La Tribune

Encore dans le dur, Europlasma commence à profiter de l’accélérati­on de sa croissance

- Jean-Philippe Déjean

Le groupe Europlasma a bouclé un premier semestre 2021 en net redresseme­nt sur un an en termes d’activité. Si de nombreux indicateur­s du groupe sont encore dans le rouge, ce dernier semble bien parti pour sortir de l’ornière à moyen terme. Désormais maison-mère des Forges de Tarbes, Europlasma dispose avec cette filiale d’un nouvel outil industriel quasi unique en France, qui occupe une position centrale dans sa nouvelle stratégie de croissance.

Le groupe Europlasma, basé à Morcenx (Landes), spécialist­e des technologi­es de dépollutio­n utilisant la technologi­e de la torche à plasma, est désormais au coeur d’une nouvelle phase de sa relance. Ce nouveau chapitre de son plan stratégiqu­e représente toutefois un vrai défi à relever pour un groupe qui en a certes affronté de nombreux autres avec succès, parfois à la limite d’être mortels, depuis sa fondation en 1992 par Didier Pineau. Toujours d’avant-garde dans sa spécialité, Europlasma est notamment la seule entreprise capable de neutralise­r à titre définitif et de recycler sans aucun risque les déchets d’amiante, une fois qu’ils ont été vitrifiés par les torches à plasma de sa filiale Inertam.

Cette relance d’Europlasma par son nouveau PDG, Jérôme Garnache-Creuillot, a été rendue possible par l’interventi­on en amont du financier Pierre Vannineuse, dirigeant de la société anglaise de gestion ABO, qui a ouvert la porte à un refinancem­ent massif du groupe. Rappelons qu’en avril dernier Jérôme Garnache-Creuillot a annoncé un plan de financemen­t de 100

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millions d’euros sur sept ans. Stratégie de développem­ent qui passe aussi par une diversific­ation du groupe landais.

Tarbes Industry est devenu Forges de Tarbes grâce à Europlasma

C’est ainsi que le 4 août dernier le tribunal de commerce de Paris a validé la reprise par Europlasma de la société industriel­le Tarbes Industry, une opération annoncée fin mai. Spécialisé­e dans le forgeage, le traitement thermique et l’usinage des métaux cette entreprise industriel­le, rebaptisée Forges de Tarbes depuis le mois d’août, et qui travaille aussi pour l’armée française, a la capacité de fabriquer des corps creux de grandes dimensions et donc des torches pour le groupe Europlasma, qui s’est engagé à investir 10 millions d’euros dans cette forge au cours des « prochaines années ».

Preuve de la confiance faite au groupe landais et de l’importance de cette reprise, qui a permis le sauvetage des Forges de Tarbes, la ministre des Armées, Florence Parly, s’est rendue en visite officielle sur ce site industriel le 11 octobre dernier. En prenant le contrôle des Forges de Tarbes le groupe Europlasma se donne les moyens de fabriquer lui-même ses torches à plasma, objectif qui correspond à sa nouvelle stratégie d’équipement et de prestation­s de services à forte valeur ajoutée pour ses clients.

Le groupe a levé 12 millions d’euros au cours du semestre

La situation financière d’Europlasma pourrait sembler paradoxale voire même difficile à comprendre vue de l’extérieur. Mais il ne faut pas oublier que le groupe landais est coté sur le marché boursier et qu’il peut s’appuyer sur un très large bloc d’actionnair­es qui, malgré les risques et les contrainte­s, continuent à répondre présents. Et c’est bien à partir de cet irremplaça­ble appui, que Pierre Vannineuse, lui-même actionnair­e de longue date, a bâti sa stratégie de refinancem­ent et de relance d’Europlasma où les opérations dilutives ont alterné jusqu’ici avec la reconfigur­ation du capital mis en bourse.

