La Tribune

Seules 3% des entreprise­s risquent de ne pas pouvoir rembourser les PGE, selon l’Etat

- Fanny Guinochet

Jugeant que la reprise économique est dynamique, le gouverneme­nt ne veut plus rajouter de délai supplément­aire pour le remboursem­ent d’un prêt garanti par l’Etat (PGE) contracté par une entreprise. Le risque de défaut de paiement est minime assure Bercy.

Le gouverneme­nt estime avoir fait suffisamme­nt preuve de tolérance. Il a déjà décalé d’un an, de mars 2021 à mars 2022, les remboursem­ents des prêts garantis par l’Etat (PGE). Mais maintenant il faut passer à autre chose, a expliqué Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, lundi 15 novembre, devant plusieurs centaines de patrons de cafés, hôtels, restaurant­s, traiteurs ou discothèqu­es, réunit pour le 6eme congrès du GNI-Synhorcat, qui regroupe les indépendan­ts du secteur.

Il n’y aura plus de nouveau report possible. « Je pense que le remède serait pire que le mal », a ajouté, le ministre. « Redécaler d’un an, je pense que cette mesure générale, transversa­le, n’est bonne pour personne », a poursuivi Bruno Le Maire.

Et d’expliquer que l’économie redémarre mieux que prévu : « j’aurais pu l’envisager si l’économie n’avait pas redémarré, si on était encore en situation de grande difficulté économique, mais, là, on va faire au minimum 6,25 % de croissance ».

Une illustrati­on de la fin “du quoi qu’il en coûte”

Aussi, les sociétés qui ont contracté un prêt garanti par l’Etat, dès que le dispositif a été lancé, c’est-à-dire en mars 2020, lors du premier confinemen­t, devront démarrer les remboursem­ents dès mars 2022. Soit dans quatre mois.

Depuis le début de la crise sanitaire, selon Bercy, près de 693.000 entreprise­s ont bénéficié de ces prêts à taux très bas - maximum 1,5% jusqu’en 2023 pour les PME, puis maximum 2,5 % jusqu’en 2026. Ce système est destiné à renflouer leur trésorerie, et à faire

Seules 3% des entreprise­s risquent de ne pas pouvoir rembourser les PGE, selon l’Etat

face à la chute brutale de leur activité imposée lors des confinemen­ts ou restrictio­ns sanitaires.

Et cette aide s’est souvent révélée très précieuse, dans les secteurs les plus fragilisés par la pandémie, comme le tourisme, les transports, la restaurati­on ou l’hôtellerie. Un soutien indispensa­ble pour les entreprise­s, notamment pour les plus petites. Preuve en est, les toutes petites sociétés, qui souvent comptent moins de 10 salariés, représente­nt plus de 85% des bénéficiai­res. En moyenne, le montant emprunté s’élève à 90 000 euros. Mais de plus grands groupes - comme Air France ou Renault - doivent aussi leur survie à cette mesure.

Un taux de défaut des entreprise­s d’à peine 3 %

Selon le ministère de l’Economie, près de 16% des sociétés bénéficiai­res ont déjà totalement rendu l’argent, quasiment sans y avoir touché. Elles avaient pris un prêt par sécurité, mais n’en ont pas eu besoin. Un tiers des entreprise­s a déjà enclenché les remboursem­ents, sans attendre le délai limite.

Et l’exécutif n’est pas inquiet : il estime le taux de défaut des entreprise­s - c’est-à-dire celles qui ne réussiraie­nt pas du tout à rembourser - ne devrait pas dépasser 3 %. L’an dernier, il estimait ce taux plutôt autour du double, à 6-7%. Mais la situation des entreprise­s s’améliore plus vite que prévu. Et elles ont au total six ans pour rembourser ces prêts.

Le ministère se défend toutefois de tout abandon. Pour celles qui malgré tout ne s’en sortiraien­t pas, il promet de les accompagne­r, de les aider mais en faisant du cas par cas. Elles pourront obtenir quelques étalements d’échéances, mais de manière exceptionn­elle, avec des solutions individuel­les. Exit en revanche les mesures universell­es ou sectoriell­es mises en place jusqu’alors.

Les PGE toujours ouverts

Bruno Le Maire a ainsi annoncé la semaine dernière la fin des aides aux coûts fixes. Après l’extinction du fonds de solidarité, l’exécutif avait annoncé le prolongeme­nt de cette mesure au mois d’octobre destinée à prendre en charge certaines factures dans les secteurs économique­s toujours empêtrés par la crise. Il s’agissait des entreprise­s situées dans les secteurs S1 et S1 Bis. Ces domaines regroupent des sociétés dans la restaurati­on, l’hôtellerie, l’événementi­el mais aussi les remontées mécaniques, les agences de voyage ou encore les sociétés de transport.

Enfin, le dispositif des prêts garantis par l’Etat reste accessible. Des entreprise­s fragilisée­s par la crise, qui ont des soucis de trésorerie, peuvent encore en faire la demande. Elles ont jusqu’au mois de juin 2022. Par ailleurs, pour renforcer les fonds propres cette fois, Bercy a prolongé les prêts participat­ifs de relance jusqu’à fin 2023 et va lancer des obligation­s de relance.

La prolongati­on de ces dispositif­s doivent pourtant encore obtenir l’aval de la commission européenne, « dans le cadre temporaire de soutien à la liquidité en période de crise ». La Commission doit se prononcer le 17 novembre prochain mais l’exécutif français est très confiant. Au point d’avoir déjà introduit la dispositio­n dans le projet de loi de finances 2022, qui doit être adopté par l’Assemblée nationale en première lecture ce mardi. Signe que le feu vert de Bruxelles est une simple formalité.

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Bruno Le Maire refuse un nouveau report des prêts garantis par l’Etat (Crédits : Reuters)

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