La Tribune

L’Amérique du Nord, levier d’attractivi­té pour l’Aéroport de Nice ?

- Laurence Bottero l_bottero

L’annonce mi-octobre de l’ouverture d’une ligne directe Nice-New-York par United à partir du printemps 2022 est significat­ive de l’intérêt que le continent nord-américain porte à la Côte d’Azur et à sa plateforme aéroportua­ire. D’autant que les Etats-Unis ont à nouveau ouvert leurs frontières et que d’ici quelques mois, ce sont cinq compagnies qui opéreront depuis Nice. Ce qui est sert le segment loisirs certes, mais aussi le business et les investisse­ments étrangers, ce qui contribue évidemment au développem­ent économique du territoire.

Alors que les frontières des Etats-Unis s’ouvrent à nouveau, l’intérêt des compagnies aériennes pour des liaisons depuis Nice et l’Amérique du Nord signifie davantage que la simple bonne nouvelle d’une opportunit­é supplément­aire de rejoindre Big Apple sans escale.

Mi-octobre, l’annonce faite par United d’une liaison rejoignant New-York Newark depuis Nice vient ainsi compléter les lignes déjà existantes, particuliè­rement celles opérées par Delta Airlines et La Compagnie.

« Nous travaillon­s à la reprise de l’activité. United avait déjà exprimé son intention d’ouvrir une liaison depuis Nice », indique Franck Goldnadel, le président du directoire des Aéroports de la Côte d’Azur qui y voit aussi une capacité des compagnies à être à l’écoute des demandes exprimées, alors même qu’elles ont souvent « été clouées au pilori parce que considérée­s comme pas suffisamme­nt agiles. Elles prouvent au contraire, leur capacité à être plus efficaces, plus réactives, à l’écoute des besoins du marché ».

De l’importance de l’efficience économique

Et l’un des besoins, c’est de pouvoir rejoindre le continent nord-américain le plus vite et efficaceme­nt possible, en se

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dispensant donc d’escales et d’obligation d’emprunter des hubs. Et cela, le président du directoire des Aéroports de la Côte d’Azur, qui gère la plateforme Nice Côte d’Azur ainsi que celle de Cannes-Mandelieu et de Saint-Tropez, l’explique par un autre point prépondéra­nt dans le transport : des avions plus efficaces d’un point de vue économique. « Cela permet de relier Nice aux grandes capitales mondiales, sans passer par de grands hubs. L’émergence d’avions plus efficaces offre la possibilit­é là où on pensait devoir alimenter de grands tronçons, d’installer des lignes directes. Et la transition environnem­entale aide aussi à permettre ces liaisons directes », complète Franck Goldnadel. Avec des avions plus efficients, la volonté d’emprunter aussi des lignes plus en « circuit court » en quelque sorte est rendue possible. Ce qui ne signifie pas pour autant la fin des hubs. « Il y aura toujours nécessité de passer par des hubs, on ne peut pas relier n’importe quelle ville avec une autre », indique bien le président du directoire d’Aéroports de la Côte d’Azur.

Clairement, la crise a remis en cause de grands principes, dans le transport aérien comme ailleurs. Mais c’est bien le progrès technologi­que qui offre aussi la possibilit­é de répondre à des changement­s de comporteme­nts ou de consommati­on.

« Il y a encore cinq ou dix ans, nous n’avions pas les avions efficaces pour le faire. Il était alors difficile de rentabilis­er une ligne directe », explique le président du directoire.

Intérêts convergent­s

Avec bientôt cinq compagnies qui opéreront au départ de Nice Côte d’Azur pour l’Amérique du Nord, c’est tout un potentiel entre les deux destinatio­ns et plus largement entre les deux territoire­s qui se conforte. Un potentiel à la fois sur le segment du tourisme de loisirs mais aussi sur celui du BtoB. C’est par ailleurs ce que Franck Goldnadel appelle des « intérêts croisés ». « Les Américains ont naturellem­ent envie de visiter les territoire­s qu’ils connaissen­t ». Et on sait que la Côte d’Azur, vue depuis les Etats-Unis ou le Canada constitue une destinatio­n privilégié­e. « Pour les Américains, la Côte d’Azur c’est comme Paris, ils savent parfaiteme­nt positionne­r Cannes ou Nice sur une carte », confirme Franck Goldnadel.

Mais à l’aspect tourisme de loisirs s’ajoute l’aspect investisse­ments étrangers. Des entreprise­s, notamment de la tech, comme Symphony ou PostProces­s Technologi­e, ont opté pour une implantati­on sur le territoire, siège européen ou centre de R&D. Il y a donc, même d’un point de vue BtoB, une appétence entre l’Amérique du Nord et la Côte d’Azur. « Il y a certes ce que l’ouverture vers le continent nord-américain offre en termes de tourisme d’affaires et de loisirs, mais en même temps, nous devons ouvrir des destinatio­ns internatio­nales pour les entreprise­s du territoire », analyse Franck Goldnadel, qui ne cache pas le travail et la réflexion menée avec les acteurs économique­s pour ouvrir des destinatio­ns qui vont bien avec les velléités d’export ou de prospectio­n pour les PME et ETI azuréennes.

Le renfort vers le continent américain est évidemment une bonne nouvelle pour la plateforme aéroportua­ire elle-même et, sa taille, son positionne­ment lui sont favorable. « Nous travaillon­s à sortir de la crise plus fort et plus vite. Autant de grands aéroports, qui sont des hubs, peuvent mettre plus de temps à en sortie, autant notre taille (Aéroports de la Côte d’Azur est tout de même le second aéroport tricolore NDLR) nous permet de retrouver un meilleur trafic ». Pour rappel, les Etats-Unis représenta­ient 400.000 passagers par an, constituan­t le troisième marché étranger de la Côte d’Azur, le Canada représenta­nt pour sa part, 100.000 passagers chaque année.

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(Crédits : DR)

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