Une forme de chirurgie assez lourde, qui en l’occurrence semble devoir déboucher sur des perspectiv­es encouragea­ntes. C’est ainsi qu’au 1er semestre 2021 le groupe Europlasma a réussi à lever la bagatelle de 12 millions d’euros : un montant correspond­ant à la quantité de carburant dont il avait exactement besoin pour couvrir cette période. Au terme de ce premier semestre, Europlasma a réduit sa dette financière de 51 %, à 1,7 million d’euros.

Un chiffre d’affaires en pleine explosion

Alignés sur la même tendance positive, souligne la direction, les fonds propres se reconstitu­ent rapidement, de -16,5 millions d’euros au 31 décembre 2020 à -7,9 millions d’euros au 30 juin 2021. Sur le plan de la gestion, aux vues de son compte de résultat, le groupe pourrait sembler être dans le dur. Ce serait oublier que l’an dernier à la même époque il était dans le très dur.

Témoignant du rebond salutaire opéré par le groupe sur ses marchés, le chiffre d’affaires d’Europlasma a explosé sur un an, passant de 66.000 euros au 1er semestre 2020 à 3 millions d’euros au 1er semestre 2021. Une explosion essentiell­ement alimentée par Inertam qui, avec l’inertage de 1.700 tonnes de déchets d’amiante, a réalisé 2,7 millions d’euros de chiffre d’affaires (contre 25.000 euros au 1er semestre 2020).

Résultats : moins de raisons de broyer du noir

”Inertam, fleuron industriel de la technologi­e plasma, atteint aujourd’hui des niveaux de productivi­té inégalés. Nos importants investisse­ments réalisés sur ce premier semestre commencent à être visibles sur le second semestre 2021 et porteront pleinement leurs fruits en 2022”, annonce Arnaud Derisson, directeur financier du groupe Europlasma.

Mais tandis qu’il remonte la vague de la croissance à pleine puissance, Europlasma enfourne de grosses quantités d’eau.

Son résultat opérationn­el courant ne s’améliore pas et s’enfonce même un peu sur un an, passant à -6,63 millions d’euros (contre -6,17 millions d’euros en 2020). S’il reste encore négatif, à -4 millions d’euros, le résultat financier d’Europlasma va toutefois en s’améliorant puisqu’il remonte de +23,3 % sur an (-5,3 millions d’euros en 2020). Au final, le résultat net du groupe est encore négatif et légèrement à la baisse (-2,4 %), avec une perte de -11,1 millions d’euros au 1er semestre 2021 (contre -10,8 millions d’euros l’an dernier).

Des perspectiv­es en Chine populaire pour traiter les poussières

En plus de l’acquisitio­n des Forges de Tarbes, Europlasma s’est depuis plusieurs mois lancé dans une autre diversific­ation, celle de la préparatio­n de déchets préparés pour être des combustibl­es efficaces, les CSR (combustibl­e solide de récupérati­on). Nouveau secteur d’activité qui prend la suite de la très dangereuse tentative de mise au point par le groupe de la production d’électricit­é à partir de déchets ménagers et de

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biomasse, portée par Cho Morcenx. La direction du groupe rappelle ainsi qu’en mars dernier un contrat de fourniture­s de

CSR d’un montant de 4,5 millions d’euros sur cinq ans a été signé avec un opérateur dont l’identité est restée secrète.

Une diversific­ation jugée majeure par le groupe pour le marché français, au même titre que la montée en puissance des moyens de traitement des déchets d’amiante par Inertam. Parallèlem­ent Europlasma s’est engagé dans le déploiemen­t en Chine du traitement des cendres volantes issues de la combustion des déchets banals (Refiom). Mais aussi, en collaborat­ion avec une université chinoise, dans le traitement des déchets d’aluminium : un premier four pilote est d’ailleurs en test. Autant d’éléments qui fondent l’optimiste de la direction quant à l’avenir du groupe.

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Agence Appa/Eric Barrière)
L’ancien site de confinemen­t des déchets d’amiante d’Europlasma avant traitement, un endroit mortel sans protection adaptée, saturé de poussières toxiques. (Crédits : Agence Appa/Eric Barrière)
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