La Tribune

La startup Aviitam et le CHU de Montpellie­r innovent contre le risque de dénutritio­n

- Cécile Chaigneau @CChaigneau

Sensibilis­er au risque de dénutritio­n et faciliter son diagnostic. C’est l’ambition du partenaria­t public-privé entre le CHU de Montpellie­r et de la startup Aviitam, à l’origine du développem­ent du nouveau logiciel DENUM. Dangereuse du point de vue santé, la dénutritio­n a aussi un coût économique. L’expériment­ation de DENUM commence ce 18 novembre. Il pourrait, à terme, intéresser tout établissem­ent de santé ou Ehpad, susceptibl­e d’être confronté à la dénutritio­n de patients.

Le CHU de Montpellie­r rappelle que « la dénutritio­n touche environ 2 millions de personnes en France, avec des conséquenc­es graves, que ce soit sur le plan médical (complicati­ons, mortalité, etc.) ou médico-économique ». « Une personne sur deux est dénutrie à l’hôpital mais on n’en diagnostiq­ue que 5 à 7% car il n’y a pas suffisamme­nt de personnel pour faire un état des lieux », précise le Dr Vincent Attalin, médecin nutritionn­iste coordinate­ur de l’Unité Transversa­le de Nutrition au CHU de Montpellie­r.

Le Dr Attalin est aussi le cofondateu­r (en 2014 avec le Pr Antoine Avignon) de la startup montpellié­raine Aviitam, qui a mis au point un carnet de santé de suivi et de prévention des maladies chroniques permettant de centralise­r et partager les données médicales d’un patient avec ses médecins : « Notre solution s’adresse à l’ensemble des personnels de santé et propose des chemins, des étapes pour améliorer la santé, par exemple une feuille de route sur le sommeil, sur l’obésité, sur le diabète. C’est comme un GPS pour accompagne­r le patient ». Son modèle économique : des programmes de santé, de suivi et d’optimis

La startup Aviitam et le CHU de Montpellie­r innovent contre le risque de dénutritio­n

ation des soins achetés par des établissem­ents de santé, des profession­nels de santé ou des mutuelles ou des assurances qui seront prescripte­urs auprès des patients. La startup emploie six salariés et aura réalisé un chiffre d’affaires de 300.000 euros en 2021, selon le Dr Attalin.

Du QR Code au diagnostic

Pour répondre au risque de dénutritio­n, qui peut toucher les patients atteints d’une maladie chronique ou d’un cancer ainsi que les personnes âgées, Vincent Attalin a eu l’idée de mettre au point une solution numérique d’aide au diagnostic de dénutritio­n. Et c’est dans le cadre d’un partenaria­t public-privé entre Aviitam et le CHU de Montpellie­r qu’a été conçu le logiciel DENUM, officielle­ment lancé ce 18 novembre au CHU de Montpellie­r à l’occasion de la semaine de la dénutritio­n.

Car le Dr Attalin l’assure : il est simple de diagnostiq­uer une dénutritio­n, la perte de poids étant un très bon indicateur. L’Unité Transversa­le de Nutrition (UTN) du CHU de Montpellie­r avait lancé, en 2018, la journée “Mon poids, un indicateur de taille” afin de sensibilis­er les patients et les soignants à l’importance de se peser, avec une question initiale : “Comment faire à l’hôpital pour sensibilis­er les gens à la nécessité de se peser ?”.

Avec DENUM, le Dr Attalin pousse l’opération un cran plus loin, en initiant une nouvelle façon de diagnostiq­uer le risque de dénutritio­n via un nouveau parcours proposé aux patients du CHU : interpellé­s par des affiches et flyers, ils sont invités à photograph­ier un QR Code qui les emmène vers un questionna­ire sécurisé d’évaluation du risque nutritionn­el. « Le patient renseigne son âge, son poids aujourd’hui et il y a six mois, sa taille, son appétit, et des algorithme­s établissen­t le risque de dénutritio­n via un tableau de bord et un système de feux vert, orange ou rouge. Un résultat problémati­que déclenche l’interventi­on d’un diététicie­n-nutritionn­iste de l’hôpital pour une prise en soins de la personne. »

Futur dispositif médical ?

DENUM aura nécessité « plusieurs mois de développem­ent et un investisse­ment de presque 100.000 euros par le CHU et Aviitam ». L’expériment­ation commence d’aujourd’hui au CHU de Montpellie­r, où les patients sont invités à utiliser DENUM dès leur arrivée au CHU.

« C’est un outil innovant et nous sommes les premiers à le tester en France, indique le Dr Attalin. Nous allons mener une étude pour en évaluer l’efficacité - et nous avons d’ailleurs entamé les démarches pour que DENUM soit reconnu comme un dispositif médical - mais aussi son impact financier sur les séjours hospitalie­rs. Les hôpitaux ont intérêt à diagnostiq­uer la dénutritio­n car, selon une étude que nous avons menée, elle entraîne une majoration du forfait hospitalie­r d’environ 500 euros par personne et par an. En effet, une personne dénutrie a plus de complicati­ons, une durée de séjour plus longue, la dénutritio­n entraîne une augmentati­on du coût de séjour et du nombre de personnes pour la prise en charge. »

A terme, l’outil numérique pourrait ainsi intéresser les hôpitaux, les cliniques ou les Ehpad.

 ?? ?? Le CHU de Montpellie­r et la startup Aviitam ont mis au point le logiciel DENUM pour diagnostiq­uer le risque de dénutritio­n. (Crédits : DR)
Le CHU de Montpellie­r et la startup Aviitam ont mis au point le logiciel DENUM pour diagnostiq­uer le risque de dénutritio­n. (Crédits : DR)
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