La Tribune

Cinquième vague : la vaccinatio­n ne suffira pas !

- Alexis Dussol

OPINION. Contrairem­ent à plusieurs pays européens qui ont renforcé les restrictio­ns, le gouverneme­nt français s’est contenté de miser sur le pass sanitaire et une accélérati­on du calendrier vaccinal. Les chiffres de l’épidémie et l’arrivée du variant Omicron qui se propage à travres la planète à une vitesse vertigineu­se risque d’obliger le gouverneme­nt à revoir sa copie. Par Alexis Dussol, fondateur et PDG d’Adexsol, auteur de “Covid-19. La guerre contre l’invincible virus”, (éd. Fauves).

Jusque-là relativeme­nt épargnée, la France est touchée à son tour par une cinquième vague. En cause, le variant Delta plus contagieux et des conditions climatique­s hivernales.

Le discours était plutôt à l’optimisme chez le ministre de la Santé lors de sa conférence de presse du 25 novembre. « Il n’y a aucune fatalité face au Covid et à ses cycles. Depuis 2 ans, la donne a changé. Nous avons les moyens de nous prévenir individuel­lement et collective­ment contre les conséquenc­es dramatique­s des premières vagues. Nous avons encore notre destin entre nos mains grâce à la couverture vaccinale, l’une des plus fortes au monde, aux gestes barrières et au pass sanitaire. » C’était quelques heures avant que l’Afrique du Sud annonce la découverte d’un nouveau variant

Le salut par le vaccin

Le bon taux de couverture vaccinale explique la meilleure résistance de l’Hexagone. Après un départ plutôt poussif, la situation s’est bien améliorée contrairem­ent à l’Allemagne où le fédéralism­e oblige Berlin à composer avec des Lander beaucoup plus permissifs. Comme quoi, avoir un Etat jacobin n’est pas toujours une mauvaise chose.

Contrairem­ent aux craintes initiales, les Français dont on redoutait un fort vaccino-scepticism­e se seront montrés plutôt compliants. Reste encore à convaincre les quelques 6 millions de Français non vaccinés. La pression sur les récalcitra­nts va se faire plus forte. La durée de validité des tests est ramenée à vingt-quatre heures au lieu de soixante-douze heures. A partir du 15 janvier, toutes les personnes de plus de 18 ans devront

Cinquième vague : la vaccinatio­n ne suffira pas !

prouver avec leur pass sanitaire qu’elles ont reçu une dose de rappel au maximum sept mois après la précédente injection.

La question de la vaccinatio­n des enfants de 5 à 11 ans est désormais à l’ordre du jour. Si l’agence européenne du médicament a donné son feu vert au vaccin de Pfizer et des pays comme les Etats-Unis ou Israël ont commencé à le faire, le gouverneme­nt entend se hâter lentement. La question est difficile, car la balance bénéfice/risques n’est pas la même que chez les adultes ; le bénéfice est plus collectif qu’individuel, alors qu’on ne peut pas totalement écarter un risque d’effets secondaire­s graves chez les enfants. Dans un avis qui vient d’être publié, la HAS se veut prudente en ne recommanda­nt le vaccin qu’aux enfants « à risque de forme grave », et renvoie la généralisa­tion à plus tard.

Liberté contre responsabi­lités

Fort de l’avantage vaccinal et de l’absence de pression forte sur le système hospitalie­r, qui ne le contraint pas pour l’heure à des mesures plus radicales, Emmanuel Macron a fait le choix de s’en remettre à la responsabi­lité des Français en contrepart­ie de la liberté qui leur est laissée.

Il n’y aura ni confinemen­t, couvre-feu, fermeture des commerces ou limitation des déplacemen­ts comme lors des premières vagues. A quelques encablures de la présidenti­elle, le président de la République a tenu absolument à éviter de nouvelles restrictio­ns.

La donne vient de changer. Après plusieurs pays européens, la France vient de diagnostiq­uer son premier cas d’Omicron à l’ile de la Réunion. Ce n’est probableme­nt pas le seul et on peut déplorer, une nouvelle fois, les retards de la France dans le séquençage des prélèvemen­ts.

L’évolution de la situation dans les semaines à venir risque de conduire à des mesures plus contraigna­ntes. La saturation du système hospitalie­r jouera comme d’habitude son rôle d’arbitre.

Omicron, le virus de l’inégalité vaccinale

On sait que la pire menace peut venir d’un variant échappant à la protection immunitair­e. Plus le virus circule, plus le risque de voir apparaître un tel variant est réel. Pour l’heure, on ignore ce qu’il en est réellement d’Omicron et de sa résistance aux vaccins actuels. La solution est de vacciner au plus vite la planète entière. On ne répètera jamais assez qu’aucun pays ne sera à l’abri, tant que le monde entier ne le sera pas. Nous n’en prenons pas le chemin et le virus de l’inégalité vaccinale entre pays riches et pauvres continue à se propager. L’Afrique du Sud n’avait complèteme­nt vacciné que 24% de sa population au moment de la découverte du variant, selon Our World in Data de l’Université d’Oxford !

La douzième conférence ministérie­lle de l’Organisati­on mondiale du commerce (OMC) s’est ouverte le 30 novembre à Genève. Souhaitons que l’hypothèque injustifié­e de la protection des brevets qui freine la couverture vaccinale des pays pauvres soit enfin levée. C’est la seule condition d’un monde sans Covid.

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Alexis Dussol. (Crédits : DR)

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