La Tribune

Heureux qui comme Ulysse poursuit son beau maillage

- Gaëlle Cloarec l_bottero

Le réseau de transport adapté, né à Nice en 1996 et spécialisé dans l’accompagne­ment des personnes à mobilité réduite, poursuit son voyage avec 100 agences au compteur sur un marché qui s’ouvre à un public élargi, vieillisse­ment de la population oblige.

Depuis sa levée de fonds, il y a six ans, de 2 millions d’euros auprès de CM-CIC Capital Privé et Bpifrance, l’enseigne niçoise, spécialist­e du transport et de l’accompagne­ment des personnes à mobilité réduite (PMR), a quasi doublé le nombre de ses implantati­ons. Elle affiche au compteur une centaine d’agences (dont une dizaine en propre), 3.700 salariés et un chiffre d’affaires de 58 millions d’euros. L’objectif désormais vise à finaliser le maillage du territoire France, Outre-mer compris. “Nous sommes encore absents d’une vingtaine de départemen­ts, notamment ruraux, et dans d’autres, là où la population est nombreuse et les besoins aussi, il nous faut multiplier les agences, comme dans les Alpes-Maritimes où nous en totalisons quatre sans qu’elles ne se phagocyten­t”, explique Franck Vialle, dirigeant et fondateur de l’enseigne. Qui reprend : “Le modèle économique le permet puisqu’il a été bâti non pas sur des courses isolées occasionne­lles, mais sur des activités régulières et récurrente­s permettant aux agences de se lancer en toute sérénité et de pérenniser leur affaire”.

Acte de foi

Créée en 1996, l’enseigne s’est développée dans l’idée de “permettre aux personnes en situation de handicap de bénéficier du droit fondamenta­l de se déplacer en toute sécurité et ainsi d’accéder librement à une activité profession­nelle et à une vie sociale”. Un acte de foi pour le dirigeant, tétraplégi­que depuis ses 19 ans, et une réponse à un marché à l’époque essentiell­ement associatif, dépendants d’hypothétiq­ues subvention­s accordées par les élus locaux, et dont “la qualité était fort déplorable”. Vingt-cinq ans plus tard, le paysage a totalement changé. La pionnière Ulysse évolue désormais sur un segment organisé, occupé d’une part par des PME locales, régionales ou nationales, et de l’autre par les grands transporte­urs généralist­es qui bien souvent sous-traitent l’activité PMR à ces mêmes PME qui disposent de l’expertise, du personnel formé (pour ce qui est d’Ulysse, des retraités à temps partiel pour la plupart qui

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trouvent-là un complément de retraite tout en conservant une vie active) et d’une flotte adaptée.

La responsabi­lité des donneurs d’ordres

Le réseau Ulysse dispose d’une flotte de 3.700 véhicules. Elle est suffisamme­nt diversifié­e pour répondre aux trois grands services délivrés : le transport d’élèves et d’étudiants handicapés en milieu ordinaire (l’école), le transport dans des établissem­ents spécialisé­s et le transport à la demande public (TAD). Un parc automobile que le groupe a commencé à convertir vers l’électrique. “Nous avons signé la Charte Objectif CO2 pour les transporte­urs routiers de l’Ademe, nous avons mis en place tous les systèmes visant à améliorer notre impact environnem­ental et nous disposons d’un certain nombre de véhicules électrique­s en expériment­ation. Toutefois, tant que les procédures d’appels d’offres ne disposent pas de critères permettant de valoriser une offre utilisant le véhicule électrique, plus cher à l’achat de 30 à 40%, le réalisme économique m’impose, et je le regrette, de proposer une offre thermique. A cet égard, il y a responsabi­lité des donneurs d’ordre même si je comprends et partage la volonté de bonne économie des collectivi­tés.” A condition que celle-ci “n’altère pas les moyens et la qualité mis en place par les transporte­urs”.

Cible élargie

Car l’enseigne niçoise se positionne sur un marché qui n’a de niche que le nom. “Douze millions de personnes sont touchées par le handicap en France, soit 18% de la population. Parmi eux, 938.000 ont une vie profession­nelle et 350.000 sont scolarisée­s”, relève Franck Vialle. En outre, “des maladies comme Alzheimer qui disposent d’un plan dédié génèrent de l’activité car il s’agit d’acheminer ces personnes au quotidien dans les accueils de jour”. Il y a aussi le grand âge, le quatrième dit-on, qui nécessite lui aussi un transport adapté. “Les besoins montent crescendo avec le vieillisse­ment de la population”, analyse-t-il. Ce qui laisse augurer au réseau de transport azuréen de nouvelles perspectiv­es de développem­ent. De quoi faire friser l’oeil des investisse­urs qui se penchent sur le dossier Ulysse.

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(Crédits : DR)

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