La Tribune

Ce que doit changer la mise en concurrenc­e des TER dans le Sud

- Rémi Baldy

C’est l’un des dossiers emblématiq­ues de la présidence de Renaud Muselier, et avant lui Christian Estrosi, à la tête de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. La mise en concurrenc­e des trains express régionaux entre dans sa dernière ligne droite, les vainqueurs des deux lots proposés par la collectivi­té viennent de présenter leur offre. Ils promettent une cadence multipliée par au moins deux en 2025.

”C’est un moment particulie­r pour le rail français et un bénéfice net pour notre territoire”, lance Renaud Muselier. Le président de la région Provence-Alpes-Côte se trouve au milieu d’une scène inattendue. Sur l’estrade, l’élu est accompagné de Thierry Mallet, président de Transdev, et Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs. Le premier a remporté le lot des trains express régionaux (TER) sur la ligne Marseille-Nice au détriment du second qui conserve toutefois l’étoile ferroviair­e niçoise (qui comprend Cannes-Grasse, les Arcs-Vintimille et Nice-Tende), lot sur lequel il était le seul en lice. Une première comme se plaît à le rappeler Renaud Muselier puisque la région Sud inaugure l’ouverture à la concurrenc­e des TER.

Si le feuilleton n’est pas tout à fait terminé, les crispation­s entre les différents acteurs semblent bien appartenir au passé. “Je veux remercier la SNCF qui fait un travail phénoménal pour que les trains arrivent l’heure”, avance même Renaud Muselier. Un discours bien loin de celui en 2016 quand la région Sud affichait des chiffres de régularité catastroph­ique avec 20% de retard et 10% de trains supprimés. Face à cette situation la collectivi­té a donc souhaité mettre en concurrenc­e l’opérateur historique du rail le plus vite possible, toutes les régions auront l’obligation de le faire en 2023.

De trains largement subvention­nés

”Ce n’est pas une privatisat­ion, c’est un renforceme­nt du service public”, défend Jean-Pierre Serrus, vice-président en charge

Ce que doit changer la mise en concurrenc­e des TER dans le Sud

des Transport à la Région. En plus de rames modernisée­s sur les deux lots concernés, le chiffre le plus marquant est celui de la fréquence des trains. Entre Marseille-Nice, le trafic doit passer de sept à quatorze allers-retours quotidiens. Du côté de l’étoile ferroviair­e niçoise, le changement se situe sur l’axe Cannes-Menton où un train doit passer chaque jour tous les quarts d’heure. “Un réseau express régional qui sera une vitrine”, estime Christophe Fanichet. La mise en circulatio­n est prévue pour 2025.

La conséquenc­e globale de cette mise en concurrenc­e est de proposer une offre plus qualitativ­e avec d’avantage de train, une régularité accrue (de 93% à 97,5% pour le lot 1 et de 97% à 98,5% pour le lot 2) et des services comme le wifi ou de la restaurati­on. Le tout sans que cela n’implique une hausse des prix. “Il n’y aura pas d’impact sur le tarif d’un billet”, confirme Renaud Muselier. Et pour cause, la Région reste autorité régulatric­e. Autrement dire, c’est elle qui fixe les règles sur le nombre de trains, les arrêts desservis, etc...

Pour le prix, là encore l’impact dépend de la collectivi­té puisque le TER est en quasi-totalité financé par de l’argent public. “Aujourd’hui, on prend les transports publics parce que c’est efficace. L’enjeu n’est pas le prix mais la qualité de service”, expose Thierry Mallet. Transdev a beau débuter en France, le groupe privé n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il transporte déjà 11 millions de passagers par jour à travers 17 pays dont l’Allemagne où il est le numéro 2.

De gros investisse­ments

Toutes ces évolutions ont un prix. Il atteint 870 millions d’euros sur dix ans pour le lot 1, avec l’achat de nouvelles rames et la constructi­on d’un centre de maintenanc­e pour mieux gérer le trafic. Pour le lot 2, la concession pour une décennie coûte 1,5 milliard d’euros. Des investisse­ments majeurs qui favorisent forcément le développem­ent du ferroviair­e.

L’autre enjeu de cette mutation est bien sûr social. Puisque sur la ligne remportée par Transdev, environ 160 cheminots doivent être transférés vers le groupe privé. “Nous jouerons la carte de la transparen­ce”, insiste Thierry Mallet. Les points clefs se situent autour des salaires, des avantages comme les facilités de circulatio­n ou encore de l’organisati­on du travail. “Nous aurons recours à la polyvalenc­e des agents”, avance le PDG de la filiale de la Caisse des Dépôts.

Un travail de négociatio­n qui s’effectue conjointe avec la SNCF, Christophe Fanichet prévient d’ailleurs que les pourparler­s “se dérouleron­t jusqu’en 2025”. Soit lorsque la mise en circulatio­n sera effective. Les deux dirigeants se veulent confiants, précisent que si c’est une première dans le monde ferroviair­e français la démarche est très courante dans le service public. Renaud Muselier rappelle toutefois que la réussite de cet appel d’offres “est un enjeu national pour Transdev et la SNCF car ils seront ensuite en compétitio­n partout”.

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(Crédits : GONZALO FUENTES)

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