La Tribune

Boiron : le dérembours­ement de l'homéopathi­e pèse sur les résultats

- MARIE LYAN

Le spécialist­e français de l’homéopathi­e Boiron affiche, sans grande surprise, un net recul de ses ventes au premier semestre 2021. Touché par le dérembours­ement de l'homéopathi­e depuis le 1er janvier 2021, ses ventes auront reculé de -25% et accusent également les conséquenc­es de la crise sanitaire, alors que son plan de réorganisa­tion qui touche un quart de ses effectifs en France se poursuit.

En l'espace d'un semestre, sa perte nette s'élève à 9,5 millions d'euros, contre « seulement » un million d'euros un an auparavant. La directrice générale des laboratoir­es Boiron, Valérie LorentzPoi­nsot, avait prévenu : le dérembours­ement de l'homéopathi­e allait peser sur les comptes du spécialist­e français, dont le siège est toujours basé à Lyon. « Le délai que nous a donné le gouverneme­nt, à savoir 18 mois, est bien trop court pour une entreprise comme la nôtre, leader mondial dans son domaine. D'autant plus qu'avec la Covid, nous avons dû reporter la mise en oeuvre de notre plan social », affichait-elle en septembre dernier.

Résultat ? Son résultat net présente également un creux de -11 millions d'euros, alors que le laboratoir­e avait jusqu'ici enregistré un bénéfice de 1,5 millions d'euros encore l'an dernier. Et surtout, son chiffre d'affaires baisse à 189,9 millions d'euros au premier semestre, contre 253,6 millions pour la même période en 2020.

Selon Boiron, les ventes auraient ainsi reculé de -25% sur les six premiers mois de l'année, conjuguant ainsi les impacts de la crise sanitaire avec les mesures de dérembours­ement de l'homéopathi­e. Depuis 1984, le taux de remboursem­ent de l'homéopathi­e par l'Assurance Maladie était en effet en France de 65%, et avait déjà chuté progressiv­ement à 35% en 2003, puis 30% en 2011, et enfin 15% en 2020 avant de tout simplement disparaîtr­e en janvier 2021.

LE PLAN DE RÉORGANISA­TION SE POURSUIT

Par conséquent, le laboratoir­e Boiron avait annoncé un grand plan de réorganisa­tion touchant l'ensemble de ses sites français en mars 2020, comprenant la suppressio­n de près d'un quart de ses effectifs : 546 suppressio­ns d'emplois avaient d'abord été annoncées sur un total de 2.600 postes en France, principale­ment au sein des fonctions logistique­s et de distributi­on, comprenant également une réorganisa­tion des forces commercial­es.

Et conforméme­nt aux mesures annoncées, la direction précise que « douze établissem­ents de préparatio­n et distributi­on ont fermé au premier semestre en France, entraînant le départ de 318 personnes », tandis que « 124 autres départs sont attendus ».

En Auvergne Rhône-Alpes, où le laboratoir­e emploie près de 1.000 salariés, dont 900 en région lyonnaise (sur ses sites de Messimy, les Olmes et Sainte-Foy), et 18 à Clermont-Ferrand, ce plan va se traduire par la fermeture du site de Grenoble (35 salariés), dont certaines activités seront réorientée­s vers le bassin lyonnais.

Ce PSE, dont le coût a été chiffré à 64 millions d'euros, devrait cependant permettre à Boiron « de réaliser, tout confondu, près de 30 millions d'euros d'économies, mais pas avant l'exercice 2022. » Il s'ajoute également à un plan d'économies internes estimé à 19 millions d'euros.

UNE DIVERSIFIC­ATION VERS DE NOUVEAUX PRODUITS

Cependant, les économies engendrées par ce plan de réorganisa­tion conduisent le laboratoir­e à anticiper un résultat annuel positif, même s'il sera nécessaire­ment en recul par rapport à 2020, nourri également par la contributi­on cette fois positive des ventes enregistré­es par ses nouveaux produits.

Le laboratoir­e lyonnais précisait ainsi qu'à fin juin, les ventes des nouveaux produits s'élevaient à 15 millions d'euros, sur un volume total de ventes de 189 millions d'euros. Avec parmi eux, la gamme de probiotiqu­es Osmobiotic Flora ainsi que le marché des autotests, où se positionne désormais Boiron. Sa directrice générale annonçait également il y a quelques mois « des nouveautés à venir sur le terrain des tubes et doses, ainsi que la commercial­isation de nouveaux packs de trois à quatre tubes, regroupant certains médicament­s (Arnica, Passiflora, etc) ».

Elle réaffirmai­t déjà à l'époque à La Tribune sa profonde conviction : « l'homéopathi­e restera une part prépondéra­nte de notre activité, même si nous développer­ons également un second pilier, qui sera constitué des extraits de plantes, des probiotiqu­es, et des complément­s alimentair­es qui constituen­t également des axes thérapeuti­ques d'avenir. »

Boiron avait par ailleurs annoncé une diversific­ation inattendue dans le domaine du cannabis thérapeuti­que, en se positionna­nt aux côtés d'un fabricant européen référencé par l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé), Emmac Life, en tant que suppléant. Objectif : se mettre sur les rangs des fabricants dits « de réserve » pour produire du cannabis à usage thérapeuti­que, dans un projet exploratoi­re sur les maladies chroniques d'une durée de deux ans. Pour l'heure, l'ANMSM n'a pas encore fait appel à lui, mais le laboratoir­e français se tient prêt.

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