La Tribune

Pourquoi la Bretagne veut installer 1.000 agriculteu­rs par an

- Pascale Paoli Lebailly

La Région a lancé le 18 octobre à Lorient les états généraux de l’installati­on et de la transmissi­on dans le secteur agricole. Cette concertati­on dont le travail durera plus de six mois vise à préparer un grand plan breton pour assurer le renouvelle­ment des génération­s au sein des exploitati­ons et répondre à l’objectif de 1.000 installati­ons par an d’ici à 2028. L’avenir de la filière est en jeu avec, à la clé, l’ambition de l’orienter vers l’agroécolog­ie.

Une exploitati­on bretonne sur deux aura besoin d’un repreneur dans les 10 ans. La Région Bretagne accompagne déjà deux-tiers des 750 installati­ons annuelles, dont un tiers en agricultur­e biologique, mais veut amplifier le mouvement.

Pour répondre à l’objectif de 1.000 installati­ons par an qu’elle s’est fixée pour 2028, la collectivi­té a lancé le 18 octobre à Lorient les états généraux de l’installati­on et de la transmissi­on.

Cette large concertati­on régionale dont le travail commun durera plus de six mois a pour but de préparer un grand plan breton destiné à assurer le renouvelle­ment des génération­s au sein des exploitati­ons. Associant toutes les parties prenantes de l’installati­on et de la transmissi­on (collectivi­tés, coopérativ­es, syndicats, organismes de formation, banques, SAFER...), elle doit aboutir à une feuille de route concrète pour l’été 2022.

Les mesures mises en oeuvre seront concomitan­tes avec l’entrée en vigueur de la nouvelle politique agricole commune (PAC), fixée au 1er janvier 2023.

Conserver la densité des exploitati­ons

« L’installati­on est majoritair­ement liée à la transmissi­on d’activité qui est la meilleure façon de développer la transition agroécolog­ique de l’agricultur­e bretonne », a insisté Loïg Chesnais-Girard, le président de Région Bretagne lors de cette matinée.

Pourquoi la Bretagne veut installer 1.000 agriculteu­rs par an

« Le modèle agricole breton est fondé sur des exploitati­ons familiales. Aujourd’hui moins de quatre exploitati­ons sur dix sont reprises. Si nous ne trouvons pas une nouvelle dynamique à l’installati­on, nous risquons de tendre vers une extension trop forte des exploitati­ons.»

En Bretagne, la superficie moyenne des fermes est de 60 hectares contre 80 hectares au niveau national. Or, lorsque les fermes deviennent trop grandes, la reprise s’avère difficile voire impossible en raison du coût du foncier.

Souhaitant éviter une « financiari­sation » de l’agricultur­e, le Conseil régional estime que la densité des fermes en Bretagne reste un atout pour la région.

« C’est ce qui fait l’aménagemen­t rural, qui crée du lien social et permet d’avoir des production­s quantitati­ves et qualitativ­es. Le défi du renouvelle­ment des génération­s est aussi celui du maintien des structures familiales », ajoute pour sa part Arnaud Lécuyer, vice-président de la Région chargé de l’agricultur­e, de l’agroalimen­taire et de l’alimentati­on.

Promotion de l’agroécolog­ie

La première réunion des états généraux, sur les cinq prévues autour de thèmes comme l’accès au foncier ou à l’attractivi­té du secteur, visait à fixer les grandes lignes du futur plan d’action régional.

Pour préparer l’avenir de la filière, la Région met en avant quatre grandes priorités pour l’agricultur­e bretonne. Outre le renouvelle­ment des génération­s et la préservati­on du foncier agricole, elle souhaite poursuivre la transition agroécolog­ique des filières et des exploitati­ons et renforcer la compétitiv­ité des exploitati­ons.

« L’élevage n’est pas un ennemi de l’environnem­ent », estime Loïg Chesnais-Girard qui milite en parallèle pour positionne­r la Bretagne « en leader du bien-manger » et en faveur d’un retour à l’autonomie, comme dans la production laitière.

52% des agriculteu­rs à la retraite sous dix ans

Première région agricole française, la Bretagne comptait cet été près de 26.000 exploitati­ons (1,6 million d’hectares de terres cultivées) et 67.800 actifs agricoles, contre 37.500 exploitati­ons en 2007. Le territoire, dont la valeur de production s’établit à 8,9 milliards d’euros par an, fournit au plan national 57% des porcs, 41% des oeufs, un tiers des poulets et 22% de la collecte des oeufs.

Selon la Chambre régionale d’agricultur­e, près de 2.000 agriculteu­rs bretons prennent, chaque année, leur retraite. 52% d’entre eux partiront dans les dix prochaines années.

Le profil des exploitant­s montre que plus de la moitié a plus de 50 ans, plus d’un tiers est âgé de plus de 55 ans et qu’un quart des nouvelles exploitati­ons agricoles est géré par des femmes. La moyenne d’âge à l’installati­on aidée s’élève à 29,7 ans.

 ?? ?? Première région agricole française, la Bretagne comptait cet été près de 26.000 exploitati­ons. (Crédits : Andrew Stawarz / Flickr / CC BY ND 2.0)
Première région agricole française, la Bretagne comptait cet été près de 26.000 exploitati­ons. (Crédits : Andrew Stawarz / Flickr / CC BY ND 2.0)

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