La Tribune

Le Bénin cultive son agroindust­rie

- Pierre d'Herbès*

L’agricultur­e est un secteur structuran­t et stratégiqu­e pour l’économie béninoise et pour le gouverneme­nt. Les dernières actualités des filières agricoles nationales semblent confirmer la montée en puissance de leur compétitiv­ité, avec des progrès qui s’appuient notamment sur l’industrial­isation, la commercial­isation et la R&D.

Depuis 2016 la robuste croissance économique béninoise (6% en 2021), qui s’appuie largement sur l’agricultur­e (70% du PIB), s’est maintenue, et a été adossée à une réforme globale du Bénin (administra­tion, fiscalité, politique, investisse­ments, etc.). Les effets de ces réformes ont été probants, notamment avec le développem­ent important de la productivi­té de la filière coton. Le pays est en effet devenu le premier producteur de coton d’Afrique entre 2016 et 2020. Cette hausse de la production s’est accompagné­e du triplement des exportatio­ns, permettant ainsi de limiter la dépendance du pays à la réexportat­ion de produits alimentair­es vers le Nigeria.

Solidifier le secteur agricole a donc été jusqu’ici une priorité pour le Gouverneme­nt, qui s’est attaché à stimuler les rendements, développer les outils de production et moderniser les structures. A cet effet, près d’un milliard de dollars d’investisse­ments a été consenti en cinq ans, dont une part croissante d’investisse­ments privés. L’objectif est de développer l’agricultur­e béninoise via son industrial­isation, autour de sept pôles de production (anacarde, coton, karité, culture maraîchère, coton, karité, soja, mangue, pêche, aquacultur­e et l’élevage).

Développer l’industrie de transforma­tion

Conforméme­nt aux prescripti­ons de la Banque africaine de développem­ent (BAD), parues au début du mois d’octobre 2021, le Bénin poursuit sa diversific­ation vers d’autres filières agricoles tout en dynamisant l’existant (Anacarde, Coton, etc.). Celle-ci passe par la transforma­tion industriel­le, permettant de commercial­iser des produits à plus haute valeur ajoutée, tout renforçant la résilience des exportatio­ns, moins soumises aux fluctuatio­ns des cours mondiaux de matières premières.

Le Bénin cultive son agro-industrie

Dans cette optique, la filière agrumes semble prendre un poids croissant. Le 15 octobre 2021, l’Associatio­n nationale des profession­nels transforma­teurs d’agrumes (AProTAB), annonçait son ambition de parvenir à transforme­r industriel­lement

50 000 tonnes d’oranges par ans, soit un tiers de sa production. C’est en 2022 que la première usine devrait voir le jour. Elle sera basée dans le départemen­t du Zou qui est un gros producteur d’oranges. En plus de produire du concentré d’oranges congelées, l’usine fera vivre un tissu de 7 000 exploitant­s au Bénin.

Avec l’aide de l’Agence d’aide au développem­ent belge, Enable, la filière ananas bénéficie également d’investisse­ments dans son outil de production. Au total, ce sont 250 millions de Fcfa qui ont été investis au mois d’octobre 2021 dans la modernisat­ion de ses équipement­s industriel­s dédiés à la transforma­tion de l’ananas.

Investisse­ments privés

Sur le volet de la filière phare du pays, le coton, le groupe Aigle (transforma­tion coton et textiles) a récemment annoncé (22 octobre 2021) un investisse­ment d’un montant de 11 milliards de Francs CFA. Pour le gouverneme­nt béninois, il s’agit de la reconnaiss­ance de sa politique de rationalis­ation fiscale et de

L’usine sera construite au sein de la Glo-Djigbé Industrial Zone (GDIZ). Un projet lancé à l’initiative du gouverneme­nt béninois et développé par la Société d’Investisse­ment et de Promotion de l’Industrie (SIPI Bénin) et le groupe Arise Industrial Platform (IIP). A terme, l’usine devrait fournir environ 2 000 emplois à la population locale. Cet investisse­ment représente en outre une opportunit­é importante pour la reconstitu­tion de savoir-faire dans l’industrie textile.

Particuliè­rement riche d’annonces, le mois d’octobre 2021 témoigne de l’attractivi­té croissante du Bénin et de son modèle. L’industrial­isation, fondamenta­le à ce pays à revenu intermédia­ire, semble en effet se poursuivre sous de bons auspices. En parallèle, le gouverneme­nt s’attache aussi à sécuriser la commercial­isation de sa production. En ce sens, on peut citer la filière Soja. Cette dernière a homologué, mi-octobre, quatre normes de qualité. Une réussite saluée par ses partenaire­s commerciau­x asiatiques et européens.

(*) Pierre d’Herbès est consultant en intelligen­ce économique (Herbès Conseil)

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(Crédits : DR.)

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