La Tribune

Le gendarme de la Bourse de New York retoque un ETF adossé au bitcoin

- Eric Benhamou

Après avoir autorisé la négociatio­n de deux ETF adossés à des cryptomonn­aies, la SEC s’est opposée, vendredi dernier, à la commercial­isation d’un troisième ETF proposé par le gestionnai­re VanEck. Motif invoqué : trop de risques de fraude ou de manipulati­on de marché. De nouvelles décisions de la SEC sont attendues sur d’autres lancements d’ETF, ce qui pourrait forger une doctrine du régulateur américain sur ces produits.

La SEC, le gendarme boursier américain, souffle le chaud et le froid sur les fonds indiciels cotés (ETF) adossés au bitcoin. Quelques jours après avoir donné son feu vert à la cotation de deux ETF (ProShares Bitcoin Strategy et Valkyrie Bitcoin Strategy), il vient de rejeter la demande déposée par Cboe BZX, une bourse alternativ­e, pour coter le fonds Bitcoin Strategy ETF de VanEck. La décision a surpris les observateu­rs et les gestionnai­res d’actifs.

L’autorisati­on récente de la SEC à la commercial­isation de deux ETF a été en effet interprété­e comme le signe d’un assoupliss­ement de sa position sur ce dossier des ETF, qui traîne depuis plusieurs années. Le puissant patron de la SEC avait déjà entrouvert la porte aux fonds dédiés cet été lors de son premier discours sur les cryptomonn­aies. Les deux premiers lancements aux États-Unis ont donc été considérés comme le prélude à une avalanche d’ETF sur le bitcoin, d’autant qu’ils ont rencontré un franc succès auprès des investisse­urs.

Or, de nombreux investisse­urs institutio­nnels, comme les fonds de pension, ne peuvent pas en effet investir directemen­t dans les cryptomonn­aies mais uniquement via des ETF, qui sont eux-mêmes exposés aux cryptomonn­aies via des contrats à terme. Le principal avantage des ETF est que ces produits se négocient sur un marché réglementé comme n’importe quelle action, sans passer par le processus complexe d’achat et de vente d’une cryptomonn­aie.

Le gendarme de la Bourse de New York retoque un ETF adossé au bitcoin

Risque de fraude et de manipulati­on

Pour rappel ; il n’est pas nécessaire d’obtenir un visa de la SEC pour lancer un ETF mais, en revanche, le gendarme des marchés peut s’opposer à sa commercial­isation dans un délai de 75 jours. C’est ce qui s’est produit pour l’ETF de VanEck.

Le régulateur a justifié sa décision en estimant que Cboe BZX n avait pas suffisamme­nt mis de garde-fous pour empêcher d’éventuelle­s transactio­ns frauduleus­es ou de tentatives de manipulati­on (« wash trading ») du marché du bitcoin. Un argument régulièrem­ent avancé par la SEC depuis dix ans pour bloquer les demandes de lancement d’ETF sur les cryptomonn­aies.

Plusieurs ETF sont actuelleme­nt en attente d’une décision de la SEC pour débuter la négociatio­n, ce qui permettra sans doute de forger une véritable doctrine du gendarme des marchés sur ces produits. En attendant, tous les grands fournisseu­rs d’ETF sont sur le pied de guerre pour se lancer à leur tour sur ce marché prometteur.

 ?? ?? Les ETF pourraient générer un nouvel afflux de capitaux sur le bitcoin, notamment des fonds de pension aux États-Unis. (Crédits : DADO RUVIC)
Les ETF pourraient générer un nouvel afflux de capitaux sur le bitcoin, notamment des fonds de pension aux États-Unis. (Crédits : DADO RUVIC)

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