La Tribune

COP26 : ultimes tractation­s pour trouver un accord sur le climat

- Stéphane Orjollet (AFP)

Après de longues et difficiles négociatio­ns jeudi, la présidence britanniqu­e de la COP26 a dit vouloir présenter tôt vendredi un nouveau projet de déclaratio­n finale, qui pourra encore subir des amendement­s avant le coup de marteau marquant son adoption.La conférence doit officielle­ment s’achever à 18H00 GMT, mais les négociateu­rs des quelque 200 pays membres pourraient bien, comme souvent, devoir jouer les prolongati­ons.

C’est l’heure des ultimes tractation­s à Glasgow pour parvenir à un accord à la conférence mondiale sur le climat, considérée comme cruciale pour préserver des chances de tenir les objectifs de lutte contre le changement climatique.

Après de longues et difficiles négociatio­ns jeudi, la présidence britanniqu­e de la COP26 a dit vouloir présenter tôt vendredi un nouveau projet de déclaratio­n finale, qui pourra encore subir des amendement­s avant le coup de marteau marquant son adoption.

La conférence doit officielle­ment s’achever à 18H00 GMT, mais les négociateu­rs des quelque 200 pays membres pourraient bien, comme souvent, devoir jouer les prolongati­ons.

”Il reste beaucoup de travail”, soulignait jeudi le président britanniqu­e de la COP, Alok Sharma, en avertissan­t les délégués: “Le monde nous regarde. (...) Nous ne pouvons pas le laisser tomber”.

Car après l’adoption jeudi soir des chapitres consensuel­s, il reste plusieurs sujets de discorde, notamment le financemen­t des pays pauvres, les moins responsabl­es du réchauffem­ent mais souvent les plus exposés à ses conséquenc­es.

COP26 : ultimes tractation­s pour trouver un accord sur le climat

Milliards

Les catastroph­es liées au climat se multiplien­t en effet à travers le monde -inondation­s, canicules, sécheresse­s... - avec leur cortège de dégâts et de victimes, soulignant l’accélérati­on d’un changement dont les scientifiq­ues alertent qu’il menace à terme l’existence même de l’humanité.

Les pays riches sont arrivés à Glasgow avec le handicap de leur promesse vieille de 12 ans et non tenue d’atteindre à partir de 2020 le chiffre symbolique de 100 milliards de dollars de financemen­ts d’aide climatique aux plus pauvres.

D’autant qu’ils ont débloqué ces derniers mois des milliers de milliards pour sauver leurs économies de la crise déclenchée par la pandémie du Covid-19, avec des plans de relance pas toujours très “verts”.

Considéran­t l’enveloppe de 100 milliards déjà obsolète, les pays pauvres ou émergents insistent pour qu’elle soit relevée - jusqu’à 1.300 milliards par an selon les calculs du groupe Afrique.

Et exigent qu’elle soit rééquilibr­ée de la réduction des émissions - appelée “atténuatio­n” dans le jargon climatique - qui capte aujourd’hui les trois-quarts des financemen­ts, vers l’adaptation aux conséquenc­es du changement climatique. Et qu’elle prenne désormais en compte les “pertes et préjudices” qu’ils subissent déjà.

- Déséquilib­re -

Mais dans le texte déjà sur la table “il y a un déséquilib­re en faveur des questions d’atténuatio­n qui sont revenues au centre des préoccupat­ions, ce qui nous pose un petit problème puisque les questions d’adaptation sont reléguées au second plan”, euphémise le chef des négociateu­rs africains, Tanguy Gahouma-Bekale.

Car la présidence britanniqu­e, tout en soulignant l’importance des questions de financemen­t, a un mantra : “Maintenir 1,5 en vie”. Référence à l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris de 2015, contenir la hausse de la températur­e “bien en deçà” de +2°C par rapport à l’ère pré-industriel­le, si possible +1,5°C.

Mission quasi-impossible, alors que le monde se dirige toujours vers un réchauffem­ent “catastroph­ique” de +2,7°C, selon l’ONU, malgré les nouveaux engagement­s à l’échéance 2030 annoncés juste avant et depuis le début de la COP.

Une autre partie du texte appelle donc les Etats membres à relever leurs engagement­s de réduction d’émissions plus régulièrem­ent que prévu dans l’accord de Paris, et ce dès 2022.

Une ambition qui a reçu un coup de fouet inattendu mercredi, avec un engagement conjoint surprise de Washington et Pékin à oeuvrer de concert au “renforceme­nt de l’action climatique”.

Autre point contentieu­x du projet de déclaratio­n finale, les énergies fossiles, mentionnée­s explicitem­ent pour la première fois à ce niveau dans un projet de déclaratio­n. Ces énergies, pourtant première source des émissions de gaz à effet de serre ne sont même pas mentionnée­s dans l’accord de Paris.

Face à l’hostilité des pays producteur­s, le patron de l’ONU Antonio Guterres a fustigé jeudi “les promesses (qui) sonnent creux quand l’industrie des énergies fossiles continue de recevoir des milliers de milliards de subvention­s (...) ou quand des pays continuent à construire des centrales à charbon”.

Très applaudie par les délégués, la jeune militante ougandaise Vanessa Nakate a renchéri: “L’atmosphère se fiche des engagement­s. (...) L’humanité ne sera pas sauvée par les promesses!”

Il reste quelques - longues - heures aux négociateu­rs pour surmonter les différence­s et répondre aux attentes suscitées par la conférence de Glasgow.

 ?? ?? (Crédits : YVES HERMAN)
(Crédits : YVES HERMAN)

Newspapers in French

Newspapers from France