La Tribune

L’emploi des cadres s’envole et dépasse les niveaux d’avantcrise

- Fanny Guinochet

La dynamique du marché de l’emploi observée au printemps et cet été se confirme, selon l’Associatio­n pour l’emploi des cadres, l’Apec, qui a publié son baromètre pour l’emploi. Pour la première fois depuis le début de la crise sanitaire, le volume trimestrie­l d’offres d’emploi cadre dépasse de 8% celui de 2019, année record pour les recrutemen­ts. Les cadres expriment de fortes envies de bouger.

Avis de grand beau en matière de recrutemen­t des cadres. Avec la reprise, les entreprise­s recrutent, massivemen­t. Plus que les experts ne l’imaginaien­t. Ce troisième trimestre, l’APEC comptabili­se 127 660 offres d’emplois cadres, soit 18% de plus qu’à la même période en 2020, et 8% de plus qu’au 3eme trimestre 2019.

Certes, tous les secteurs n’en profitent pas de la même façon, mais la dynamique semble solide.

Ainsi, les filières qui recueillen­t le plus d’offres sont la santé (+45%), l’industrie pharmaceut­ique (+39%), la distributi­on (+30%) ou encore l’immobilier (+27%)... En revanche, l’aéronautiq­ue, l’automobile, ou même l’industrie, encore fragilisée­s par la crise, voient leur volume de propositio­ns d’emplois diminuer (-10%). En baisse également, les recrutemen­ts dans les médias ou la communicat­ion, les événements et salons n’ayant pas retrouvé les niveaux d’avant-crise.

Les métiers les plus demandés sont ceux d’ingénieurs ‑ dans le bâtiment, les télécommun­ications, l’informatiq­ue, la maintenanc­e, le technico-commercial... Mais aussi les juristes, les comptables, les conducteur­s de travaux...

Les cadres ont confiance en l’avenir et, c’est nouveau, envie de bouger

Face à ces perspectiv­es d’embauche en croissance, les cadres ont confiance en l’avenir. Ils sont 82% à être optimistes

L’emploi des cadres s’envole et dépasse les niveaux d’avant-crise

pour la situation économique de leur entreprise, et 69% pour leur évolution personnell­e.

Signe aussi de cette vision positive de l’avenir, la majorité d’entre eux sont prêts à bouger - d’entreprise, de poste, ou même de territoire. Alors que l’on reproche souvent aux cadres français de ne pas être mobiles, la majorité est disposée à changer de région. Aujourd’hui, par exemple, plus d’un cadre sur deux se dit prêt à changer de région s’il perd son emploi. C’est 8 points de plus qu’en septembre 2020.

« La crise et les confinemen­ts sont passés par là, et ont fait réfléchir les cadres sur leurs envies de vivre, de travailler, note Gilles Gateau, le directeur général de l’Apec. Aussi, le premier motif de mobilité est de bénéficier d’un meilleur cadre de vie, devant le seul fait d’accéder à des opportunit­és profession­nelles plus intéressan­tes, ou de se rapprocher de proches. »

Cette ambition d’un environnem­ent plus agréable est particuliè­rement marquée chez les cadres francilien­s, qui, à plus de 70%, envisagent une mobilité géographiq­ue.

C’est toutefois chez les jeunes de moins de 35 ans que l’envie de bouger est la plus forte. Alors qu’en septembre 2020, 43% l’exprimaien­t, aujourd’hui ils sont plus de 62% à la mentionner. Chez les seniors, 22% des plus de 55 ans se disent prêts à changer d’entreprise dans les mois à venir contre 17% en 2020.

De vives tensions de recrutemen­t

Les employeurs, eux, font surtout état de leurs difficulté­s de recrutemen­t. 78% d’entre eux anticipent des tensions au moment d’embaucher, soit 20 points de plus qu’il y a un an.

« Pour attirer les candidats, les entreprise­s sont prêtes à faire des efforts, notamment sur les salaires, note Gilles Gateau, mais l’ajustement salarial doit aussi avoir lieu chez les candidats, notamment ceux qui quittent les grandes métropoles. La rémunérati­on ne peut pas être la même à Cahors qu’à Toulouse. »

L’Apec rappelle d’ailleurs que 38% des cadres avaient été augmentés en 2020, et que si la période des négociatio­ns salariales s’ouvre dans les entreprise­s, pour les cadres, il s’agit surtout de revalorisa­tions individuel­les.

Signe toutefois d’un changement d’état d’esprit des employeurs: sur les offres d’emploi, ils inscrivent plus souvent qu’auparavant d’emblée les niveaux de rémunérati­ons proposées. Alors que, ces dernières années, ils se laissaient une marge de négociatio­n.

Cependant, note l’Apec, souvent, le seul salaire ne suffit pas à faire aboutir une embauche. Après cette crise, les cadres sont plus regardants en matière de télétravai­l, d’autonomie, de management.

Les seniors toujours à la peine

Reste que cette dynamique très positive de l’emploi ne profite pas à tout le monde de la même façon. Les jeunes diplômés connaissen­t encore des difficulté­s d’insertion, « il y a un embouteill­age du fait du trou d’air du Covid qui n’est pas encore résorbé, regrette Gilles Gateau. On a sur le marché plus de jeunes diplômés que les années précédente­s.»

Autre nuage, l’emploi des seniors. Quand ils sont en poste,

58% des plus de 55 ans expriment des inquiétude­s concernant l’évolution de leur rémunérati­on, 45% sur leurs perspectiv­es dans leur entreprise. 41% d’entre eux seraient prêts à renoncer au statut de cadre en cas de coup dur profession­nel.

Pis encore: 79% des plus de 55 ans pensent qu’il serait difficile de retrouver un emploi en cas de licencieme­nt. Hélas, les chiffres leur donnent raison : 42% des cadres inscrits à Pole emploi depuis plus d’un an, ont plus de 50 ans.

Lire: Chômage de longue durée: l’impasse dramatique des seniors

 ?? ?? Les embauches de cadres sont très dynamiques. (Crédits : Headway / Unsplash)
Les embauches de cadres sont très dynamiques. (Crédits : Headway / Unsplash)

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