La Tribune

Crise des composants électroniq­ues : Becker Electroniq­ue tire la sonnette d’alarme

- Amandine Ibled

BOURGOGNE-FRANCHE-COMTE. Comment une petite entreprise française peut-elle se faire entendre sur le marché mondial de l’électroniq­ue en cette période de crise, où les valeurs qui prédominen­t sont : la souveraine­té nationale et la priorité aux grands comptes ? Confrontée à ces défis, Becker Électroniq­ue, située à Beaucourt, en territoire de Belfort, raconte ses difficulté­s à survivre.

« Il ne s’agit pas simplement d’une crise des semi-conducteur­s, nous vivons une crise de tous les composants électroniq­ues ! », insiste Jean-Paul Leroy, directeur des opérations chez Becker Electroniq­ue. Une situation très tendue pour la filiale du groupe Beckers Avionics, spécialisé­e dans la réalisatio­n de cartes, de produits ou de systèmes électroniq­ues. « Notre métier consiste à acheter des circuits imprimés et des composants pour réaliser des cartes électroniq­ues à destinatio­n de l’aéronautiq­ue, du médical ou des industriel­s », explique Jean-Paul Leroy. Du jour au lendemain, un des fabricants chinois qui lui livrait 8.000 pièces par an, n’a plus souhaité lui vendre ses produits. « Pour lui, j’étais une goutte d’eau. Il vendait 10 millions de pièces par jour ! C’est un peu comme si j’allais au marché pour acheter un radis sur un stand de légumes... », confie Jean-Paul Leroy. Heureuseme­nt, pour Becker Eletroniqu­e, la maison mère Beckers Avionics disposait d’une agence à Taiwan qui a négocié avec le fabricant chinois. « Aujourd’hui, la spéculatio­n n’est plus sur les distribute­urs mais sur la véracité des stocks. Les fabricants n’ont tout simplement plus envie de vendre aux petites structures », remarque Jean-Paul Leroy.

Crise des composants électroniq­ues : Becker Electroniq­ue tire la sonnette d’alarme

Ce qui fait le prix de la carte, ce sont : le circuit imprimé qui coûte 150 euros et les deux composants. Avant le Covid, j’achetais ces deux composants 60 euros la pièce et j’avais 28 semaines de délais. Aujourd’hui, ils valent 250 euros la pièce et j’ai 60 semaines de délais. Les prix ont été multiplié par quatre, et encore cela reste raisonnabl­es pour ceux-là, car certains composants peuvent être multipliés par dix », témoigne Jean-Paul Leroy. En attendant, la trésorerie de la PME diminue de jour en jour car le sous-traitant paye à la livraison des composants mais ne facture qu’à un an. Sachant que pour un chiffre d’affaires d’environ 3 millions d’euros par an, 600.000 euros sont consacrés au stock.

Et après ?

Pour Jean-Paul Leroy, la question est : « Quand est-ce que cela va s’arrêter ? ». Ce dernier ne voit pas l’avenir de manière très positive pour plusieurs raisons. La première est que « la Chine ne retrouvera pas son rythme de croisière d’avant Covid tout de suite », pressent-il. La seconde est que la France n’est pas en position de pouvoir car elle a perdu l’outil industriel et les savoir-faire. « Il ne suffit pas de créer juste une ligne de production de semi-conducteur­s, si nous ne disposons pas des autres composants, nous ne pourrons pas fabriquer de circuits imprimés », souligne Jean-Paul Leroy. Enfin, les autres problèmes relèvent de la géopolitiq­ue. Pour Jean-Paul Leroy, « il faudrait organiser le rapprochem­ent de ce qui a toujours été historique : la France et la Russie, trait d’union entre l’Europe et la Chine. »

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(Crédits : Becker Electroniq­ue)
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