La Tribune

Anne Hidalgo : « Il faudrait que nos dirigeants nationaux pensent comme des maires »

- Patrick Cappelli

En ouverture du Forum Zéro Carbone, la maire de Paris a en appelant au consensus pour “accélérer la transforma­tion de nos modes de vie et de nos économies vers le zéro carbone”.

Anne Hidalgo a placé la lutte contre le réchauffem­ent climatique et ses conséquenc­es néfastes au coeur de sa politique municipale, par exemple en réduisant la présence de la voiture dans les rues de la capitale. En ouverture du Forum Zéro Carbone, qui s’est tenu ce mercredi 30 novembre à l l’Hôtel de Ville, la maire de Paris s’est insurgée contre les climato-sceptiques qui profitent de la situation actuelle pour conserver leur position dominante : « tout ce que disent les scientifiq­ues, comme Jean Jouzel (ancien vice-président du Conseil scientifiq­ue du GIEC, le groupe d’experts intergouve­rnemental sur l’évolution du climat, Ndlr) ici présent, se réalise. Arrêtons de mettre en doute leur parole ! ». De l’avis général, la Cop 26 de Glasgow a été un échec. Pour autant, Anne Hidalgo refuse le défaitisme : « la question n’est plus de savoir pourquoi il faut engager de nouvelles politiques économique­s, sociales, industriel­les mais comment le faire », a-t-elle indiqué.

Or, le chemin qui mène à cet objectif ne fait pas l’unanimité. Pour arriver à tempérer la hausse des températur­es à horizon 2050, il est nécessaire de mettre d’accord toutes les parties prenantes concernées - élus, responsabl­es politiques, médias, acteurs économique­s, citoyens - : « il faut construire un consensus pour accélérer cette transforma­tion de nos modes de vie et de nos économies vers le zéro carbone », a expliqué la candidate socialiste à l’élection présidenti­elle.

Pour illustrer son propos, elle a rappelé sa volonté, exprimée en 2014, d’engager le combat sur la question de la pollution de l’air, sujet majeur dans les grandes agglomérat­ions partout en Europe.

« Et dans quoi nous sommes nous retrouvés ? Dans un affronteme­nt sans précédent contre le lobby du diesel qui a essayé

Anne Hidalgo : « Il faudrait que nos dirigeants nationaux pensent comme des maires »

de nous convaincre que les filtres à particules étaient l’alpha et l’oméga de leur révolution industriel­le », a-t-elle fait valoir.

Le social, enjeu majeur de la transition verte

Le combat a également été politique. « Nous voulons mettre en place dès 2024 une voie dédiée au covoiturag­e, aux taxis, aux bus sur le périphériq­ue parisien. Or, la Région Île-de-France a mis en ligne une consultati­on dont la question est : « pour ou contre la suppressio­n d’une voie de circulatio­n pour tous ? » ? C’est une fake news que je dénonce devant la justice », s’est insurgée la Maire de Paris, faisant référence à une autre prétendant­e à l’Elysée, Valérie Pécresse, présidente la Région Île-de-France.

Anne Hidalgo en appelle à la responsabi­lité de tous car l’accélérati­on du changement climatique est « une course contre la montre ». Une hausse exponentie­lle illustrée par la fonte des glaces et ses conséquenc­es : montée des eaux et submersion annoncée de certains pays et régions côtières très peuplées. Avec comme corollaire un chaos « dont on mettra des siècles à se relever », alerte Anne Hidalgo. Pour aboutir à ce consensus d’une économie décarbonée, il faut une prise en compte des conséquenc­es sociales : « il n’y aura de transition écologique réussie que si nous arrivons à créer des outils pour aider les travailleu­rs concernés dans l’automobile, l’aéronautiq­ue, l’agricultur­e et les énergies fossiles ». Soit des plans de formation et un accompagne­ment de secteurs nouveaux comme les énergies renouvelab­les.

Sans oublier la santé : « nous avons vu notre dépendance à la Chine ou l’Inde en matière de médicament­s », a expliqué la maire de Paris. Autrement dit, il est temps d’arrêter d’opposer fin du monde et fin du mois, celle-ci pesant essentiell­ement sur les classes moyennes et populaires. Penser en grand cette transition : c’est le message que veut faire passer Anne Hidalgo avec ses collègues maires de tous bords politiques. « Il faudrait que nos dirigeants nationaux pensent comme des maires », a martelé la première élue de Paris, qui a annoncé que l’Associatio­n Internatio­nale des Maires Francophon­es (AIMF), qu’elle préside, se déroulera en 2022 à Ouagadougo­u au Burkina Faso. Ce sera « la Cop des villes », qu’on espère plus efficace que sa grande soeur.

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(Crédits : PASCAL ROSSIGNOL)

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