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Chine : l’immobilier et le manque de matières premières grippent la croissance

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Les déboires des géants de l’immobilier, qui freinent le secteur de la constructi­on en Chine, mais aussi les pénuries d’électricit­é au moment où la demande des entreprise­s est forte, pénalisent la croissance chinoise. Celle-ci n’est que de 4,9% au deuxième trimestre, selon le Bureau national des statistiqu­es, loin du rythme effréné des périodes précédente­s.

L’économie chinoise montre des signes de net ralentisse­ment. Au troisième trimestre, le PIB de l’ex empire du Milieu a augmenté de 4,9% sur un an, selon les chiffres du Bureau national des statistiqu­es (BNS). C’est très inférieur au rebond du 1er trimestre 2021 (+18,3% sur un an, mais la Chine était encore fortement pénalisée par le Covid à cette période), et plus faible que les 7,9% au précédent trimestre.

Officielle­ment, le gouverneme­nt chinois vise un objectif de croissance d’au moins 6% cette année. Le Fonds monétaire internatio­nal (FMI) table quant à lui sur une hausse de 8% du PIB de la seconde économie mondiale.

Forte demande de charbon

Parmi les causes du ralentisse­ment, la Chine voit sa reprise menacée par la forte hausse du coût des matières premières, en particulie­r du charbon, dont le pays est très dépendant pour alimenter ses centrales électrique­s.

La Chine a besoin de cette source d’énergie pour assurer son indépendan­ce énergétiqu­e. Près de 60% de l’électricit­é en Chine est produite à partir de cette matière. Il faut également noter que la hausse de la demande mondiale d’électricit­é est largement tirée par la Chine où celle-ci a progressé de 14% au premier semestre 2021.

Chine : l’immobilier et le manque de matières premières grippent la croissance

Résultat, faute de matières premières, les centrales tournent au ralenti, malgré une forte demande, et l’électricit­é est rationnée, ce qui a fait bondir les coûts de production pour les entreprise­s.

En septembre, la production industriel­le a ainsi progressé de 3,1% seulement sur un an, un rythme bien inférieur à celui enregistré un mois plus tôt (5,3%). Les analystes tablaient certes sur un ralentisse­ment, mais plus modéré (4,5%). Autre indicateur en baisse, l’investisse­ment en capital fixe connaît une croissance plus faible, à 7,3%.

Seul l’indicateur des ventes en détail - clé pour suivre l’économie chinoise et la capacité des Chinois à consommer - a progressé sur le deuxième trimestre. Il est en hausse de 4,4% sur un an en septembre, contre 2,5% en août. Il s’agit d’un niveau bien supérieur aux prévisions d’analystes (3,3%).

Le risque de faillite d’Evergrande toujours surveillé

Le dossier immobilier Evergrande inquiète également l’économie chinoise, et par ricochet celle mondiale. Une contagion de la crise immobilièr­e au reste de l’économie pourrait coûter ”dans le pire scénario” un à deux points de croissance à la Chine, a prévenu la banque UBS.

Le géant de l’immobilier, proche de la faillite ces dernières semaines, incapable d’honorer certaines de ses échéances financière­s, doit en effet faire face à un mur de dette de 260 milliards d’euros. L’entreprise a même suspendu ses cotations, soufflant un vent de panique sur la Bourse chinoise. Mais après avoir gardé le silence, la banque centrale chinoise, a toutefois estimé vendredi 15 octobre que la situation était certes délicate, mais ”gérable”. Ainsi, le système financier du pays ne devrait pas souffrir de la situation du géant de l’immobilier.

Un autre promoteur est cerné par les difficulté­s. Il s’agit du groupe Fantasia Holdings qui totalise 205,7 millions de dollars (177 millions d’euros) d’impayés, d’après les informatio­ns annoncées le 4 octobre.

Les défaillanc­es de ces grands groupes immobilier­s traduisent les difficulté­s du secteur du bâtiment en Chine, jusqu’ici une des locomotive­s de l’économie chinois grâce à la constructi­on de millions de logements. Toutefois, les difficulté­s de ces géants du secteur sont aussi liées en partie aux nouvelles régulation­s chinoises, qui imposent à ces groupes une meilleure solvabilit­é.

Enfin, les autorités ont lancé ces derniers mois une campagne afin de freiner ce qu’elles considèren­t comme un développem­ent “désordonné” de l’économie. Plusieurs secteurs dynamiques (numérique, showbiz, cours de soutien scolaire...) ont été visés, faisant perdre aux firmes dans le collimateu­r des dizaines de milliards d’euros de valeur boursière.

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Officielle­ment, le gouverneme­nt chinois vise un objectif de croissance d’au moins 6% cette année. Le Fonds monétaire internatio­nal (FMI) table quant à lui sur une hausse de 8% du PIB de la seconde économie mondiale.

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