La Tribune

Réseau de bus : Rennes roule au gaz naturel et aussi au BioGNV

- Pascale Paoli Lebailly

Rennes Métropole a inauguré le 15 octobre la première station biogaz carburant (BioGNV) pour les bus du réseau STAR, opéré par Keolis Rennes. La métropole, qui veut diviser de 50% les émissions de gaz à effet de serre sous 10 ans, travaille à l’élaboratio­n d’une charte de bonne pratique pour la production de biogaz. Celui-ci est obtenu de la méthanisat­ion de déchets organiques contrairem­ent au gaz naturel qui provient d’énergies fossiles. En Bretagne, les dérives de la méthanisat­ion font débat.

Depuis 2015, Rennes Métropole prépare le réseau de transports en commun STAR, opéré par Keolis, à la transition énergétiqu­e et n’acquiert plus de bus diesel. Outre le renouvelle­ment de son parc de bus urbains et l’acquisitio­n, auprès de Bluebus (Bolloré) et d’Evobus de 92 bus 100% électrique­s pour les lignes urbaines dès septembre 2022, la métropole a aussi décidé de la conversion du diesel vers le gaz naturel pour véhicules (GNV).

Après les bennes de collecte des déchets, c’est donc le réseau STAR qui passe au vert avec certains bus roulant au GNV. Les 39 premiers circulent sur des lignes métropolit­aines depuis septembre, en premières et deuxièmes couronnes rennaises. D’ici à 2023, 68 bus sont attendus dont 22 articulés.

C’est dans ce cadre, que Rennes Métropole et Keolis Armor, sous-traitant de Keolis, ont inauguré la première station BioGNV à Chantepie, près de Rennes.

30% de BioGNV en 2025 ; deux nouveaux dépôts

« La mobilité est le premier levier d’action pour réduire les émissions de gaz à effet de serre », insiste Matthieu Theurier, vice-président de Rennes Métropole à la mobilité et aux transports. « La motorisati­on au gaz, plus silencieus­e que celle au diesel et générant moins de vibrations, présente aussi des avantages vis-à-vis du climat et de la pollution. Les bus que nous avons retenus sont alimentés actuelleme­nt par 15% de BioGNV et le seront à hauteur de 30% à partir de janvier 2025. »

Réseau de bus : Rennes roule au gaz naturel et aussi au BioGNV

S’appuyant sur des données de l’Ademe, Rennes Métropole précise que le GNV émet 6% de CO2 en moins le diesel contre 80% pour le BioGNV. Il s’agit en effet de deux processus de fabricatio­n différents. Alors que le GNV provient principale­ment de sources fossiles, le BioGNV est obtenu de la méthanisat­ion de déchets organiques.

La première installati­on inaugurée à Chantepie, qui comprend notamment un système de distributi­on du gaz, préalablem­ent compressé, des stations de recharge classiques et des bornes de recharge accélérée, a été réalisée sous l’égide du Syndicat départemen­tal d’Energie, SDE35.

Deux autres dépôts seront à terme concernés, Linevia à Chartresde-Bretagne et RGO Mobilités à Montgermon­t, avec l’ambition de couvrir les besoins des transporte­urs puis des particulie­rs.

Avec un palier de 50% en gaz et en électrique en 2025, Rennes Métropole mise sur un réseau de bus entièremen­t décarboné en 2030, le temps que les derniers bus diesel achetés aient atteint leur limite d’usage. Ce surcoût est évalué à 23 millions d’euros et sera financé par la collectivi­té.

Énergie locale et baisse des émissions de gaz à effet de serre sous 10 ans

« Nous allons vers un parc décarboné à 100%, avec le choix de l’électrique pour les lignes urbaines et du gaz naturel pour véhicules pour les lignes métropolit­aines » rappelle Matthieu Theurier. « Ce choix s’inscrit pleinement dans la logique du Plan climat air énergie territoria­l adopté en avril 2019. »

Couvrant la période 2019-2024, ce plan affiche l’objectif de diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre sur le territoire d’ici à 10 ans, grâce à la réduction du trafic routier de 10% et le passage aux déplacemen­ts en mode décarboné sur le réseau de transports collectifs.

La future flotte 100% propre devrait progressiv­ement se fournir en énergie locale via des panneaux photovolta­ïques sur les parcs relais pour l’électricit­é et une production locale de gaz.

Sur ce plan, il existe en Ille-et-Vilaine, une vingtaine d’unités de production de biogaz injectées directemen­t par les producteur­s dans le réseau de gaz naturel, selon l’évaluation de GRDF Bretagne. Ce biogaz provient essentiell­ement d’exploitati­ons agricoles et de transforma­tion de biodéchets comme à Liffré.

Charte de bonne conduite et étude d’impact en Bretagne

« Des réflexions sont en cours pour l’exploitati­on des boues des stations d’épuration. Nous travaillon­s par ailleurs à une charte de bonnes pratiques, à l’échelle du départemen­t pour éviter la production de biogaz à partir de cultures alimentair­es », annonce Matthieu Theurier.

Plus globalemen­t, le rôle que doit jouer la méthanisat­ion dans le mix énergétiqu­e breton est au centre des préoccupat­ions du territoire. « Certaines méthanisat­ions sont acceptable­s, d’autres moins » a récemment pointé Loïg Chesnais-Girard, le président de la Région.

Le Conseil régional a d’ailleurs lancé un appel d’offres pour la réalisatio­n en 2022 d’une étude scientifiq­ue sur les enjeux de la méthanisat­ion et sur ses impacts sur l’agricultur­e et l’environnem­ent. Actuelleme­nt, 151 unités de méthanisat­ion sont en activité en Bretagne et 131 autres sont envisagées.

Alors que la collectivi­té, qui a injecté 8 millions d’euros dans

110 projets (exploitati­on laitières et porcines), ne subvention­ne plus les installati­ons depuis 2017, elle en rappelle certaines dérives : accidents sur des installati­ons agricoles ou industriel­les, pollutions de cours d’eau. Des militants de la Confédérat­ion paysanne et de l’associatio­n Eau et Rivières de Bretagne font partie des opposants à ce procédé.

 ?? ?? Les 39 premiers bus au GNV circulent sur des lignes métropolit­aines rennaises depuis septembre, en premières et deuxièmes couronnes. D’ici à 2023, 68 bus sont attendus dont 22 articulés. 30% du parc roulera au BioGNV en 2025. (Crédits : Rennes Métropole)
Les 39 premiers bus au GNV circulent sur des lignes métropolit­aines rennaises depuis septembre, en premières et deuxièmes couronnes. D’ici à 2023, 68 bus sont attendus dont 22 articulés. 30% du parc roulera au BioGNV en 2025. (Crédits : Rennes Métropole)

Newspapers in French

Newspapers from France