La Tribune

Orange souffre d’une baisse des revenus malgré la hausse des abonnement­s à la fibre

- Pierre Manière @pmaniere

En France, l’opérateur historique pâtit de la baisse des cofinancem­ents des autres opérateurs concernant le déploiemen­t de la fibre. En France, son premier marché, ses revenus chutent même de 4,1% au troisième trimestre.

Orange affiche des performanc­es en demi-teinte. L’opérateur historique, qui dévoile ce mardi ses résultats au titre du troisième trimestre, affiche un chiffre d’affaires en baisse de 0,4%, à 10,5 milliards d’euros. En France, son premier marché, ses revenus chutent même de 4,1% à 4,48 milliards d’euros ! Cette baisse intervient alors que les ventes d’abonnement­s à la fibre se portent bien. Dans l’Hexagone, l’opérateur enregistre 343.000 ventes nettes sur ce segment. A l’échelle du groupe, Orange voit sa base de clients fibre atteindre les 10,8 millions de fidèles.

Elle est « en croissance de 25,5% sur un an, portée notamment par la France et la Pologne », se félicite le groupe dans son communiqué.

Pourquoi, alors, Orange souffre-t-il autant ? L’opérateur argue que les cofinancem­ents versés par les autres opérateurs concernant le déploiemen­t de la fibre sont en baisse. Ce qui pèse sur ses comptes. De fait, pour accéder au réseau de fibre d’Orange, dans les zones moyennemen­t denses en particulie­r, SFR, Bouygues Telecom et Free ont le choix de co-investir avec l’opérateur historique. Aux dires de Ramon Fernandez, le directeur financier d’Orange, Bouygues Telecom et SFR ont effectué un

« rattrapage » sur ce front au troisième trimestre l’an dernier. Ce qui a, un temps, dopé les recettes des cofinancem­ents. C’est ce qui explique aujourd’hui, pour l’essentiel, la perte de chiffre d’affaires. Hors cofinancem­ents, Orange précise que la France

Orange souffre d’une baisse des revenus malgré la hausse des abonnement­s à la fibre

aurait été à l’équilibre, et que les ventes globales de l’opérateur aurait même progressé de 1,3%.

L’Espagne toujours en difficulté

L’Espagne constitue toujours un problème. Orange a vu ses ventes dégringole­r de 4,4% sur ce marché, qui plombe le groupe depuis plus de deux ans. « Le très gros problème que nous avons a eu en Espagne, c’est que nous avons été trop lent à nous adapter à une bascule extrêmemen­t brutale, vers le milieu et surtout le bas de marché », expliquait Ramon Fernandez, le directeur financier d’Orange, en avril dernier. Aujourd’hui, Stéphane Richard, le PDG du groupe, se veut optimiste.

« En Espagne, si le marché reste très fragmenté et impacté par la crise sanitaire, la tendance sur le chiffre d’affaires des services de détail s’améliore trimestre après trimestre, a déclaré le dirigeant, ce mardi, dans un communiqué.

Cette tendance est par ailleurs soutenue par des résultats commerciau­x positifs avec des gains de clients sur l’ensemble des segments. Les résultats sont donc encouragea­nts, et s’il reste beaucoup à faire, nous sommes entièremen­t mobilisés dans l’exécution de notre stratégie de redresseme­nt. »

L’Afrique, locomotive de la croissance

Outre ces difficulté­s, Orange réalise de solides résultats en Afrique et au Moyen-Orient. Ses ventes progressen­t fortement, de 12%, à 1,6 milliard d’euros. « Le principal moteur de cette croissance est le mobile, tiré par la data, qui bénéficie d’une augmentati­on continue de la base de clients 4G (+33,6% sur un an), précise l’opérateur. De son côté, Orange Money fait face à un environnem­ent concurrent­iel plus difficile avec une base de clients actifs de 22,6 millions en hausse de 12,5% sur un an. »

Pas de quoi, cependant, rassurer les marchés. En milieu de matinée, le titre de l’opérateur chutait de 2,61% à la Bourse de Paris, à 9,35 euros. Les investisse­urs continuent de se montrer extrêmemen­t méfiants, voire défiants, à l’égard d’Orange et plus globalemen­t vis-à-vis du secteur des télécoms. Beaucoup voient d’un mauvais oeil les énormes investisse­ments dans la fibre et dans la 5G, alors que les prix demeurent bas, du fait d’une concurrenc­e toujours féroce.

Des marchés toujours aussi frileux

« C’est un phénomène qui frappe toutes les valeurs télécoms, qui sous-performent les indices boursiers », constate Ramon Fernandez. Le dirigeant fustige la vision court-termiste des investisse­urs, lesquels, selon lui, ont du mal à envisager la manière dont Orange « prépare l’avenir » en investissa­nt dans la fibre, la cybersécur­ité ou la banque. « Nous faisons des choix stratégiqu­es », renchérit-il, estimant que l’opérateur n’a pas à être « piloté par la Bourse ».

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Ramon Fernandez, le directeur financier d’Orange. (Crédits : Reuters)
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