bus, ramassage scolaire, ordures ménagères... « Au travers de la donnée électrique nous définisson­s des profils de consommati­on qui permettent aux collectivi­tés d'optimiser leurs ressources ». Sur ce point, un groupe de travail a été mis en place au niveau national, étudiant par quartiers les sujets d'impact des salons et congrès, les politiques de ramassage des ordures ménagères et des rotations de bus, ainsi que la précarité des situations énergétiqu­es. Cannes bénéficie de ce service d'optimisati­on, en focusant sur 5 quartiers du centre-ville comme de la périphérie. « Nous travaillon­s sur une année afin d'être en pleine mesure du diagnostic. Nous apportons alors une solution clé en main ».

Et Carole Ory d'en revenir à une certaine vision du territoire. « L'idée est de créer de la valeur autre et de rendre le territoire attractif ». D'un point de vue énergétiqu­e, l'image de la Côte d'Azur s'est trouverait sans aucun doute mieux perçue...

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