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Retrait d’espèces au bureau de tabac : les distribute­urs de billets arrivent chez les buralistes

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Alors que le maillage de distribute­urs automatiqu­es de billets dans l’Hexagone laisse apparaitre des déserts pour accéder au cash dans certaines communes, la Confédérat­ion des buralistes et Loomis annoncent un partenaria­t pour toucher ces clients. Les

24.000 buralistes du territoire se verront proposer d’accueillir cette nouvelle activité qui poursuit la diversific­ation de leur modèle.

On l’annonçait en voie de disparitio­n avec l’explosion des solutions de paiement dématérial­isées (carte bancaire, applicatio­n mobile) remplaçant peu à peu le cash. Mais le traditionn­el distribute­ur de billets, qui a vu le jour en 1967 au Nord de Londres avec la banque Barclays, n’a pas dit son dernier mot. Une vingtaine de distribute­urs automatiqu­es, le “DAB”, seront ainsi mis en service dans des bureaux de tabac “dès le mois de novembre prochain”, aux termes d’un partenaria­t noué entre la Confédérat­ion des buralistes et Loomis, filiale du groupe suédois Securitas spécialisé­e dans le transport de fonds, annonce un communiqué commun mardi.

Les 24.000 buralistes du territoire se verront ensuite proposer d’accueillir ce nouveau service, ont précisé Loomis et la Confédérat­ion.

Alors que les ventes de tabac et de cigarettes baissent depuis 1990, comme l’indique l’Observatoi­re français des drogues et des toxicomani­es, ces buralistes font ainsi un pas supplément­aire vers la diversific­ation de leur activité. De la même manière, ils reçoivent et distribuen­t déjà les colis postaux et encaissent des “paiements de proximité”.

Retrait d’espèces au bureau de tabac : les distribute­urs de billets arrivent chez les buralistes

De leur monopole sur les produits du tabac, ‑ sur lesquels ils perçoivent une commission de 8,1% ‑, les buralistes en tirent 40 milliards d’euros de ventes par an dont 21,8 milliards. Mais beaucoup cherchent la diversific­ation des revenus.

”Le retrait d’espèces fait partie des services indispensa­bles, que le réseau peut porter”, estime Philippe Coy, président de la Confédérat­ion des buralistes, démontrant “l’utilité locale portée au quotidien” par un réseau au “maillage unique” et à la “très grande disponibil­ité” d’établissem­ents ouverts “en moyenne 12 heures par jour, six jours sur sept”.

Dans le même temps, les banques, qui historique­ment géraient ce service, ont tendance à réduire la voilure sur leurs réseaux de distribute­urs face aux nouveaux usages du numérique. Ainsi, l’usage de la carte bancaire est désormais plébiscité­e (à 86% selon le dernier baromètre CB/Kantar). De même, la part des transactio­ns en espèces dans les magasins de proximité en France ne cesse de baisser, à 60% en 2019, soit avant la pandémie.

Les réseaux concurrent­s demeurent

Les bureaux de tabac partenaire­s devront toutefois encore affronter la concurrenc­e des automates traditionn­els. Si le nombre de distribute­urs de billets s’érode en France, de 7% en deux ans, le maillage du territoire reste toujours bien assuré, selon une étude de la Banque de France.

Au total, la France, et ses 36.000 communes, compte 48.710 automates, selon l’institutio­n. Et c’est sans compter 25.000 points d’accès au cash également présents chez des commerçant­s. « 98,9% de la population réside soit dans une commune équipée d’au moins un distribute­ur, soit dans une commune située à moins de 15 minutes en voiture de la commune équipée la plus proche », pointait-elle dans un rapport en 2019. Celui-ci révélait que les distribute­urs sont quasiment absents des communes de moins de 500 habitants, pour des questions de rentabilit­é d’exploitati­on. Le partenaria­t avec Loomis va donc notamment viser ces déserts d’espèces restants.

La transforma­tion serviciell­e du bureau de tabac

Déjà, ces commerçant­s vivent aussi d’une myriade d’autres services : vente de jeux de la Française des jeux (10,7 milliards d’euros par an), prises de paris du PMU (3 milliards), bar et restaurant (1,8 milliard), vente de journaux (1 milliard), snacking (700 millions), produits du vapotage (220 millions), ou encore encaisseme­nt de taxes, gestion de comptes bancaires Nickel et de colis postaux, vente de billets SNCF...

Un récent partenaria­t a été noué avec le distribute­ur Casino, leur permettant d’accueillir un rayon alimentair­e.

En outre quelque 17.000 buralistes sont aujourd’hui “des revendeurs de produits postaux” et 1.200 sont des relais poste (structures légères sans service bancaire), représenta­nt 7% des points de contact de La Poste, selon la Confédérat­ion.

Aussi, quelque 12.000 buralistes, soit un sur deux, ont encaissé 94 millions d’euros pour le compte du fisc, pour des paiements d’amendes, de factures de crèche, de cantine ou d’hôpital, depuis la mise en place de ce service en juillet 2020, avec plus de 100.000 transactio­ns par mois.

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Au total, la France compte 48.710 automates, selon la Banque de France.

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