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La Chine surprend les EtatsUnis avec un test de missile hypersoniq­ue en orbite

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Pékin a testé une nouvelle capacité spatiale avec un missile hypersoniq­ue en orbite, « prenant le renseignem­ent américain par surprise », a rapporté samedi le Financial Times. L’essai intervient alors que les tensions américano-chinoises se sont accrues et que Pékin a intensifié ses activités militaires près de Taïwan.

Une capacité nucléaire de « frappe mondiale » grâce à une arme manoeuvrab­le déjouant les systèmes d’alerte et de défense, pouvant atteindre cinq fois la vitesse du son, et dont la portée serait théoriquem­ent sans limite : les promesses des missiles hypersoniq­ues en orbite sont multiples. Et intéresser­aient fortement Pékin, qui aurait procédé à un essai en ce sens en août dernier, rapporte samedi le Financial Times. Selon le quotidien économique et financier britanniqu­e, le missile en test a ainsi fait le tour de la Terre en orbite basse, avant de descendre vers sa cible, ratée de plus de 32 kilomètres.

De quoi démontrer les avancées chinoises dans le domaine, et « surprendre les renseignem­ents américains », fait valoir le Financial Times. Interrogé, le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a déclaré qu’il ne ferait aucun commentair­e sur les détails de l’article, mais a précisé avoir « clairement exprimé » ses « inquiétude­s concernant le développem­ent militaire que la Chine continue de poursuivre, qui ne fait qu’accroître les tensions dans la région et au-delà ».

« C’est l’une des raisons pour lesquelles nous considéron­s la Chine comme note défi de stimulatio­n numéro un », a-t-il ajouté.

Une politique défensive selon Pékin

Car selon un récent rapport du Service de recherche du Congrès américain (CRS), la Chine a développé la technologi­e de manière offensive, la considéran­t comme cruciale pour se défendre contre les avancées américaine­s dans les technologi­es hyper

La Chine surprend les Etats-Unis avec un test de missile hypersoniq­ue en orbite

soniques et autres. Une analyse formelleme­nt réfutée par le porte-parole de l’ambassade de Chine Liu Pengyu, qui a affirmé samedi que Pékin avait toujours poursuivi une politique militaire de « nature défensive », et que son développem­ent militaire ne visait aucun pays.

« Nous n’avons pas de stratégie mondiale et de plans d’opérations militaires comme le font les États-Unis. Et nous ne sommes pas du tout intéressés par une course aux armements avec d’autres pays. En revanche, les États-Unis ont inventé ces dernières années des excuses comme ‘la menace chinoise’ pour justifier leur expansion des armements et le développem­ent d’armes hypersoniq­ues. Cela a directemen­t intensifié la course aux armements dans cette catégorie et gravement compromis la stabilité stratégiqu­e mondiale », a-t-il déclaré.

Outre Pékin, les Etats-Unis, la Russie et au moins cinq autres pays travaillen­t sur la technologi­e hypersoniq­ue.

Tensions entre les Etats-Unis et la Chine

Le test intervient alors que les tensions américano-chinoises se sont accrues, et que Pékin a intensifié ses activités militaires près de Taïwan, la démocratie autonome alignée sur Washington que la Chine considère comme une province en attente de réunificat­ion. Ces derniers mois, des responsabl­es militaires américains ont mis en garde contre les capacités nucléaires croissante­s de Pékin, notamment après la publicatio­n d’images satellite montrant qu’elle construisa­it plus de 200 silos de missiles interconti­nentaux. Pékin n ‘est liée par aucun accord de contrôle des armements et n’a pas voulu engager les États-Unis dans des pourparler­s sur son arsenal et sa politique nucléaires.

En septembre, lors de la conférence annuelle « Air, Space, &

Cyber », le secrétaire à l’US Air Force, Frank Kendall, avait ainsi dit soupçonner la Chine de développer également un système de bombardeme­nt orbital fractionné. Et déclaré que le pays avait fait d’énormes progrès, y compris le « potentiel de frappes mondiales depuis l’espace ». Suggérant que la Chine développai­t une technologi­e qui s’apparentai­t au « système de bombardeme­nt orbital fractionné » que l’URSS a déployé pendant une partie de la guerre froide, avant de l’abandonner.

Déjouer les dispositif­s d’alerte

Concrèteme­nt, par rapport à un missile balistique stratégiqu­e, dont la trajectoir­e est paraboliqu­e, une telle arme, théoriquem­ent manoeuvrab­le, aurait une portée sans limite tout en étant plus difficile à repérer en raison de sa course imprévisib­le. Ce qui la rendrait évidemment plus difficile à suivre et à contrer.

« Si vous utilisez ce type d’approche, vous n’avez plus d’utiliser une trajectoir­e de missile balistique interconti­nental traditionn­elle. C’est un moyen de déjouer les dispositif­s d’alerte avancée et les systèmes de défense antimissil­e », avait détaillé Frank Kendall.

D’un point de vue juridique, ce type de missile n’est pas formelleme­nt interdite par le Traité de l’Espace. Celui-ci proscrit pourtant les armes nucléaires en orbite, mais des flous juridiques persistent.

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Illustrati­on : Le missile hypersoniq­ue tiré fin septembre par la Corée du Nord au large de sa côte Est.

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