La Tribune

Finances locales : Baroin fustige les choix “incompréhe­nsibles” de l’Etat

- César Armand @Cesarmand

Aquinze jours d’un 103è congrès qui verra David Lisnard ou Philippe Laurent succéder à François Baroin, le président (LR) de l’associatio­n des maires de France a chiffré la dette Covid des communes à 5-6 milliards d’euros. “La facture est très lourde pour les dépenses de fonctionne­ment”, a asséné le maire de Troyes (Aube).

C’était le 25 août dernier. Dans un communiqué de presse, le maire (LR) de Troyes, François Baroin, a annoncé qu’il ne se représenta­it pas à la présidence de la puissante associatio­n des maires de France (AMF). Après sept ans sur le devant de la scène, l’ancien ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy a désigné le maire (LR) de Cannes, David Lisnard, pour lui succéder. Sauf qu’entre-temps, le maire (UDI) de Sceaux,

Philippe Laurent, et secrétaire général de l’AMF, s’est, à son tour, porté candidat à la tête de l’associatio­n d’élus.

Une dette Covid de 5 à 6 milliards d’euros

A quinze jours du 103è congrès des maires qui verra ainsi David Lisnard ou Philippe Laurent succéder à François Baroin, ce dernier a profité d’une conférence de presse, le 3 novembre, pour dresser le bilan du quinquenna­t Macron. ”L’investisse­ment public est porté par les collectivi­tés. Nous sommes au rendez-vous de la relance et de la coordinati­on des grands investisse­ments”, a déclaré le maire (LR) de Troyes.

Fin septembre, le cabinet Stratégies Locales a en effet révélé dans La Tribune que la trésorerie disponible sur les comptes des collectivi­tés locales avait atteint, fin juillet, le niveau record

Finances locales : Baroin fustige les choix “incompréhe­nsibles” de l’Etat

de 72 milliards d’euros. De la même manière que la Banque postale collectivi­tés a relevé ”un effet de rattrapage des projets” et même ”une hausse de l’investisse­ment de 4 milliards d’euros” dans lesdites communes.

A la veille de dévoiler une étude conjointe de la Banque postale et de la Banque des territoire­s - deux entités du groupe Caisse des Dépôts - sur la situation financière des communes et intercommu­nalités en 2020, François Baroin a donc redemandé à l’Etat la nationalis­ation de la dette Covid.

”La facture est de l’ordre de 5 à 6 milliards d’euros”, a-t-il précisé à La Tribune. “L’Etat a pris 20 points de PIB et le “quoiqu’il en coûte” ouvre les vannes. C’est incompréhe­nsible que cette dette n’ait pas été actée”, a-t-il poursuivi.

Une facture “très lourde” pour les dépenses de fonctionne­ment

Pour le maire (LR) de Troyes, les efforts des collectivi­tés territoria­les sont ”considérab­les” depuis le début de la crise économique et sanitaire : soutien au milieu associatif, prélèvemen­t des taxes, maintien des transports en commun, agrandisse­ment des terrasses...

”La facture est très lourde pour nos autofinanc­ements et nos dépenses de fonctionne­ment, mais nous n’avons pas le droit d’aller voir un banquier contrairem­ent à l’Etat”, a encore asséné François Baroin.

Comme les autres échelons locaux, les communes ont en effet l’obligation légale de voter des budgets équilibrés. C’est la fameuse “règle d’or” sur le déficit.

Aussi, relancé par La Tribune sur le rôle que pourrait jouer les collectivi­tés dans la gouvernanc­e de France 2030, le maire (LR) de Troyes a estimé que sur les 60 à 65 milliards d’euros investis chaque année, seuls 9 milliards d’euros venaient de l’Etat et des programmes d’investisse­ment d’avenir (PIA).

”Tout le reste, c’est nous ! Cela serait donc inconcevab­le et ce serait comme un coureur qui se lance dans la Grande Boucle sans son vélo”, a-t-il ajouté.

”Une dévitalisa­tion budgétaire et financière” des communes

En réalité, François Baroin n’a toujours pas digéré la baisse des dotations décidée par le président Macron dès le début de son quinquenna­t. De 10 milliards d’euros, celle-ci a finalement été, dès juillet 2017, de 13 milliards d’euros. ”C’est un non-respect de la parole donnée. Ça nous a pris de court et cela a constitué un premier élément de tension”, a encore tonné le maire de Troyes.

Ses potentiels successeur­s ont également donné de la voix. Le maire (LR) de Cannes, David Lisnard, a fustigé la ”dévitalisa­tion budgétaire et financière” des communes. De la même façon que le maire (UDI) de Sceaux, Philippe Laurent, a déclaré ”espérer” que le prochain débat présidenti­el porte sur les questions d’autonomie fiscale et de décentrali­sation.

En attendant, la tradition républicai­ne veut que le chef de l’Etat, ou à défaut son Premier ministre, se rende en ouverture ou en clôture du congrès des maires, de surcroît à cinq mois de la fin de son mandat. Si Emmanuel Macron s’était rendu porte de Versailles fin 2019, rien n’est moins sûr pour 2021. ”Le président de la République nous honorera certaineme­nt de sa présence”, a affirmé François Baroin.

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Le maire (LR) de Troyes (Aube) François Baroin quittera son mandat de président de l’associatio­n des maires de France (AMF) mi-novembre. (Crédits : Charles Platiau)
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