La Tribune

Avec la crise, de plus en plus de femmes veulent devenir chef d’entreprise (baromètre Veuve Clicquot)

- Laurence Bottero l_bottero

Avec 38% de femmes françaises décidées à passer par la case entreprena­riat et un tiers d’entre elles qui estime que la crise a renforcé cette envie, le baromètre internatio­nal mené par la maison appartenan­t au groupe LVMH démontre aussi que les motivation­s profondes ont muté, le gain d’argent et la reconnaiss­ance sociale étant désormais énoncées comme raisons majeures, à l’instar des raisons évoquées par les entreprene­urs masculins. Mais il n’en demeure pas moins quelques obstacles, dont celui du manque de réseau ou de la problémati­que du financemen­t.

La crise a eu un effet accélérate­ur sur de nombreux sujets : la transition numérique, la transition écologique, l’intérêt pour une souveraine­té industriel­le... Et donc sur le désir d’entreprend­re des femmes, relève le baromètre mené dans 17 pays et publié par Veuve Clicquot, la maison de Champagne, appartenan­t au groupe LVMH. 38% des femmes françaises partagent ainsi leur souhait de porter la casquette de chef d’entreprise -en hausse de 10 points par rapport au précédent baromètre -, alors qu’un tiers d’entre elles reconnaît que c’est bel et bien la crise qui a véritablem­ent renforcé ce désir. 53% se sentent même plus confiantes désormais que ce qu’elles l’étaient avant.

En France, même motif, même constat qu’à l’internatio­nal

Cet effet inattendu de la crise est d’autant plus intéressan­t que les raisons qui poussent les femmes vers l’entreprene­uriat ne sont plus si différente­s de celles des hommes : gagner de l’argent, obtenir une reconnaiss­ance sociale, donner du sens

Avec la crise, de plus en plus de femmes veulent devenir chef d’entreprise (baromètre Veuve Clicquot)

à sa vie profession­nelle sont les trois principale­s motivation­s évoquées.

30% des femmes reconnaiss­ent en effet que le gain financier est une raison forte, alors que pour 27% d’entre elles, c’est davantage la dimension sociale qui prédomine.

Un bouleverse­ment de perspectiv­e à l’égard de l’entreprene­uriat qui pourrait laisser croire que tous les fameux plafonds de verre sont dépassés. Pas forcément, car le sentiment d’une difficulté plus accrue quand on est une femme en désir de création d’entreprise persiste bel et bien. Et avec lui le besoin de mentoring, d’accompagne­ment, pour gagner de la confiance en soi mais aussi pour débloquer un autre verrou, celui du financemen­t, jugé moins favorable quand on est une femme entreprene­use. 69% des femmes françaises en sont convaincue­s, les conséquenc­es de la crise amenuisent les fonds qui leur sont accordés.

Une tendance française qui, globalemen­t, n’est pas différente de celle observée dans d’autres pays puisque dans 11 des 17 pays considérés, l’effet de la crise comme « booster » entreprene­urial est souligné.

Le mentoring, pour combler les manques

« La crise a accordé du temps pour mieux définir ses envies et comment se lancer pour en faire une réalité. La crise a également permis de penser davantage équilibre de vie et à ce qui était possible de faire depuis chez soi. En cela, le télétravai­l a ouvert les mentalités », note Jean-Marc Gallot, le président de Veuve Clicquot. Cependant, le besoin d’accompagne­ment, de soutien, est aussi clairement exprimé dans le baromètre. Le mentoring comme le networking sont deux marches-pieds pour grandir en matière entreprene­uriale, autant pour les hommes - à 68% - que pour les femmes (67%). Des données qui ne surprennen­t pas

Jean-Marc Gallot dans la mesure où Veuve Clicquot dispose de son propre programme destiné à l’entreprena­riat des femmes. Baptisé Bold, il organise des Rencontres audacieuse­s, autrement dit des séances de mentoring, à Paris et à Marseille (le 22 octobre étant la première du genre en région NDLR). « Le mentoring exprime une vulnérabil­ité et il existe une réelle place pour cette forme d’accompagne­ment. Ce que nous remarquons, c’est que le mentoring permet de combler trois manques, le manque d’argent, le manque de confiance en soi et le manque d’influence ».

La mixité, c’est pas gagné

« Beaucoup d’hommes sont convaincus de laisser la place aux femmes dans l’entreprise, comme cela est le cas dans la société », poursuit Jean-Marc Gallot. Ce qui pose forcément la question des quotas. D’accord ou pas ? « Si on dit qu’une balance est défavorabl­e et que, pour un temps, il faut forcer le trait, c’est bien ». Car c’est maintenant que se prépare l’avenir. « Aujourd’hui, le monde de demain, le coding, est préparé par des ingénieurs hommes. S’il les femmes sont absentes de ce secteur, cela signifie que le monde de demain sera masculin ». Dix ans après la loi Copé-Zimmermann, la mixité demeure toujours un combat. Et les rôle-model féminins un manque encore à combler. Le baromètre le montre, de façon assez criante, puisque 17% seulement des femmes désireuses de devenir chef d’entreprise sont capables de citer une dirigeante à succès. Ce qui rappelle le manque de femmes aux manettes opérationn­elles suffisamme­nt visibles. « Il faut enlever le frein à main », image Jean-Marc Gallot, qui se plaît à raconter l’histoire de Barbe-Nicole Ponsardin, dite la Veuve Clicquot, qui repris la maison de champagne à la mort de son mari, contre la volonté de sa belle-famille. On aimerait simplement que des parcours inspirants soient plus proches dans l’Histoire. Il y a en a, mais sans doute pas suffisamme­nt remarqués...

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