La Tribune

Covéa rachète cash le réassureur PartnerRe, après y avoir renoncé l’an dernier

- Eric Benhamou

Le groupe mutualiste Covéa revient sur le dossier PartnerRe, après avoir renoncé au rachat l’an dernier en pleine crise du Covid. L’assureur français et le holding italien Exor, propriétai­re de PartnerRe, ont annoncé jeudi soir un protocole d’accord pour la vente du réassureur pour 9 milliards de dollars, soit un prix équivalent à celui négocié en mars 2020. Pour Covéa, c’est une avancée stratégiqu­e majeure vers la réassuranc­e, alors que le groupe peine à retrouver de la croissance sur le marché français de l’assurance dommages de personnes.

C’est la série phare de la réassuranc­e. Un an et demi après avoir renoncé à l’opération, le groupe d’assurance mutualiste Covéa a annoncé hier au soir un nouveau protocole d’accord signé avec le holding italien Exor pour racheter le réassureur PartnerRe, basé aux Bermudes. Le prix reste le même que celui proposé en mars 2020, soit 9 milliards de dollars en cash (7,7 milliards d’euros). Un accord définitif est prévu d’ici la fin de l’année et une finalisati­on de l’opération.

Le groupe mutualiste a toujours en effet les moyens financiers avec « un trésor de guerre » de quelque dix milliards d’euros et un ratio de solvabilit­é le plus élevé du marché. Comme pour l’an dernier, l’acquisitio­n de PartnerRe sera financée sur les ressources propres du groupe, avec notamment une contributi­on des enseignes mutualiste­s affiliées.

Pourtant, c’est bien sur une question de prix que le projet de rachat avait capoté en mai 2020. Mais, « nos ambitions et nos axes stratégiqu­es restent inchangés », avait prévenu Thierry Derez, PDG de Covéa dans un entretien accordé à La Tribune en décembre 2020.

Covéa rachète cash le réassureur PartnerRe, après y avoir renoncé l’an dernier

Plusieurs tentatives dans la réassuranc­e

L’opération annoncée hier au soir « s’inscrit dans la stratégie de long terme de Covéa, qui anticipe les évolutions de l’environnem­ent mondial de l’assurance en diversifia­nt ses produits, ses risques et les zones géographiq­ues dans lesquelles le groupe est présent », confirme ainsi un communiqué commun de Covéa et d’Exor.

Le groupe mutualiste, qui recouvre les enseignes MAAF, MMA et GMF, a, de longue date, voulu se diversifie­r à la fois à l’internatio­nal et dans la réassuranc­e alors que son potentiel de croissance en France sur l’assurance dommages, où il est déjà numéro un sur les particulie­rs, apparaissa­it des plus limités. Après avoir tenté de jeter son dévolu sur le réassureur français Scor en 2018, déclenchan­t une bataille procédural­e d’une rare violence, Covéa s’est finalement retourné sur PartnerRe (un moment convoité par Scor).

La crise sanitaire aura eu cependant raison de la volonté déterminée de Thierry Derez face à un environnem­ent assurantie­l qui devenait incertain, avec une perte de valeur annoncée sur la plupart des groupes d’assurance et de réassuranc­e. Après avoir tenté de négocier en vain le prix à la baisse, Covéa avait jeté l’éponge.

Mais aujourd’hui, Covéa revient sur le dossier la tête haute.

Les choses ont en effet bien changé en quelques mois. Tout d’abord, après avoir encaissé les pertes du Covid, le marché de la réassuranc­e offre de meilleures perspectiv­es, avec des prix qui ne cessent de grimper. Ensuite, Covéa a réussi progressiv­ement a aplanir ses difficulté­s en France, à la fois sur plan de la gouvernanc­e du groupe, qui avait fait l’objet de sérieuses critiques de la part du régulateur, mais également sur le plan judiciaire dans son conflit avec Scor. Depuis, la gouvernanc­e a changé (même si Thierry Derez est désormais le seul assureur en France à conserver une casquette de PDG) et une paix des braves a été signé entre Scor et Covéa en juin dernier.

Enfin, et surtout, Covéa n’a jamais vraiment coupé les liens avec Exor, ni renoncé à ses ambitions dans la réassuranc­e. En août 2020, le mutualiste et le holding italien avaient annoncé des partenaria­ts importants, d’un montant total de 1,5 milliard d’euros, notamment dans des véhicules ad hoc de réassuranc­e de PartnerRe. De quoi garder un pied dans la réassuranc­e, et accessoire­ment de ne pas payer d’indemnités de rupture à Exor. Covéa a ensuite renforcé son exposition en rachetant auprès de Scor un portefeuil­le de réassuranc­e vie aux Etats-Unis.

Preuve également de la bonne entente entre les deux groupes, il est prévu, après le rachat de PartnerRe, de poursuivre la coopératio­n dans le domaine de la réassuranc­e. Il est ainsi prévu qu’Exor reprenne les participat­ions de Covéa dans les véhicules de réassuranc­e de PartnerRe pour 725 millions de dollars, soit peu ou prou le montant investi par Covéa l’été dans ces mêmes véhicules.

Enfin, Covéa, Exor et PartnerRe continuero­nt d’investir conjointem­ent dans les fonds gérés par Exor. De fait, Covéa s’est toujours distingué par une gestion plutôt agressive de son portefeuil­le, notamment dans les actions et le non coté, ce qui a permis de dégager ces dernières années de meilleurs résultats financiers que ses concurrent­s.

 ?? ?? Le PDG Thierry Derez est enfin parvenu à son objectif, offrir à son son groupe d’assurance mutualiste un deuxième pilier avec la réassuranc­e. (Crédits : Thierry Borredon)
Le PDG Thierry Derez est enfin parvenu à son objectif, offrir à son son groupe d’assurance mutualiste un deuxième pilier avec la réassuranc­e. (Crédits : Thierry Borredon)

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