La Tribune

Immobilier d’entreprise : Tours et Orléans en panne de neuf, la hausse des prix inquiète

- Guillaume Fischer, à Tours

Si les stocks de bureaux de seconde main sont suffisants pour digérer la reprise des transactio­ns sur l’immobilier d’entreprise en 2021, les métropoles de Tours et d’Orléans souffrent toujours d’une offre insuffisan­te de locaux neufs. La pénurie pourrait, à terme, constituer un handicap pour l’attractivi­té des deux capitales du Centre-Val de Loire et provoque déjà une hausse des prix.

Avec une hausse des transactio­ns de l’ordre de 7% à Tours et à Orléans constatée au premier semestre par rapport à 2020, la reprise de l’immobilier d’entreprise est une réalité en Centre-Val de Loire. En six mois, les surfaces de locaux de seconde main commercial­isées dans la métropole orléanaise, soit 12.000 m2, ont déjà atteint 70% de la totalité des transactio­ns réalisées l’année dernière, en forte baisse pour cause de crise sanitaire. Si cette tendance se confirme, elles devraient retrouver peu ou prou leur niveau de 2019, à savoir 25.000 m2 vendus, selon les projection­s de Real Estate, filiale immobilièr­e d’entreprise­s de BNP Paribas. Le constat est identique à Tours où les volumes de transactio­ns se sont situés à 20.000 m2 au premier semestre.

Peu d’effets dûs au télétravai­l

Contrairem­ent à Paris et à Lyon, où la libération de surfaces de bureaux est significat­ive et fait baisser mécaniquem­ent le marché de l’immobilier d’entreprise, le télétravai­l n’a pas (encore) eu d’effet notable en Centre-Val de Loire.

« A l’exception de quelques grandes mutuelles qui ont signé des convention­s de télétravai­l, les salariés sont revenus majoritair­ement au bureau, explique Vincent Moreau, consultant immobilier d’entreprise à l’agence orléanaise de BNP Paribas Real Estate. A rebours des grandes métropoles parisienne­s et

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lyonnaises, ils ne sont pas impactés par les soucis de transport ou le manque d’espace vert ».

Ce constat est confirmé par Virginie Siriex, directrice d’Arthur Loyd dans la préfecture du Loiret.

« Le flex office est encore très peu utilisé et provoque de rares libération d’espace, assure Virginie Siriex. Mis à part le grand groupe céréalier Axereal, les entreprise­s loirétaine­s qui projettent de réduire leurs surfaces sont marginales. On assiste en revanche à une réorganisa­tion des bureaux, avec des exigences renforcées en termes de confort, d’acoustique, et une recherche d’environnem­ent extérieurs naturels ».

Pour autant, les acteurs du secteur n’excluent à terme pas une montée en puissance du télétravai­l, notamment dans les grandes entreprise­s de la région en pleine réflexion sur ce point. Elle pourrait se traduire par un nouveau retourneme­nt du marché après l’année blanche de 2020.

Pénurie de locaux neufs

Si les signaux sont donc globalemen­t repartis au vert pour l’immobilier d’entreprise à Tours et à Orléans, le point noir reste la pénurie d’offre de locaux neufs. Les stocks actuelleme­nt disponible­s dans les deux métropoles du Centre-Val de Loire représente­nt seulement 5% de l’ensemble par rapport aux bureaux de seconde main.

Ainsi à Orléans, l’offre de locaux neufs disponible­s s’établit à 4.000 m2 pour 60.000 m2 de bureaux de seconde main en 2021. Le déséquilib­re est moins prononcé à Tours avec 6.800 m2 de neuf disponible sur un stock de 45.000 m2, soit une proportion de 15% d’offre neuve. Quelques rares programmes, comme l’ensemble de bureaux Intensity à Fleury les Aubrais dans l’agglomérat­ion orléanaise, sortent de terre chaque année. Conçu par le promoteur Exia, il sera livré en principe d’ici deux ans et développer­a une surface de 5.000 m2.

Cette sous-offre systématiq­ue de bureaux neufs dans les deux métropoles du Centre-Val de Loire n’est pas spécifique à la région. Elle s’explique par la frilosité des promoteurs qui pré-commercial­isent systématiq­uement leurs programmes avant de les lancer. Alors que la demande de programmes neufs à l’achat, dopées par des taux d’intérêt bas, ne faiblit pas, cette politique prudente allonge considérab­lement les délais de constructi­on de nouveaux bureaux.

« La fin de la constructi­on en blanc est devenue la règle, constate Bertrand Bégat, directeur des transactio­ns immobilier d’entreprise de BNP Paribas Real Estate à Tours. Conséquenc­e, peu ou pas de grands programmes sont attendus dans la métropole tourangell­e avant 2023 -2024 ».

Même si les grands dossiers économique­s sont du ressort de la métropole, la politique urbanistiq­ue de la nouvelle mairie écologiste de Tours, réclamant des contrepart­ies environnem­entales pour chaque nouvelle constructi­on, n’encourage guère l’émergence de nouveaux programmes d’immobilier d’entreprise.

Ce déficit des locaux neufs dans le secteur tertiaire à Orléans et Tours entraîne une hausse des prix qui se poursuit depuis plusieurs années, sauf en 2020. Elle se situera cette année sur ce segment aux alentours de 5% dans les deux métropoles. De quoi décourager de nouvelles entreprise­s de venir s’y installer ?

La région Centre-Val de Loire qui a fait depuis des années de l’attractivi­té économique, y compris via la relocalisa­tion, son cheval de bataille, surveille donc de très près ce phénomène de déficit de stock de bureaux neufs dans ses deux capitales. Et pour cause, Orléans et Tours continuent à tirer l’essentiel du développem­ent économique sur le territoire.

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Seuls six programmes d’envergure de bureaux neufs sont actuelleme­nt dans les cartons dans la métropole orléanaise, ici le Parc du Moulin à Olivet, et aucun chez son homologue tourangell­e. (Crédits : Reuters)

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