La Tribune

Les 3 scénarios d’horreur en matière de paiement online

- Pierre Lion

OPINION. Trick or treat! Qui n’a pas déjà scandé ce slogan à l’occasion d’Halloween ? Chers adultes, ne soyez pas nostalgiqu­es. Les “grands” peuvent aussi avoir leur dose de frayeurs et de sueurs froides sans forcément attendre le 31 octobre… Il suffit de se connecter sur la scène de crime la plus connue de tous : Internet. Par Pierre Lion, Chief Growth Officer chez Mangopay

Si Internet fait aujourd’hui partie du quotidien de milliards de personnes, y naviguer n’est pas toujours sans risque, en particulie­r pour les achats en ligne. Il y a peu, des milliers de Français en ont fait les frais avec la fuite de leurs données bancaires. Pirates informatiq­ues, virus, darkweb (...), le champ lexical de la Toile s’inspire allègremen­t de l’imagerie des films d’horreur... et à raison ! Décryptage de 3 scénarios de paiement en ligne qui peuvent tourner (très) mal.

”Panic Room” : alerte aux voleurs infiltrés !

Le paiement sécurisé est la priorité numéro un pour 9 Français sur 10. C’est la première informatio­n qu’ils regardent sur la page d’accueil et la page de paiement d’une marque. Ces précaution­s ne sont pas dues au hasard : tout le monde a déjà vécu ou connait quelqu’un victime de la fraude en ligne. D’après le dernier Observatoi­re de la sécurité des moyens de paiement, près de 150 milliards d’euros ont été réglés en ligne en 2020 au moyen d’une carte bancaire. Or, ces transactio­ns sont particuliè­rement visées puisqu’elles représente­nt 83 % des montants fraudés.

En termes de techniques de fraude pour les paiements en ligne, le moyen de prédilecti­on des pirates informatiq­ues reste l’usurpation d’identité. Elle pourrait coûter 206 milliards de dollars d’ici à 2025 ! Les internaute­s sont-ils condamnés à subir ce cyber « massacre à la tronçonneu­se » ?

Depuis la hausse des achats en ligne avec la crise sanitaire, les barricades pour protéger les consommate­urs se multiplien­t.

Par exemple, la deuxième directive sur les paiements (DSP2) et les Regulatory Technical Standards (RTS) ont été votées pour protéger les consommate­urs en introduisa­nt de nouvelles obligation­s vis-à-vis de l’authentifi­cation des paiements. Aujourd’hui, environ un tiers des paiements par carte bancaire sur Internet sont soumis à une double authentifi­cation d’identité.

Les 3 scénarios d’horreur en matière de paiement online

Néanmoins, pour ne pas menacer le niveau des ventes des marketplac­es ces derniers ont tout intérêt à s’entourer de partenaire­s pouvant offrir des capacités de services complets pour limiter autant que possible l’impact business sans sacrifier l’expérience de leurs clients.

”Saw” : une expérience client cauchemard­esque

Conséquenc­e directe des mesures induites par le DSP2 et l’authentifi­cation forte, la pénétratio­n des applicatio­ns mobiles bancaires progresse fortement. En effet, 72% des cyberachet­eurs ont téléchargé l’applicatio­n de leur banque et la quasi-totalité y a recours lorsqu’il s’agit de s’authentifi­er pour finaliser un achat en ligne. Si les utilisateu­rs font preuve de résilience, cette nouvelle réalité peut s’opposer aux idéaux d’achats rapides et sans contrainte­s. De même, si les consommate­urs sont de plus en plus friands de solutions innovantes tels que les wallets ou le paiement instantané, la majorité des entreprise­s sont à la traîne en la matière...

Ainsi, 94 % des e-commerçant­s français avouent mal gérer leur processus de paiement. Actuelleme­nt, l’expérience de paiement dure plus de 3 minutes en moyenne pour 31 % des Français. Or, presque un tiers des acheteurs déclare renoncer à un panier en ligne si le paiement prend plus d’une minute.

L’expérience client proposée sur une marketplac­e joue un rôle déterminan­t dans le taux de conversion. Une expérience cauchemard­esque et c’est l’assurance de voir les clients fuir. Pour convertir les visites en ventes, les marketplac­es doivent prendre le problème à bras le corps et investir en priorité sur l’optimisati­on des formulaire­s de paiement (sur ordinateur et smartphone).

Parfois, il suffit de petits ajustement­s pour que le shopping en ligne devienne une vraie partie de plaisir, garantie sans pièges.

”Halloween kills “: Le retour fois 3

Une fois une commande en ligne mise dans le panier et le parcours d’achat commencé, est-ce la fin de l’histoire ? Suspens, suspens... Non, le parcours client ne s’arrête pas là. Si offrir une expérience de paiement plus fluide est un réel levier d’acquisitio­n et de fidélisati­on, il est primordial de proposer plusieurs modalités de paiement, de peur de revoir Michael Myers surgir d’entre les morts.

Très à la mode, de plus en plus de marketplac­es proposent des services de paiement fractionné à leurs clients. Pour nombre d’experts comme Romain Mazeries, le paiement en 3 fois sans frais va fortement se développer dans les prochains mois, grâce à l’intensific­ation de la digitalisa­tion. Pour les consommate­urs, cette option a l’avantage d’éviter d’être à découvert ou d’atteindre le plafond de sa carte bancaire. D’ailleurs plus de la moitié des Français (52%) souhaitera­ient payer en plusieurs fois certains de leurs achats si l’option était proposée.

Néanmoins, attention aux dérives. Récemment, un rapport parlementa­ire a appelé le gouverneme­nt à légiférer sans délai sur le paiement fractionné, afin de mieux l’encadrer pour limiter tout risque de surendette­ment. Du côté des marketplac­es, elles ont également tout intérêt à faire appel à des partenaire­s capables de surveiller et garantir la solvabilit­é du consommate­ur désireux de payer en plusieurs fois. Sinon, gare à ce que le “buy now pay later” ne devienne pas un “pay never” !

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(Crédits : DR)

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