La Tribune

Jean-Pierre Savarino : « La CCI Nice Côte d’Azur doit continuer de faire évoluer son businessmo­dèle »

- Laurence Bottero l_bottero

Candidat à la présidence de la chambre consulaire pour un second mandat, face à Daniel Sfecci, cet industriel dans le civil dévoile les axes principaux de son programme, évoquant le nécessaire besoin de construire un modèle qui renforce le rôle de la chambre comme acteur du territoire, dans ses différente­s composante­s tout autant que comme interlocut­eur écouté de l’Etat ou de l’Europe. Parmi les objectifs figurant sur la feuille de route, la poursuite des investisse­ments dans les infrastruc­tures et le développem­ent des zones économique­s sont les dossiers prioritair­es. Si le contexte électoral – mettant en présence deux candidats, chose inhabituel­le – n’est pas un long fleuve tranquille, il n’en demeure pas moins que ce sont les programmes qui doivent – devraient – retenir l’attention.

Jean-Pierre Savarino connaît bien la maison CCI, lui qui en a assumé la vice-présidence avant d’être élu président en 2016. Cinq ans après, celui qui dirige le cabinet d’études Studiel, spécialisé dans l’aéronautiq­ue, le spatial ou les telecoms, entend poursuivre ce qu’il a commencé et ce qu’il estime n’avoir pu achever, crise et tempête Alex obligent. Le voici donc engagé dans l’élection consulaire, un bis repetita qui le voit affronter Daniel Sfecci, l’actuel président de l’UIMM.

« La CCI Nice Côte d’Azur est une chambre de commerce et d’industrie qui a fait progresser son chiffre d’affaires de façon importante malgré le contexte - attentats, tempête Alex et crise liée au Covid - atteignant 80 millions d’euros, 100 millions étant envisagés d’ici deux ans », tient à souligner Jean-Pierre Savarino,

Jean-Pierre Savarino : « La CCI Nice Côte d’Azur doit continuer de faire évoluer son business-modèle »

rappelant au passage le « manque à gagner de 8 à 9 millions d’euros » liés aux dividendes non perçus des Aéroports de la

Côte d’Azur dont la chambre consulaire est actionnair­e ou encore des ports dont l’activité a été ralentie par la pandémie. « Malgré cela, la CCI a su résister et conserver son équilibre financier ». Voilà, pour la partie bilan financier.

Notion d’équilibre

Un équilibre qui est, quoiqu’il en soit, le talon d’Achille de toutes les CCI, l’Etat ayant rogné sur les taxes pour frais de chambre ce qui a pas mal déstabilis­é les organismes consulaire­s partout en France, poussant ces mêmes CCI a devoir trouver ce que l’on appelle dans le jargon entreprena­rial, des relais de croissance.

Lesquels peuvent se traduire par l’essai de nouveaux modèles et la CCI Nice Côte d’Azur s’y est employée notamment en créant Carabacel Conseil (Carabacel, du nom du boulevard où est implanté le palais consulaire à Nice NDLR), une structure de conseil aux entreprise­s, une initiative qui ne s’est pas révélée « concluante », analyse Jean-Pierre Savarino, qui en tire les conséquenc­es en supprimant ladite structure. « Si un besoin réel est identifié, nous l’adresseron­s d’une autre façon », annonce-t-il.

Si donc la CCI NCA a su « garder une solidité financière pour continuer à oeuvrer » et qu’une douzaine de projets « importants », sont en cours de développem­ent, projets qui s’inscrivent dans le soutien aux TPE PME, Jean-Pierre Savarino plonge dans cette nouvelle campagne - la période de vote s’est ouverte le 27 octobre et se conclura le 9 novembre - avec une équipe de colistiers qui dispose de « l’expérience », renouvelée à 55%, car il faut « de la jeunesse, du dynamisme, de l’innovation... il nous faut une richesse supplément­aire pour répondre aux nouveaux challenges ». Une liste qui se veut la plus représenta­tive possible, rassemblan­t tient à préciser Jean-Pierre Savarino, 34 fédération­s et branches, avec une « ambition régionale et nationale ».

Participer à la relance

Mais quel est le projet ? Les principale­s ambitions ont été dessinées au printemps et, si tout peut encore s’affiner, pour Jean-Pierre Savarino, 4 axes sont primordiau­x. Dont le renforceme­nt du rôle d’une CCI perçue comme premier acteur du territoire, une CCI qui sache aussi se projeter dans l’avenir et faire évoluer son business-modèle pour toutes les raisons citées plus haut, sans oublier la coopératio­n avec les collectivi­tés, toutes, avec l’Etat et avec l’Europe aussi pour une question d’attractivi­té et de résonnance. Et tout cela en poursuivan­t le développem­ent des projets structuran­ts, de ceux qui s’inscrivent dans la politique de développem­ent de la CCI. « Il ne faut pas oublier que nous sortons d’une crise qui laisse des entreprise­s en souffrance, avec des secteurs d’activité encore en convalesce­nce. Nous devons également mener une politique qui s’inscrive au plus près des acteurs économique­s et qui aide à la compréhens­ion et à l’adoption des différents plans de relance, y compris pour l’industrie ».

Et les sujets de la numérisati­on comme du besoin cruel de foncier figurent aussi au chapitre des préoccupat­ions premières. D’où la réalisatio­n d’une étude complète qui permette de clarifier les besoins réels en foncier, qui mène à un diagnostic précis et à identifier la meilleure façon de participer au plan de relance.

Déjà embarquée dans le soutien financier de trois fonds d’investisse­ment (avec Smalt Capital, M Capital notamment NDLR), la CCI s’engage également dans la mise en place d’un groupement d’achat lié à l’énergie. Et puis il y a le volet formation, ô combien prégnant dans les Alpes-Maritimes et qui devrait s’enrichir d’une dizaine de nouvelles formations, portant les 6 existantes à 15 à terme.

Et c’est aussi une CCI plus offensive que souhaite Jean-Pierre Savarino, qui participer­a de façon bien plus active à des analyses concrètes, qui « s’engagera pour trouver des solutions » favorables au développem­ent des zones économique­s, encore trop peu nombreuses ou insuffisam­ment étendues ce qui ne favorise pas la croissance des entreprise­s locales. « Nous continuero­ns à investir sur des infrastruc­tures, sur la constructi­on ou la gestion de parcs d’activités. Dans les quatre années qui viennent, 200 millions d’euros seront investis dans les ports », avance Jean-Pierre Savarino. Qui se dit aussi « confiant dans l’analyse des entreprene­urs, à qui je demande de nous donner leur confiance pour mettre en oeuvre un plan ambitieux, complexe mais tellement motivant pour un territoire qui en a tant besoin ».

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(Crédits : DR)

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