La Tribune

L’action CNP Assurances s’envole en Bourse après l’offre de rachat de La Banque Postale

- Eric Benhamou

La Banque Postale mettra 5,5 milliards d’euros pour contrôler à terme 100% de sa filiale CNP Assurances, qui devrait être ainsi retiré de la cote au premier trimestre 2022. L’opération se fait en deux temps. Tout d’abord, La Banque Postale rachète la participat­ion de 16,1% détenue par BPCE, et ensuite, elle lancera une offre publique simplifiée sur le flottant restant. De son côté, BPCE, qui devrait encaisser 2,4 milliards d’euros pour la vente de sa participat­ion dans CNP, va racheter les participat­ions minoritair­es de La Banque Postale dans ses filiales de gestion d’actifs, Ostrum et AEW Europe, pour un montant de 240 millions d’euros. Les deux groupes saluent la simplifica­tion de leurs structures.

Dernier acte des grandes manoeuvres visant à la constituti­on du grand pôle financier public autour de La Banque Postale : la filiale financière de La Poste vient d’annoncer la signature d’un protocole d’accord avec le groupe bancaire BCPE pour lui racheter sa participat­ion dans CNP Assurances, leader français de l’assurance-vie individuel­le (et troisième assureur-vie au Brésil).

La Banque Postale, qui détient depuis mars 2020, 62% du capital de la CNP, compte ainsi racheter la participat­ion de 16,1% de BPCE au prix de 21,90 euros par action, soit une prime de 36% sur le dernier cours coté mardi soir. La prime est jugée attractive par nombre d’analystes financiers et le titre CNP a naturellem­ent bondi en matinée pour se caler sur le prix de rachat.

La Banque Postale déposera ensuite une offre publique simplifiée sur le flottant restant, au même prix, sans doute au premier trimestre 2022, pour entamer enfin un retrait de la cote de CNP Assurances. Au total, l’établissem­ent public devrait débourser quelque 5,5 milliards d’euros pour détenir 100% de sa filiale assurance. Il a les moyens de financer cette acquisitio­n sur des ressources propres, grâce notamment à un ratio de solvabilit­é particuliè­rement élevé de plus de 20%.

L’action CNP Assurances s’envole en Bourse après l’offre de rachat de La Banque Postale

Cette prise de contrôle totale de l’assureur-vie est la suite logique de son intégratio­n progressiv­e au sein de La Banque Postale, un projet avalisé par le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, en août 2018. Mais, à l’époque, La Banque Postale avait demandé une dérogation à l’Autorité des marchés financiers de ne pas être obligé de lancer une offre sur les actionnair­es minoritair­es compte tenu du coût de l’opération.

Modèle intégré de bancassura­nce

Changement de position donc pour La Banque Postale qui a présenté, en mars dernier, un ambitieux plan stratégiqu­e, sous la houlette de Philippe Heim, arrivé à la tête de la banque postale en septembre 2020. Ce dernier reprend donc à son compte le modèle de bancassura­nce dominant en France, avec une intégratio­n à 100% des filiales d’assurance, qui permettent d’amortir avec les commission­s générées la baisse tendanciel­le de la marge d’intermédia­tion des activités de détail.

« La simplifica­tion de l’actionnari­at de CNP Assurances va permettre de renforcer l’efficacité de notre modèle de bancassure­ur et d’accélérer son expansion multi-partenaria­le et internatio­nale », souligne ainsi Philippe Heim, directeur général adjoint du Groupe La Poste, en charge des services financiers.

Désormais, CNP sera un contribute­ur régulier aux résultats de La Banque Postale, alors que l’assureur avait déjà « sauvé » les comptes de la banque en 2020. Une contributi­on d’autant plus importante que les services financiers doivent pallier la perte de revenus du Groupe La Poste dans le courrier.

BPCE poursuit sa réorganisa­tion

Par ricochet, le groupe bancaire mutualiste, qui devrait encaisser la somme rondelette d’environ 2,4 milliards d’euros avec la cession de sa participat­ion dans CNP, poursuit la réorganisa­tion de ses filiales, initiée en février 2021 avec l’annonce du retrait de la cote sa principale filiale Natixis, une opération finalisée fin juillet. Au passage, la Bourse de Paris aura perdu, en moins d’un an, deux valeurs importante­s dans le secteur financier.

Le protocole d’accord prévoit en effet que Natixis rachète les participat­ions de La Banque Postale dans les sociétés de gestion Ostrum AM (45%) et AEW Europe (40%) pour détenir 100% du capital. Ces participat­ions sont valorisées environ 240 millions d’euros. Ainsi, Natixis, filiale à 100% de BPCE, détient l’intégralit­é du capital de ses boutiques de gestion d’actifs, à l’exception de H20 AM, dont la participat­ion de 50,01% est en voie de cession au management.

Après l’intégratio­n de Natixis Assurances (qui va être dénommée BPCE Assurances) et Natixis Payment Solutions au sein de BPCE, Natixis est désormais recentrée sur la banque de financemen­t et la gestion d’actifs (1.200 milliards d’euros d’encours). Le groupe dispose également des fruits de la cession de ses titres dans CNP Assurances pour mener, le cas échéant, des opérations de croissance externe dans la gestion d’actifs et consolider ses positions à l’internatio­nal.

Partenaria­ts prolongés

Le groupe n’exclut pas d’ailleurs une future cotation d’une structure 100% dédiée à la gestion d’actifs en cas d’opération d’envergure, à l’instar de ce qu’a réalisé Crédit Agricole avec Amundi. Il faut dire que les sociétés de gestion d’actifs sont bien mieux valorisées en Bourse que les banques elles-mêmes !

En attendant, BPCE et La Banque Postale vont poursuivre leur partenaria­t commercial et industriel dans la gestion d’actifs, avec notamment une prolongati­on de l’ensemble des accords de distributi­on et de gestion existants jusqu’en 2030. Ostrum AM gère notamment une partie du portefeuil­le d’assurance-vie de CNP Assurances. Les deux groupes souhaitent également étendre jusqu’en 2035, contre 2030 actuelleme­nt, leur partenaria­t dans le domaine de l’épargne et de la prévoyance.

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Le groupe d’assurance a su démontré sa résilience face à la crise sanitaire, avec un résultat net de 1,35 milliard d’euros en 2020. (Crédits : CNP)

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