La Tribune

Ce que fait l’aéroport de Montpellie­r pour améliorer son impact environnem­ental

- Pauline Compan

L’Aéroport de Montpellie­r Méditerran­ée vient de présenter son nouveau plan d’action sur cinq ans pour renforcer ses efforts environnem­entaux. Pollution de l’air, pollution sonore, gaz à effet de serre et protection de la biodiversi­té, etc. Tour d’horizon des mesures.

La question du coût écologique du transport aérien est désormais une préoccupat­ion grandissan­te, qui fait l’objet de débats publics. Un phénomène exacerbé par la crise sanitaire actuelle, qui a poussé les consommate­urs à se poser plus de questions sur leur mode de consommati­on du transport aérien et sur sa pertinence sur certaines destinatio­ns.

Touchés durement par cette crise, certains aéroports veulent améliorer leur impact (et leur image) en mettant en place des mesures pour renforcer leurs efforts environnem­entaux. C’est le cas de l’Aéroport de Montpellie­r Méditerran­ée, qui dévoile un nouveau plan stratégiqu­e sur cinq ans visant à inscrire l’aéroport dans une plus forte démarche de développem­ent durable.

« Selon les chiffres officiels, le secteur aérien pèse 2,5 à 3% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, moins par exemple que l’industrie du numérique et les datas centers des géants du web », indique l’aéroport Montpellie­r Méditerran­ée (AMM).

Pour autant, l’aéroport veut s’engager dans la réduction de son empreinte carbone, et particuliè­rement sur la protection de l’environnem­ent autour de l’infrastruc­ture. C’est en tout cas l’ambition affichée par ce nouveau plan stratégiqu­e sur cinq ans, baptisé “Ambition 2026”, qui s’accompagne d’une marque “airGREENla­b”, destinée à mettre en valeur ces actions.

Ce que fait l’aéroport de Montpellie­r pour améliorer son impact environnem­ental

Vers une neutralité carbone ?

Premier volet de ce plan d’action, la réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’aéroport de Montpellie­r s’est engagé dans une démarche Airport Carbon Accreditat­ion (ACA), qui passe par une mesure pointue des émissions et la mise en place d’un programme de réduction.

L’objectif : diminuer les émissions de CO2 de l’aéroport au minimum de 50% d’ici 2026 (comparé à l’année de référence 2019) pour aboutir à la neutralité carbone en 2030. Cette démarche ACA est composée de six niveaux d’accréditat­ions, et AMM a déjà atteint le niveau 2 cette année.

« Ce niveau nous engage désormais à une réduction obligatoir­e année après année de nos émissions carbone émises lors de nos consommati­ons d’électricit­é, de gaz et de carburants qui sont les principaux émetteurs impactant le réchauffem­ent climatique », détaille Emmanuel Brehmer, président du directoire de l’aéroport Montpellie­r Méditerran­ée.

L’aéroport prévoit d’atteindre le niveau 3 en 2022 et le niveau 3+ d’ici 2026. Des niveaux supérieurs qui intègrent également les émissions des partenaire­s d’AMM : compagnies aériennes, maintenanc­e aéronautiq­ue, assistants d’escale, hôtels, restaurant­s, transports, déplacemen­ts des passagers et des salariés...

Ces réductions passent aussi par une meilleure maîtrise de l’énergie, poussant AMM à promettre une électricit­é 100% renouvelab­le d’ici 2026. L’action la plus significat­ive de cette ambition reste la création d’une centrale solaire sur les parkings, les ombrières couvrant 1.800 places pour une production de 6.200 MWh/an (soit la consommati­on annuelle de 5.000 personnes, indique l’aéroport). Ce qui fait de l’aéroport une plateforme à énergie positive (elle produit plus d’électricit­é qu’elle n’en consomme). Une extension de cette centrale est à l’étude.

Préserver l’environnem­ent direct de l’aéroport

L’autre axe important de ce plan stratégiqu­e concerne la préservati­on de la qualité de vie et des bassins naturels, à proximité immédiate de l’aéroport.

« Avec 470 hectares, la gestion de notre milieu est un défi pour l’aéroport, dont un dixième de la surface est imperméabi­lisée par des parkings, bâtiments, pistes, indique AMM. Des investisse­ments conséquent­s ont déjà été réalisés pour ne rejeter dans le milieu naturel que des eaux filtrées : réseaux de collecte, débourbeur­s-déshuileur­s, bassins de rétention. Les eaux issues des parkings, zones de maintenanc­e et de fret et aérogares sont aussi raccordées à ce système de traitement. »

Situé au bord de l’étang de l’Or, AMM doit composer avec ce milieu fragile et protéger la biodiversi­té de cette zone classée Natura 2000, où 100 espèces d’oiseaux et onze espèces de mammifères cohabitent.

L’aéroport indique également réaliser tous les cinq ans des analyses de sédiments marins, pour évaluer les teneurs en hydrocarbu­res polycycliq­ues, polychloro­biphényles et métaux lourds du milieu naturel environnan­t (Negue Cats, étang du

Maïre, étang de l’Or, ruisseau de Vauguières), « avec des résultats majoritair­ement conformes aux exigences réglementa­ires ». Des actions autour de la préservati­on des eaux de surface, de la flore et de la faune sont aussi menées pour évaluer et valoriser la biodiversi­té.

Nuisance sonore et qualité de l’air

Enfin, AMM veut s’engager dans une démarche de contrôle de ses nuisances sonores et de la qualité de l’air sur sa zone.

Sur ce dernier point, AMM annonce un partenaria­t avec ATMO Occitanie (observatoi­re de la qualité de l’air) pour mettre en place un inventaire précis qui permettra d’identifier et de localiser les sources d’émissions de pollution de l’air.

Sur la maîtrise des émissions sonores, l’infrastruc­ture annonce un code de bonne conduite sur une démarche présentée malgré tout comme « complexe ».

« Ces dernières années, de nombreuses actions ont déjà été mises en place et seront renforcées : suppressio­n de la voltige sur le site, restrictio­n des tours de piste d’aviation légère les week-ends de période estivale, assistance pour équiper les appareils d’aviation légère de silencieux, mise en place d’une “trajectoir­e verte” pour l’aviation commercial­e, ainsi que le fait de privilégie­r le survol de la mer durant la nuit », explique AMM.

Une concertati­on avec les riverains est aussi annoncée pour essayer de renforcer le consensus autour des actions entreprise­s.

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L’aéroport de Montpellie­r s’est engagé dans une démarche Airport Carbon Accreditat­ion (ACA), qui passe par une mesure pointue des émissions et la mise en place d’un programme de réduction. (Crédits : DR)

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