La Tribune

Les banques françaises lèvent le pied sur les hydrocarbu­res non convention­nels

- Eric Benhamou

Les six principale­s banques françaises se veulent en pointe sur la lutte contre le réchauffem­ent climatique. Après les engagement­s sur le charbon, la Fédération bancaire française entend limiter l’exposition du secteur aux énergies fossiles non convention­nelles comme le pétrole ou le gaz de schiste. Une nouvelle initiative qui s’inscrit dans une longue série d’annonces et de décisions pour décarboner les portefeuil­les de crédit.

Les banques françaises disent stop (ou presque) aux sables bitumineux et pétrole ou gaz de schiste. Dans un communiqué diffusé ce matin, la Fédération bancaire française (FBF) indique que les six plus grandes banques françaises vont cesser, à partir de janvier 2022, de financer « les projets dédiés et les entreprise­s dont la part d’hydrocarbu­res non convention­nels dans l’exploratio­n et la production serait supérieure à 30% de leur activité. La semaine dernière, la Banque Postale s’est engagée à devenir « zéro émission nette » de carbone sur l’ensemble de ses activités bancaires à l’horizon 2030.

Ces initiative­s s’inscrivent dans un plan de réduction des émissions de carbone du secteur afin de s’aligner sur les objectifs de l’Accord de Paris sur le Climat en 2015 (qui vise à limiter à 2°C le réchauffem­ent). Les banques se sont attaquées en priorité sur le charbon.

Selon la FBF, le financemen­t des entreprise­s liées au charbon ne représente plus désormais que 2,1 milliards d’euros de crédit, soit 0,16% de l’encours du portefeuil­le corporate à la fin 2020. Parallèlem­ent, souligne l’associatio­n profession­nelle, le financemen­t des énergies renouvelab­les atteint 44,3 milliards d’euros en 2020, en hausse de près de 70% en quatre ans, soit 3,5% du portefeuil­le de crédit.

La réduction de l’exposition au carbone est devenue ces dernières années un enjeu majeur pour les banques. En avril

Les banques françaises lèvent le pied sur les hydrocarbu­res non convention­nels

dernier, plusieurs banques françaises, dont BNP Paribas, Société générale et La Banque Postale ont rejoint l’initiative internatio­nale « Net Zero Banking Alliance », sous l’égide de l’ONU, qui vise une neutralité carbone des portefeuil­les de prêts d’ici 2050, avec des objectifs tous les cinq ans à partir de 2030.

Cette initiative vise à la fois à cesser le financemen­t des secteurs à fort impact carbone (charbon) mais aussi à déployer les ressources nécessaire­s pour accompagne­r les transition­s énergétiqu­es des entreprise­s, notamment celles qui sont encore fortement carbonées.

Pressions tous azimuts

De fait, la pression s’accroît de toutes part sur le secteur bancaire. Sur les marchés tout d’abord alors que les grands investisse­urs internatio­naux sont de plus en plus exigeants sur les engagement­s des grandes banques, en particulie­r dans le financemen­t du secteur des énergies fossiles. Elles le sont tout autant de la part des associatio­ns de défense de l’environnem­ent, comme Reclaim Finance et Les Amis de la Terre qui avaient dénoncé, en mars dernier, les banques françaises comme les « les plus grands financeurs européens des énergies fossiles en 2020 ».

Enfin, les régulateur­s incitent très fortement les banques sur la question environnem­entale. La Banque de France se veut très en pointe sur la lutte contre le réchauffem­ent climatique : elle a même bouclé, en juin, le premier stress test climatique sur le secteur en France. Une première mondiale même si la méthodolog­ie et les résultats sont encore loin de faire l’unanimité.

Malgré tout, il existe désormais une prise de conscience du danger de l’inaction. A la fois sur la réputation, la capacité d’attirer de nouveaux talents (la question environnem­entale devient une préoccupat­ion clé des jeunes diplômés), mais aussi sur le modèle même des banques. Comme l’a récemment souligné l’agence de notation Moody’s, le risque climatique peut dégrader significat­ivement la qualité globale des portefeuil­les de crédit.

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Les grandes banques française s’engagent à ne plus financer les projets ou les entreprise­s dans lesquels la part des énergies non convention­nelles serait supérieure à 30%.

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