La Tribune

En proposant des insectes dans l’alimentati­on du quotidien, Temebryo veut combler les besoins de l’agro-alimentair­e

- Rémi Baldy

La start-up née à Gap va débuter la commercial­isation de pâtes à base de farine dont une partie est à base d’insecte. Un avantage économique, écologique et nutritionn­el pour son cofondateu­r Kévin Oddon qui envisage de développer d’autres produits liés à l’alimentati­on sportive.

Des insectes dans les assiettes, l’idée fait de plus en plus son chemin. Pour l’instant, le plus courant est de trouver ces petits animaux invertébré­s pour l’apéritif. Mais le sujet intéresse les acteurs de l’agroalimen­taire dans la perspectiv­e de trouver des solutions pour nourrir une population mondiale appelée à grandir. Un secteur sur lequel se place Temebryo. La start-up gapençaise née en mars dernier veut concevoir des produits alimentair­es du quotidien en utilisant des insectes comme ingrédient. “Au départ nous pensions utiliser cette méthode pour l’alimentati­on des animaux mais nous nous sommes rendu compte que cela représenta­nt une solution d’avenir pour l’homme”, raconte Kévin Oddon, cofondateu­r de l’entreprise avec Antonin Bourgeois.

La jeune pousse propose pour le moment seulement des insectes au curry pour l’apéritif. Il s’agit de vers de la farine, des larves de scarabées, roulés à l’épice. Pour Halloween, Temebryo a lancé des sucettes laissant apparaître les insectes. Mais l’ambition de Kévin Oddon est bien de produire de l’alimentati­on du quotidien. Une première centaine de paquets de pâtes sont sur le point d’être commercial­isés. “La farine d’insecte est un complément, elle remplace la farine classique jusqu’à 15%”, explique-t-il. Avec l’amertume qu’apporte ce nouvel ingrédient au goût, ce seuil permet de ne pas heurter les papilles.

En proposant des insectes dans l’alimentati­on du quotidien, Temebryo veut combler les besoins de l’agro-alimentair­e

Un triple avantage

Pour l’instant, Temebryo passe par une ferme pour s’approvisio­nner en farine ou en vers. “Nous voulions au départ créer notre propre parc, mais c’est trop tôt il faut d’abord bien maîtriser notre commercial­isation et distributi­on”, souligne le dirigeant. La start-up ne s’appuie pour l’instant que sur ses deux co-fondateurs. Les recrutemen­ts auront lieu après les premières ventes. Pour les pâtes, la cible est un distribute­ur type Biocoop. Pour les insectes au curry, il s’agit plutôt des bars.

Si le recours à cette farine d’insectes représente un surcoût, le paquet de 250 grammes est vendu cinq euros, il offre sur le long terme plusieurs avantages selon Kévin Oddon. “Pour le modèle économique d’abord, puisqu’on ne peut pas parler vraiment d’élevage intensif pour les insectes car c’est leur modèle de vie d’être nombreux. Ecologique­ment ensuite car cela nécessite moins d’eau et d’aliments. Enfin, en termine de nutrition cela apporte beaucoup de vitamine et le taux de protéine est de 60%. C’est énorme”, liste-t-il.

Vers le marché du sport et bien-être

Des attraits qui n’échappent pas aux acteurs de l’agroalimen­taire. Dans les Hauts-de-France, la société Ynsect construit une ferme quoi produire 100.000 tonnes d’ingrédient­s. Une tendance qui s’explique aussi par l’évolution de la réglementa­tion, l’usage de vers de la farine est autorisé en France depuis le 4 mai 2021. “En Europe, un peu moins d’une dizaine d’insectes sont autorisés”, remarque Kévin Oddon qui pense que d’autres variétés pourront bientôt être utilisées dans l’Hexagone.

A moyen terme, Temebryo envisage de sortir deux autres produits : une barre protéinée et de la poudre soluble. “Nous voulons viser les marchés du sport et du bien-être compte-tenu du fort apport en protéines des insectes”, justifie Kévin Oddon. Pour mener ce projet, le duo d’entreprene­ur doit encore trouver la bonne recette pour être sûr de sa faisabilit­é.

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(Crédits : DR)

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