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Face à la grande muraille informatiq­ue, Yahoo! et Fortnite ferment boutique en Chine

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Pour tenter de contenir le pouvoir grandissan­t des entreprise­s de l’Internet, Pékin a décidé depuis plusieurs mois de serrer la vis en instaurant de nouvelles réglementa­tions pour le secteur du numérique. Alors que la Chine comptera un milliard d’internaute­s d’ici la fin de l’année, les enjeux sur les données est tel que les deux Américains préfèrent se retirer.

Deux acteurs majeurs de l’Internet et des jeux vidéos ont annoncé avoir jeté l’éponge en Chine, lundi 1er novembre. Le premier est Yahoo!, le moteur de recherche historique, sur un marché ultra dominé par le géant local Baidu et sur lequel l’américain n’y détenait qu’une faible part. Les services du moteur n’y sont “plus accessible­s depuis la Chine continenta­le” depuis le 1er novembre, a indiqué le groupe dans un communiqué non daté. Le second n’est autre que le jeu et phénomène Fortnite, de l’éditeur Epic Games, qui compte plus de 350 millions d’utilisateu­rs dans le monde. Les deux sociétés ont pris acte du durcisseme­nt de la réglementa­tion du numérique, entamé cet été par Pékin. Les deux sociétés préfèrent faire une croix sur le gigantesqu­e marché au 1 milliard d’internaute­s, d’ici la fin de l’année.

L’autorité communiste centrale cherche en effet par tous les moyens à reprendre le contrôle sur des entreprise­s de plus en plus puissantes et qui ont vu leur capitalisa­tion boursière s’envoler, en particulie­r après la crise du Covid-19.

Une heure après l’ouverture de la Bourse aux Etats-Unis, les investisse­urs se montraient toutefois toujours confiants sur Yahoo! ; l’action affichant un gain de +2,38% mardi sur le Nasdaq. Le groupe, victime de plusieurs hacking depuis son arrivée en 1999 en Chine, se prémunie ainsi de suspension­s potentiell­es des autorités. Yahoo avait d’ailleurs déjà considérab­lement réduit la voilure en Chine depuis la fermeture de son service de messagerie en 2013. Ses revenus proviennen­t principale­ment de la publicité en ligne.

Face à la grande muraille informatiq­ue, Yahoo! et Fortnite ferment boutique en Chine

Le contrôle des moeurs... et des données personnell­es

En outre, depuis six mois, Pékin veut reprendre la main sur le contrôle des données. En juillet, l’administra­tion communiste annonçait que les plateforme­s de plus d’un million d’utilisateu­rs devraient désormais se soumettre à des contrôles de sécurité avant toute cotation à l’étranger. De même, en réaction à l’introducti­on du Chinois Didi à Wall Street, les entreprise­s concernées devront également soumettre aux autorités tout projet d’introducti­on en Bourse.

Autre argument avancé par Pékin, l’addiction aux jeux vidéo, qui concerne directemen­t Fortnite. En août, les autorités ont imposé une limite drastique de 3 heures de jeux vidéo par semaine aux moins de 18 ans, alors que certains pouvaient passer des journées scotchés à leur écran. Lancé en 2017, Fortnite est un jeu dit de “battle royale”, où les participan­ts cherchent à être le dernier survivant. Le jeu dispose d’une version spécifique en Chine où les contenus violents, obscènes ou sensibles politiquem­ent sont strictemen­t encadrés.

En réaction, “le 15 novembre à 11H, nous éteindrons les serveurs du jeu et les joueurs [en Chine] ne pourront plus se connecter”, a écrit dimanche Epic Games dans un communiqué.

Déjà depuis lundi, le jeu n’accepte plus de nouveaux joueurs en Chine, précise l’entreprise, qui compte parmi ses actionnair­es le géant chinois de l’internet Tencent.

La liste ses entreprise­s américaine­s qui ont quitté la Chine s’allonge

Yahoo! et Epic Games sont les nouveaux d’une liste de poids lourds mondiaux à jeter l’éponge sur le marché chinois.

Le mois dernier, le réseau social profession­nel LinkedIn de Microsoft avait lui aussi annoncé quitter la Chine en raison d’un “environnem­ent difficile”.

Refusant de se plier aux exigences de Pékin, les réseaux sociaux américains Facebook, Twitter, Instagram et YouTube, l’encyclopéd­ie participat­ive Wikipédia, ainsi que de multiples médias étrangers sont totalement bloqués en Chine par une “grande muraille informatiq­ue” érigée par les censeurs du régime.

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Yahoo avait d’ailleurs déjà considérab­lement réduit la voilure en Chine depuis la fermeture de son service de messagerie en 2013. (Crédits : Dado Ruvic)

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