Essence super chère: Joe Biden accuse les pétroliers d’abuser
Malgré la récente baisse des prix du pétrole brut sur les marchés mondiaux, les prix du carburant continuent de flamber aux États-Unis. Au pays de l’automobile reine, face au mécontentement qui monte, Joe Biden, qui se veut le président de la classe moyenne, via sa porte-parole Jen Psaki, a donné de la voix, qualifiant ce décalage d’”extrêmement contrariant”. Mais cette posture pourrait faire long feu face aux mouvements erratiques d’un pétrole brut aux prix très volatils (ils rebondissent ce matin juste avant une réunion de l’OPEP).
Aux États-Unis, des millions d’automobilistes américains sont touchés par la récente flambée du prix des carburants qui a atteint le mois dernier ”son plus haut niveau depuis 2014”, rapportait déjà le New York Times (NYT) il y a une douzaine de jours. Le quotidien américain racontait, au travers de quelques témoignages, comment, dans un contexte d’inflation, avec le renchérissement de nombreux biens et services, cette hausse du prix des carburants contraignait les gens à modifier leurs habitudes de vie: réduction des achats d’autres biens, moins de sorties au restaurant, moins de visites à la famille...
Pour le président Joe Biden qui s’est fait le chantre de la classe moyenne au pays de l’automobile reine, ce problème d’atteinte au pouvoir d’achat des Américains est particulièrement préoccupant.
65,5% d’augmentation sur un an
Le NYT expliquait alors que la moyenne nationale pour un gallon d’essence était de 3,41 dollars, soit 1,29 dollars de plus qu’un an
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auparavant, et que, sur certains autoroutes du pays, il pouvait fla mber jusqu’à 7,59 dollars le gallon.
Sur le site de comparaison des prix des carburants AAA, on lit par exemple que, ce mercredi 1er décembre, le gallon de super coûte en moyenne 4,016 dollars; facile de comparer, quelques lignes plus bas, avec son coût moyen un an auparavant: 2,426 dollars... soit une augmentation de 65,5% sur un an pour ce carburant.
de preuves d’un comportement anti-consommateur de la part des sociétés pétrolières et gazières”,
rapporte CBS News dans un article titré ”Le président Biden appelle la FTC à déterminer si des « actions illégales » ont fait monter les prix de l’essence”.
Green New Deal, dépendance à l’OPEP, prix abusifs...
Pour rappel, lors de la conférence de presse du 12 novembre 2021 à la Maison-Blanche, Jen Psaki abordait clairement la question dans sa réponse à une journaliste qui l’interrogeait sur la hausse des prix de l’énergie:
« Écoutez, notre point de vue est que la hausse des prix du carburant sur le long terme plaide encore plus en faveur du doublement de nos investissements et de notre concentration sur le choix des énergies propres, afin que nous ne comptions pas sur les fluctuations du marché ou de l’OPEP... »
Faisant référence à la saisine de la FTC, elle ajoutait notamment:
”Nous pensons également qu’il y a un certain nombre d’acteurs dans notre pays, qui nous inquiètent et que nous avons repérés, y compris sur la question des prix abusifs.”
| VIDÉO. Conférence de presse à la Maison-Blanche du 12 novembre 2021 (la question posée à Jen Psaki est à 43:55 de cette conférence qui dure 52 minutes. En anglais.)
Vidéo youtube: https://www.youtube.com/watch?v=ribPSXZb0FQ
Des prix du pétrole très volatils avant les réunions OPEP et OPEP+
Pourtant, les mesures de coercition qu’envisagerait de prendre le président américain à l’encontre des majors pétrolières pourraient se heurter à une réalité du marché moins manichéenne que prévue. En effet, Omicron, le nouveau variant découvert en Afrique du Sud, frappe en plein envol l’économie mondiale en plein redémarrage. À peine ouvertes, les frontières des États-Unis et d’autres grandes destinations touristiques se referment.
Ainsi, à cause des incertitudes de la 5e vague et maintenant de ce nouveau variant, les prix du pétrole, très volatils, sont repartis fortement à la hausse ce mercredi 1er décembre dans un
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marché fébrile quelques heures avant l’ouverture d’une réunion de de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).
L’OPEP se réunit ce mercredi après 13h00 GMT et de nouveau demain jeudi 2 décembre dans son format
OPEP+ (l’OPEP avec ses alliés dont la Russie) pour discuter de l’impact du variant Omicron sur la demande mondiale de pétrole, selon CNBC.
Certains analystes s’attendent à ce que l’OPEP+ ne mette plus à exécution son intention d’ajouter 400.000 barils par jour d’approvisionnement en janvier au regard des restrictions de voyage -et ses conséquences sur l’aviation- qui se profilent avec l’apparition d’Omicron, précise site de la chaîne d’information américaine.
Plusieurs ministres de l’OPEP+ ont déclaré qu’il n’y avait pas besoin de changer les prix.
Mais selon Sunil Katke, directeur des activités de vente au détail de matières premières chez Kotak Securities, cité par CNBC,
”puisque (les) États-Unis et d’autres pays ont convenu de libérer des stocks d’urgence pour contrôler la hausse des prix...
ce qui a conduit à faire passer les prix de 85 dollars le baril à près de 70 dollars, l’OPEP+ pourrait revoir sa stratégie”.
Vers 10H45 GMT (11H45 à Paris), le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février avançait de 5,01% à 72,70 dollars, quand celui de West Texas Intermediate (WTI) pour janvier gagnait 4,74% à 69,32 dollars.