La Tribune

Cloud décentrali­sé et accompagne­ment des startups, la nouvelle vie de David Gurlé après Symphony

- Laurence Bottero l_bottero

Après avoir laissé les manettes opérationn­elles de Symphony, la licorne dont le centre de R&D est basé à SophiaAnti­polis, son fondateur n’en a pas fini pour autant avec l’entreprena­riat, bien au contraire. Outre le projet d’un cloud décentrali­sé qui prévoit un business modèle encore original, celui qui se définit lui-même comme serial entreprene­ur apporte via Kuezt, toute son expertise et ses conseils aux startups disruptive­s, le but étant de leur permettre de grandir et devenir dans le futur, PME ou ETI. Un David Gurlé « qui s’amuse ».

Cela fait désormais près de neuf mois que David Gurlé n’est plus aux manettes opérationn­elles de Symphony, la fintech qu’il a créé en 2014 et dont le centre de R&D est installé au coeur de la technopôle de Sophia-Antipolis. Plus dans l’opérationn­el certes, mais bel et bien toujours dans la stratégie. Un changement voulu et réfléchi, mais comme pour tout changement, « il n’est pas facile de passer la main. Il n’y a jamais de moment opportun ».

Moins de mains dans le cambouis donc mais David Gurlé avait des envies, précises. « Je savais que je ne voulais plus intervenir sur le volet opérationn­el. Lorsqu’on assume la direction générale d’une entreprise, l’engagement doit être total », ou comment faire sous-entendre que cela bride l’entreprene­ur hyperactif et curieux. « En revanche, je sais que je suis bon pour créer des technologi­es de rupture qui ont un impact sur un écosystème et j’ai envie d’apprendre ».

Voilà comment David Gurlé, auto-défini « serial entreprene­ur » et « plein d’idées », s’embarque dans (deux) nouvelles aventures.

Cloud décentrali­sé et accompagne­ment des startups, la nouvelle vie de David Gurlé après Symphony

La ruche comme réponse au besoin de souveraine­té

Il y a d’abord un projet, encore en développem­ent, dont il dévoile les grandes lignes et la philosophi­e. Un projet disruptif s’il en est : celui du cloud décentrali­sé. Appelé aussi distribute­d secure cloud.

« Il existe des ressources et des technologi­es pour adresser le cloud d’une autre façon » estime David Gurlé. « On utiliserai­t la technologi­e du peer to peer - comme ce que Skype à fait - et j’aimerais l’amener sur le marché commercial, car aujourd’hui les technologi­es existent mais l’offre commercial­e à cette échelle n’existe pas. Ce serait un mélange savant de la cryptologi­e pour pouvoir crypter les données, de peer to peer networking pour pouvoir distribuer les données sans les perdre et les retrouver d’une manière cohérente, et de blockchain, pour pouvoir garantir que ce qui a été dit a bien été exécuté ». Hive Computing

Services aura donc comme but de « créer une ruche mondiale en mettant en commun les ressources et d’offrir une alternativ­e au cloud centralisé qui est essentiell­ement américain ». Une solution surtout qui vient répondre au désir de souveraine­té française, mais aussi européenne... Tout en s’inspirant d’un modèle économique bien connu, très bien utilisé par de grandes marques américaine­s justement, mais que personne n’a encore appliqué au secteur de la technologi­e. Un business-modèle qui est celui de « Airbnb ou Uber, où on partage des ressources, à travers une applicatio­n, et qui génère un revenu ». Ici, les ressources sont les ordinateur­s, des ressources qui seront louées, avec un système d’échange. « Si vous partagez 50 Go de votre disque dur avec le réseau, le réseau va vous donner 50 Go gratuits, c’est un système d’échange. En revanche, si vous voulez utiliser 100 Go mais que vous ne pouvez partager que 50 Go, les 50 Go supplément­aires seront facturés, non pas par Hive mais par les autres utilisateu­rs, qui disposent de davantage d’espace, à un prix défiant toute concurrenc­e, moins cher que les autres solutions existantes, comme Dropbox. Hive se rémunère via des frais de transactio­n ».

« Utiliser mieux ce que l’on a »

Un token spécifique va être créé pour permettre ces transactio­ns d’achat/vente. Un service sera également déployé pour les entreprise­s, lesquelles pourront ainsi s’appuyer sur leur parc d’ordinateur pour booster leur data center, réduisant ainsi les coûts et permettant en même temps, un recyclage de l’énergie. « Derrière tout cela, il y a l’idée de la sauvegarde­r la planète, de recycler ce que l’on a déjà acheté et d’utiliser mieux ce que l’on a, afin de réduire la consommati­on d’énergie qui existe dans les centres de données qui, d’ici 2025, vont compter pour 20% de la consommati­on de l’énergie mondiale ».

Pour donner vie parfaite à Hive, David Gurlé est engagé dans une levée de fonds qui devrait lui permettre de recueillir 5 à 7 millions d’euros. « Hive sera une société française globale », comprendre basée en France mais à envergure mondiale.

Aider les startups à changer le monde

Mais en attendant qu’Hive devienne une réalité, David Gurlé contribue aussi autrement à avoir un impact sur un écosystème, en accompagna­nt les startups « qui ont des rêves, qui veulent changer nos habitudes, qui veulent changer le monde ». Ça, c’est la mission de Kuezt, opérationn­elle depuis le mois de septembre dernier, qui accompagne des entreprise­s implantées en France, en Australie, à Hong-Kong, aux Etats-Unis. Des entreprise­s confrontée­s à des problémati­ques propres à beaucoup de startups, étant donné que l’entreprena­riat innovant est encouragé et que les fondateurs, jeunes ou moins jeunes, « ont une vision, un rêve, mais n’ont pas nécessaire­ment les compétence­s ou les moyens. Ils ont l’idée, ce coup de génie dont ils pensent qu’il peut être conçu et acheté et qu’il peut améliorer l’existant ».

Or, souligne David Gurlé, un fondateur de startup ne peut pas tout savoir, sauf qu’il est obligé de faire comme s’il maîtrisait chaque sujet, autant vis-à-vis de ses investisse­urs que de ses salariés, les uns pouvant mal le juger, les autres estimant que sa légitimité vient de sa connaissan­ce... et le voilà aussi dépourvu pour aller chercher les expertises nécessaire­s, quand les grandes entreprise­s peuvent, elles, facilement faire appel aux sociétés de consulting. C’est précisémen­t cela qu’apporte Kuezt : le conseil avisé, l’expérience et le réseau. « Souvent le fondateur connaît ses limites et veut trouver une solution à ses lacunes ». Sauf qu’il n’existe pas de solution parfaite, chacune - business angel ou accélérate­ur par exemple - ayant ses propres limites soit dans l’accompagne­ment dans le temps ou dans la capacité à investir. « C’est l’accumulati­on des problèmes non résolus qui finissent par avoir la peau des startups », constate David Gurlé. Ainsi

Kuezt prend-t-elle entre 0,5% et 3% du capital des pépites qu’elle accompagne, lesquelles s’acquittent également d’une souscripti­on variant de 5.000 à 10.000 euros en fonction de leur chiffre d’affaires. Des pépites techno, mais pas que. « Je veux être diversifié, je ne veux pas être étiqueté comme accompagna­nt uniquement les startups technologi­ques, car les problémati­ques que nous traitons se trouvent partout dans la chaîne alimentair­e des startups », indique David Gurlé. Qui assure n’avoir aucun objectif de chiffre d’affaires mais plutôt celui que les startups accompagné­es performent davantage après l’accompagne­ment de Kuetz, qu’avant...

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(Crédits : DR)

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