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Parité en entreprise: le Sénat donne son accord pour de nouveaux quotas

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Après avoir été adopté en mai par l’Assemblée nationale, le texte proposant l’établissem­ent d’au moins 30% de femmes en 2027, et de 40% en 2030, aux postes de direction des grandes entreprise­s a été validé par le Sénat. Néanmoins, la Chambre haute a apporté quelques modificati­ons. Députés et sénateurs vont désormais tenter de s’accorder sur un texte commun.

Du progrès certes, mais le chemin vers l’égalité femmes-hommes est encore long... Dix ans après la loi Copé-Zimmermann, qui a fixé un quota de 40% de femmes dans les conseils d’administra­tion des grands entreprise­s au 1er janvier 2017, le Sénat vient d’adopter mercredi soir une nouvelle propositio­n de loi visant à instaurer de nouveaux quotas.

Celle-ci prévoit une proportion d’au moins 30% de femmes en 2027, et de 40% en 2030 parmi les cadres dirigeants et les membres des instances dirigeante­s d’au moins 1.000 salariés. Le Sénat à majorité de droite a voté pour cette propositio­n de loi LREM afin d’”accélérer l’égalité économique et profession­nelle”. Ainsi, en 2030, ”dans un délai” maximum ”de deux ans”, les entreprise­s concernées devront se mettre en conformité avec cette règle, sous peine de se voir ”appliquer une pénalité financière”, plafonnée à 1% de la masse salariale.

Porté par la députée Marie-Pierre Rixain, le texte avait été adopté à l’unanimité des votes exprimés en mai dernier par l’Assemblée nationale. Députés et sénateurs vont désormais tenter de s’accorder sur un texte commun, faute de quoi l’Assemblée aura le dernier mot.

Du mieux, mais pas assez

Ce texte est néanmoins loin d’être suffisant pour la gauche qui a tenté sans succès d’abaisser le seuil de salariés à partir duquel

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les entreprise­s seraient concernées ou de raccourcir les délais. De plus, pour la rapporteur­e Laurence Garnier (LR), si cette féminisati­on via les quotas ”a eu des effets très positifs, elle n’a pas entraîné de progrès notables dans la répartitio­n des postes à responsabi­lité au sein des entreprise­s”.

”Les quotas [dans les conseils d’administra­tion] ont fonctionné mais n’ont pas eu le ruissellem­ent escompté”, a renchéri la présidente centriste de la Délégation aux Droits des femmes, Annick Billon.

En effet, ”il n’y a aujourd’hui que 25% de femmes au sein des comités de direction” des 120 plus grandes sociétés cotées en Bourse, a précisé Elisabeth Moreno, ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes.

Néanmoins, la France n’est pas la plus mauvaise élève et arrive à se démarquer en matière de féminisati­on des conseils d’administra­tion de ses grandes entreprise­s. Elle se situe en tête du podium de l’Union européenne avec 44,4% de femmes au sein des conseils d’administra­tion ou de surveillan­ce en 2019, et est en deuxième position au niveau mondial, dépassée par l’Islande (46%), selon une étude réalisée par le Crédit Suisse Research, sur 3.000 entreprise­s dans 56 pays.

D’autre part, les sénateurs ont également approuvé l’obligation faite aux entreprise­s de publier chaque année sur le site du ministère du Travail les écarts de représenta­tion hommes-femmes. Toutefois, les entreprise­s disposent d’un délai de cinq ans après la publicatio­n de la loi. Le texte de loi présenté vise également à ”lutter contre les biais de genre” dans les choix profession­nels, grâce à un ”index de l’égalité” dans les établissem­ents du supérieur et plus de mixité des jurys.

Favoriser le télétravai­l pour les femmes en fin de grossesse

Déjà, un index égalité femmes-hommes a été mis en place en 2019 dans les grandes entreprise­s françaises. Les sociétés de plus de 1.000 salariés - environ 1.400 concernées - doivent publier une note globale sur 100 décomposée en cinq critères. Si l’entreprise passe sous la barre des 75 points, elle a trois ans pour améliorer la situation, faute de quoi elle passe à la caisse. Il est prévu que la sanction puisse aller jusqu’à 1% de la masse salariale.

Enfin, le texte de loi prévoyait de faciliter l’accès au télétravai­l des femmes en fin de grossesse, mais le Sénat a modifié l’article et précisé que l’employeur serait en droit de refuser la demande si les fonctions occupées ne peuvent pas être effectuées à distance. “Déçue”, la gauche s’est abstenue sur ce texte.

 ?? ?? “Il n’y a aujourd’hui que 25% de femmes au sein des comités de direction” des 120 plus grandes sociétés cotées en Bourse, a précisé Elisabeth Moreno, ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes. (Crédits : ©Sabrina Budon)
“Il n’y a aujourd’hui que 25% de femmes au sein des comités de direction” des 120 plus grandes sociétés cotées en Bourse, a précisé Elisabeth Moreno, ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes. (Crédits : ©Sabrina Budon)

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